Liege Airport a été entendu, mais…

© belga
Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Le consensus politique autour du développement des aéroports wallons a été confirmé par l’accord du gouvernement régional sur l’aéroport de Liège, qui adoucit les contraintes du permis d’environnement annoncé l’été dernier. Il pose aussi des limites. Mais un recours est encore théoriquement possible.

Après quatre mois de tension, l’exécutif wallon a fini par s’accorder sur le futur de l’aéroport de Liège. Il a répondu à une série de recours portant sur un permis annoncé l’été dernier par l’administration régionale. La nouvelle version produite par le gouvernement remonte le plafond d’activité de 50.000 à 55.000 mouvements par an (un mouvement est un décollage ou un atterrissage). Elle adoucit les réductions annuelles des plafonds sonores. Toutefois, le Boeing 747-400, fort bruyant, ne pourra plus y voler de nuit à partir de 2030.

“Compromis acceptable”

Ce compromis semble convenir à la société gestionnaire de l’aéroport, Liege Airport, sous réserve de l’examen du détail de la décision, non encore disponible. “C’est un compromis acceptable, même si nous avions tablé sur 67.000 mouvements annuels”, précise Christian Delcourt, porte-parole de Liege Airport. Ce dernier avait introduit un recours. Son CEO, Laurent Jossart, estimait que le plafond de 50.000 mouvements menaçait le développement de l’aéroport et ses emplois et jugeait irréaliste le calendrier de réduction de bruit.

Le dossier est arrivé sur la table de deux ministres : celui en charge de l’Economie, Willy Borsus (MR), acquis aux arguments de Liege Airport, et celle en charge de l’Environnement, Céline Tellier (Ecolo), qui défendait le plafond de 50.000 mouvements. Cette dernière a accepté le compromis à 55.000 mouvements. L’interdiction des vols de nuit du Boeing 747-400 à partir de 2030 a été maintenue. Ce quadriréacteur plaît aux transporteurs car il a la plus grande capacité. Et déplaît aux riverains : l’appareil prend lentement de l’altitude et se fait entendre plus longtemps que des biréacteurs.

Pas les moins de 34 tonnes

Le plafond de 55.000 mouvements ne concerne pas les avions de moins de 34 tonnes ou de moins de 19 passagers, comme c’était déjà le cas dans la première version du permis. L’essentiel du trafic recourt à des avions bien plus gros. En 2021, l’aéroport a connu près de 40.000 mouvements toutes catégories, et en 2022, sous l’effet du départ des avions cargos russes et de la baisse d’activité de Fedex, le nombre de vols cargos se situait autour des 28.000 mouvements.

Selon deux études universitaires, les aéroports wallons représentent plus de 14.000 emplois, dont 7.365 pour Liège.

Depuis plus de 20 ans, toutes les majorités wallonnes ont défendu le développement des aéroports régionaux, passagers pour Charleroi, fret pour Liège, à coup de subsides, au nom de l’emploi. Si l’industrie est en recul constant, la logistique est l’activité qui monte. Selon deux études universitaires (ULiège et UMons) publiées voici quatre ans sur les aéroports wallons, ceux-ci représentent plus de 14.000 emplois (directs, indirects, induits, etc.), dont 7.365 à l’aéroport de Liège. Liege Airport annonce environ 10.000 emplois aujourd’hui.

Nouveau recours possible

Lors de la campagne d’information préalable à l’attribution d’un nouveau permis d’environnement en 2021, Liege Airport a fait miroiter 16.000 emplois nouveaux, directs et indirects, d’ici 2040, sur la base des 67.000 mouvements espérés. La limite à 55.000 devrait réduire cette perspective. La Région a investi constamment dans ses aéroports à travers les subsides versés pour la sécurité et les pompiers ainsi que par le financement de l’isolation et le rachat de maisons dans les périmètres définis par le PEB (plan d’émission de bruits). Les subsides représentent encore un tiers des recettes de l’aéroport de Liège.

Au total, 26 recours au permis d’environnement première mouture avaient été introduits. Certains demandaient des limites plus strictes afin de mieux protéger l’environnement et les oreilles des habitants. Un recours à la décision du gouvernement wallon reste possible. Au Conseil d’Etat, cette fois.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content