Nethys: les sept plus belles casseroles de Moreau et Fornieri

François Fornieri et Stéphane Moreau
Gilles Quoistiaux Journaliste Trends-Tendances

La vente de Voo, d’Elicio ou Win, les rémunérations aux petits oignons, Ogeo, ou encore des trips à Saint-Trop’, Las Vegas, Paris encore Casablanca: découvrez les sept grosses casseroles de Stéphane Moreau et François Fornieri.

1. Voo à la sauce américaine

En mai 2019, Stéphane Moreau, encore CEO de Nethys, négocie la vente du câblo-opérateur Voo à un fonds d’investissement américain, Providence. L’opération, conclue dans le plus grand secret, est révélée quatre mois plus tard par nos confrères du journal Le Soir. Même l’intercommunale Enodia, actionnaire de Nethys, n’était pas au courant ! Les concurrents Orange et Telenet, en lice pour racheter Voo, s’étranglent. Ils tombent carrément de leur chaise quand ils découvrent que Stéphane Moreau et le CFO de Nethys Pol Heyse ont négocié un intéressement à la vente, sous la forme d’actions dans la nouvelle société. Les négociateurs ont donc intérêt à vendre Voo, même

à vil prix… ce qu’ils ne manqueront pas de faire. La vente de Voo à Providence a depuis lors été cassée par la justice, qui a estimé qu’elle s’assimilait à “une fraude dans le but de réaliser un gain.”

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2. Une rémunération aux petits oignons

Le comité de rémunération de Nethys, présidé par François Fornieri, sait se montrer généreux avec les cadres du groupe. En mai 2018, il décide de verser des indemnités à quatre membres du comité de direction, dont Stéphane Moreau, qui reçoit la plus belle part : 8,6 millions d’euros sur un total de 14,7 millions. Des sommes astronomiques, octroyées à titre “d’indemnité de rétention” pour empêcher que ces managers de haut vol ne soient débauchés par la concurrence. La décision du comité de rémunération, révélée par Le Soir, intervient précisément deux jours avant l’entrée en vigueur du décret wallon limitant le salaire des top managers. Fin 2019, la justice procède à des saisies sur les comptes de ces directeurs soignés aux petits oignons. Près de 8 millions d’euros sont saisis sur les comptes de Stéphane Moreau.

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3. Elicio: pour une bouche de pain

Deux euros. C’est la somme que François Fornieri, via sa société Ardentia, a versée à Nethys pour acquérir la société Elicio. Cette entreprise active notamment dans l’éolien offshore est certes fortement endettée. Mais, positionnée dans un secteur d’avenir, elle promet de dégager de confortables marges dans les prochaines années. L’actuel management de Nethys assure que cet actif est “stratégique” pour le groupe, et évoque un Ebitda de 118 millions d’euros en 2020. La vente d’Elicio à François Fornieri a été retoquée par le gouvernement wallon.

4. Win vendu sur un coin de table

Le fournisseur de services informatiques Win s’est un moment retrouvé dans l’escarcelle de François Fornieri. Le patron de Mithra a acheté cette filiale du groupe Nethys (dont il était alors administrateur !) pour 8 millions d’euros. Une situation entachée de conflit d’intérêt, peu favorable aux intérêts de Nethys. Le groupe avait pourtant reçu des marques d’intérêt de la part du concurrent NRB, qui se disait prêt à surenchérir sur Win, jusqu’à 25 millions d’euros. Cette vente suspecte a finalement été annulée par le gouvernement wallon.

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5. Saint-Trop’, bolides et grands crus

L’actuel management de Nethys a commandé à Deloitte un audit financier sur les frais engagés par ses prédécesseurs. Le rapport du consultant épingle des “dépenses atypiques” pour un montant de… 39 millions d’euros. Certaines ont pu être justifiées, d’autres étonnent dans le chef de dirigeants d’un groupe public. Un PV non réglé pour excès de vitesse a donné lieu à une lourde condamnation à 17.000 euros. L’ancienne direction avait accès à un compte courant qui servait à payer certains frais lors de voyages à Saint-Tropez, Las Vegas, Paris, Casablanca… Un versement de 30.000 euros chez un caviste est également épinglé. Selon le rapport, cité par Le Soir, cette situation a été rendue possible par “l’absence de contrôle interne et par une culture d’entreprise dans laquelle la transparence et le contrôle des organes de direction ne constituaient pas des principes fondateurs.”

6. Ogeo: la poire pour la soif

Le fonds, qui gère les pensions des agents de plusieurs structures publiques liégeoises, pèse plus d’un milliard d’euros. La FSMA, gendarme du secteur financier, s’est penchée sur sa gestion à l’époque où Stéphane Moreau le dirigeait. Le projet de rapport d’inspection vient d’être révélé par nos confrères du Vif. Il est cinglant pour l’ancien management. Selon le projet de rapport, les choix des opportunités d’investissement ne reposent sur aucun critère objectif. Certains investissements ont été réalisés dans des entreprises dirigées par des proches de Stéphane Moreau. D’autres se sont avérés très risqués et “contraires aux objectifs de gestion prudente”. Encore un dossier qui écorne sérieusement le mythe du “parfait gestionnaire” que Stéphane Moreau et ses proches ont savamment entretenu à sa grande époque.

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7. L’eau du Congo

Suite à une mission économique wallonne, Elicio, filiale de Nethys, a investi dans un projet hydroélectrique au Nord-Kivu. Stéphane Moreau et d’autres dirigeants ont également mis la main à la poche, avant qu’Elicio ne rachète leurs parts, puis se désengage. La nouvelle direction de Nethys estime que l’opération n’est pas claire et a porté plainte contre les anciens dirigeants pour abus de biens sociaux.

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