Trends Tendances

Pénurie et marché libre: “Dérisoire autorité”

Certains l’ont sûrement lu, ce tweet de Donald Trump, il y a quelques jours, qui exigeait de General Motors la réouverture d’une usine fermée dans l’Ohio et lui ordonnait (now !) d’y fabriquer des respirateurs. En populiste qu’il est, le président s’attaque à une firme gigantesque, sans se demander si une chaîne de montage d’automobiles s’adapte à la production d’appareils médicaux.

Mais surtout, parmi les centaines d’entreprises qui ont dû fermer récemment, la plupart à cause de mesures prises par les autorités, il s’intéresse à celle qui se trouve dans l’Ohio, comme par hasard un des Etats où se joue toujours l’élection présidentielle.

Populisme et démagogie ne sont toutefois pas l’apanage du seul président américain, dont le style est, certes, vraiment particulier. On a vu le président Macron se muer en chef de guerre, d’ailleurs peu convaincant, tandis qu’avec beaucoup plus de tact et de sensibilité, la Première ministre belge invitait aussi chacun à l’obéissance, sous peine de sanctions de plus en plus lourdes. Pourtant, le moins que l’on puisse dire est que l’utilisation de l’autorité ne se révèle pas particulièrement efficace. On songe particulièrement à ces produits en pénurie depuis plusieurs semaines, alors qu’ils sont essentiels : les respirateurs, les tests, et même des produits aussi simples à fabriquer que du gel hydroalcoolique et des masques.

La pénurie trouve évidemment sa cause dans une augmentation subite de la demande, dans le monde entier. Elle a sans doute été aggravée, pour certains produits, par des décisions politiques ou administratives maladroites, comme la destruction de masques en 2019. On entend déjà ceux qui claironnent qu’il s’agit là d’une faiblesse du capitalisme alors que, précisément, pour tous ces produits, c’est l’Etat qui, par ses mesures d’autorité, a sérieusement compliqué le réapprovisionnement.

Lorsqu’il existe une pénurie sur le marché libre, comme cela est arrivé en raison de stockages irrationnels par certains consommateurs, la situation se régularise en quelques jours. Ce n’est pas arrivé pour tous ces produits dont les hôpitaux ont cruellement besoin aujourd’hui. Il en est ainsi, en grande partie, parce qu’au lieu de stimuler l’offre de ces produits, les Etats ont pris des mesures autoritaires, comprenant la confiscation et les réquisitions. On a même vu les autorités françaises refuser de mettre sur le marché des gels fabriqués en France pour le seul motif que l’entreprise productrice ne détenait pas d’agrément pour ces produits-là : mieux vaut, pour ces bureaucrates, manquer d’un produit essentiel que d’en utiliser un sans le cachet adéquat.

Le ministre belge de l’Intérieur n’a pas fait beaucoup mieux en confisquant des tests, ” par crainte qu’ils aillent à l’étranger “, alors qu’ils étaient destinés à une université belge. Surtout, il y a peu d’espoir que la production ou l’importation de tels biens en quantités suffisantes soit encouragée lorsque le producteur peut simplement s’attendre à les voir confisqués ou réquisitionnés, avec l’espoir d’être peut-être indemnisé dans un lointain avenir.

Sur un marché libre, lorsque la demande augmente, l’offre s’y adapte tout de suite. Pour les masques et les gels, qui ne demandent aucune infrastructure importante, il ne faudrait pas attendre longtemps pour que l’offre rencontre la demande. Sans doute, cela impliquerait pendant quelque temps une augmentation des prix, qui est le meilleur moyen pour que la production augmente. Au contraire, en France, on a bloqué les prix de ces produits, perdant ainsi la meilleure chance de les voir arriver sur le marché.

On peut, certes, reprocher à ce système le fait qu’il fait vivre quelques spéculateurs qui pourront, certains honteusement, profiter de la hausse spectaculaire de la demande et donc du malheur des autres. Mais au moins, les produits essentiels seront là, et le coût supplémentaire qui en résultera n’atteindra même pas la perte colossale qu’engendre une demi-journée de confinement. Il faudra s’en souvenir, lorsque certains revendiqueront ” encore plus d’Etat ” : les systèmes autoritaires ne fonctionnent pas, ils sont inefficaces et même nuisibles.

Tout cela n’est pas nouveau. Déjà Adam Smith le faisait remarquer : ” ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur, ou du boulanger que nous attendons notre dîner, mais plutôt du soin qu’ils apportent à la recherche de leur propre intérêt “. Celui-ci est beaucoup plus productif, pour le bien de tous, que la prétendue bienveillance des autorités. De tout temps, ce système a montré sa supériorité par rapport à ceux ou celles-ci prétendent contrôler le marché ou même le supprimer.

Partner Content