Pour l’OCDE, la pandémie laissera des séquelles mais la croissance économique devrait rebondir vivement

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Dans sa nouvelle étude économique, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) revient sur l’impact que la crise sanitaire a eu sur les économies de l’UE et de la zone euro. L’occasion aussi de souligner comment les décideurs européens et nationaux peuvent mettre à profit cette période de reprise pour faire en sorte que l’Europe émerge, avec une croissance plus forte et plus durable. Et surtout qu’elle puisse faire preuve de résistance lors des crises futures.

Même si la crise sanitaire n’est pas finie et que le Covid est toujours bien présent, la fin des confinements assortie de la levée progressive des restrictions dans la plupart des pays de la zone euro laissent entrevoir une reprise économique importante au cours du second semestre 2021. Profitant du redémarrage de la consommation privée, l’OCDE avance ses projections pour la croissance du PIB de la zone euro. Celui-ci devrait progresser de 4,3% en 2021 et de 4,4% en 2022. Autre bonne nouvelle, le chômage devrait, quant à lui, baisser à l’avenir. L’OCDE s’attend à ce qu’il se replie durant l’année prochaine à un niveau proche de ce qu’il était avant la crise sanitaire.Cependant, un redressement trop faible de l’économie européenne risque de creuser les inégalités et saper la confiance dans l’Union européenne, prévient l’OCDE dans une étude publiée vendredi, appelant à se servir du plan de relance pour atténuer les disparités régionales.”La crise pourrait laisser des stigmates et rouvrir d’anciennes blessures”, écrit l’organisation internationale dans un rapport sur l’impact du Covid-19 sur le Vieux-Continent.

Rebond de l’économie

Après avoir eu un dernier trimestre 2020 compliqué, suivi d’une premier trimestre 2021 peu glorieux, l’économie montre depuis quelques semaines des signes de bonne volonté à repartir à la hausse. Un élément déterminant dans cette reprise a été le redémarrage de la consommation privée. Les ventes au détails se sont bien redressées en février et mars 2021, grâce à la levée progressive de plusieurs restrictions liées à la pandémie. Parallèlement à cela, le chômage est resté globalement stable au cours des premiers mois de cette année.

Après une reprise soutenue tout au long du second semestre de 2020, l’activité dans le secteur manufacturier et la construction est restée pour l’essentiel stationnaire au début de 2021, précise le communiqué de l’OCDE. Néanmoins, les industries exportatrices ont généralement obtenu de meilleurs résultats, grâce au dynamisme accru de la demande extérieure. Illustrant l’hétérogénéité de ces évolutions, les indicateurs de confiance sont restés meilleurs dans le secteur manufacturier que dans celui des services, où l’on observe néanmoins un certain redressement ces derniers mois.

Risque d’accroissement des “inégalités et (de) la pauvreté” au sein de l’Europe

La crise sanitaire a cependant affecté de manière très inégale les Etats européens, et les confinements successifs se sont montrés particulièrement destructeurs pour le secteur des services.Or, ce secteur emploie souvent “une abondante main-d’oeuvre peu qualifiée”, ce qui pourrait entraîner un accroissement des “inégalités et (de) la pauvreté” au sein de l’Europe, affirme l’OCDE.”Du fait de leur forte dépendance vis-à-vis du tourisme et du nombre élevé de très petites entreprises qui les caractérise, les économies du sud de l’UE sont celles qui ont vu leur PIB chuter le plus fortement en 2020″, explique par ailleurs cette étude.L’Italie avait été le premier pays européen touché par la pandémie en février 2020. Le virus s’était vite répandu en Lombardie, coeur économique du pays devenu pour un temps l’épicentre de la pandémie mondiale. Le PIB italien s’est effondré de 8,9% en 2020. Pour s’attaquer au creusement des écarts entre les Etats et au sein des régions, l’OCDE appelle notamment à utiliser le plan de relance européen de 750 milliards d’euros au travers d’investissements dans la transformation numérique et la transition écologique.

La pandémie n’est pas encore maitrisée, et malgré les campagnes de vaccination, commencées fin 2020, la pression sur les systèmes de santé de la zone euro reste forte. La preuve, plusieurs pays n’ont pas pu lever aussi vite que souhaité, voire même ont dû réintroduire, des mesures visant à réduire les voyages et la mobilité de manière plus générale, et les contacts entre les personnes. Personne n’a oublié la bulle d’une personne autorisée pendant de longs mois en Belgique. Néanmoins ces freins tendent à se réduire et disparaîtront progressivement sans doute d’ici à la fin de l’année. Ces allégements, grâce à l’extension de la vaccination et aux traçages, ont surtout permis à des secteurs comme l’hôtellerie, l’horeca les loisirs et les voyages de reprendre des couleurs, et si certaines restrictions devaient encore perdurer, elles ne devraient plus entraver de manière importante leur activité en 2022.

Ne pas crier victoire trop vite mais…

La levée attendue des dernières mesures de confinement ainsi qu’un rebond de l’économie pourraient être mises à mal si les campagnes de vaccination devaient se montrer inefficaces face aux nouveaux variants du virus. De même qu’une hausse du chômage et la multiplication des faillites pèseraient sur un redéploiement économique à moyen terme. Mais ce ne sont que des vues les plus pessimistes des séquelles que la pandémie pourrait faire peser sur la reprise économique de la zone euro.

Au rayon des bonnes nouvelles, le communiqué souligne encore qu'”après une forte accélération au second semestre de 2021, la croissance du PIB devrait selon les projections se modérer tout en restant vigoureuse. D’ici à la fin de 2021, la consommation privée devrait bénéficier de la levée des mesures d’endiguement et d’une baisse concomitante de l’épargne des ménages qui servira à financer un rattrapage sensible de la demande. L’activité sera également soutenue par l’ampleur de la relance budgétaire et la hausse considérable des exportations. En 2022, la croissance restera stimulée par les exportations et la formation de capital, à laquelle l’investissement public contribuera de manière importante. Toutefois, l’épargne des ménages, quoiqu’en repli, devrait rester plus élevée qu’avant la crise, et le redressement de l’investissement privé ne sera que modéré. À la fin de 2022, le chômage devrait retrouver des niveaux proches de ceux d’avant la pandémie, et l’inflation restera relativement faible.

De plus une mise en oeuvre rapide et efficace du plan de relance de l’UE accentuerait la reprise de l’économie et pourrait favoriser l’investissement privé, ce qui raffermirait la confiance et mettrait l’Europe dans la bonne direction pour réussir ses transitions écologique et numérique.

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