Yvan Verougstraete (Engagés): “Une voie médiane entre libéralisme pur et écosocialisme”

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les Engagés, qui viennent de recruter l’ex-MR Jean-Luc Crucke et de défendre leur plan climat, veulent incarner une quatrième voie entre PS, MR et Ecolo. Une synthèse qu’ils veulent efficace, comme l’explique Yvan Verougstraete, le vice-président du parti et par ailleurs ex-CEO de Medi-Market, en répondant à nos trois questions.

1. Quel est le projet centriste que vous incarnez sur le plan climatique et socio-économique?

Je me suis engagé en politique notamment parce que j’étais convaincu qu’il faut prendre un tournant en matière climatique. Nous devons mener une politique plus volontariste que certains, mais aussi davantage pragmatique que d’autres.

Pour obtenir un résultat, il faut avoir une vision globale, plus radicale et plus stratégique. Taxer uniquement les émissions de CO2 émises en Europe ou les matières premières qui y sont fabriquées ou importées engendre, par exemple, un désavantage concurrentiel qui risque de transformer l’UE en désert économique.

A l’inverse, un marché pur est destructeur de valeurs et même de bénéfices. Nous, nous voulons aider l’Etat à retrouver sa capacité de réguler l’économie. La première mesure à prendre serait de généraliser la taxe carbone sur toutes les importations et de redistribuer ce qui est récolté sous forme de dividendes carbone. Chaque bien intégrerait ainsi dans son prix son impact climatique, où qu’il ait été fabriqué. Il faut des mesures plus ambitieuses et plus radicales, mais réalistes.

“Je ne suis pas contre le marché, je suis pour un marché qui fonctionne correctement.”

2. C’est une synthèse entre les voies libérale et écosocialiste?

Exactement. Penser de manière dogmatique que le libre-échange va s’autoréguler est tout aussi dangereux que prendre des décisions symboliques sans tenir compte du fait que nous vivons dans un marché global. Si on n’accepte pas ou ne comprend pas le monde dans lequel on vit, on ne peut pas le réguler. Moi, je ne suis pas contre le marché, je suis pour un marché qui fonctionne correctement.

Cet argument vaut aussi pour d’autres domaines, la fiscalité notamment. Le PTB affirme qu’il faut taxer les riches: que l’on soit d’accord avec eux ou pas, dans le système actuel, cela ne fonctionnerait pas une minute parce que les capitaux s’enfuiraient. Taxer la consommation? Cela incite les gens à consommer dans les pays voisins.

Le problème, c’est que l’on reste avec une fiscalité sur le travail qui se délocalise lui aussi de plus en plus. Là encore, il faut récupérer une capacité de réguler en trouvant une voie médiane. C’est plus complexe à expliquer mais bien plus efficace.

3. C’est cela, l’idée du centrisme radical?

Oui, ce n’est pas du pur libéralisme et ce n’est pas l’écosocialisme, qui ne fonctionnent pas. Nous voulons nous appuyer sur le marché corrigé et retrouver cette capacité à le réguler, pour être radical. Quand on se dit “fier d’être libéral”, on prend le risque d’avoir toujours un pays moins cher ou moins regardant que nous sur le plan climatique. En étant écosocialiste, vous perdez la capacité de vous appuyer sur le marché, l’entrepreneuriat ou la créativité qui sont indispensables. Il faut de la concurrence mais en la régulant: c’est un équilibre à trouver et nous l’incarnons.

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