L’économie croate sauvée par le passage à l’euro
Les Diables Rouges devront tout donner face à l’équipe croate – vice-championne du monde – pour s’assurer une présence au deuxième tour de la coupe du monde au Qatar. Focus sur l’économie de la Croatie, ce petit pays des Balkans qui mise grandement sur son passage à l’euro dès le 1er janvier prochain.
L’ancienne République yougoslave, devenue indépendante en 1991, est l’une des économies les plus faibles de l’Union européenne. Elle est devenue le 28e état membre de l’UE en juillet 2013. Le pays de 3,9 millions d’habitants troquera sa monnaie nationale, la kuna, contre l’euro en janvier, devenant le 20e membre de la zone euro.
Frappé par la crise énergétique et l’inflation galopante qui secoue le Vieux Continent, le petit pays des Balkans espère que ce passage à la monnaie unique européenne lui apportera un semblant de protection. La Croatie est néanmoins peu exposée à un impact direct de la guerre en Ukraine et des sanctions contre la Russie sur son économie, du fait d’échanges limités avec ces deux pays et d’une dépendance réduite au gaz russe. Elle en subit toutefois les effets collatéraux, notamment sur l’inflation et le ralentissement des échanges au sein de l’UE dont sa croissance dépend principalement.
La Croatie a ainsi accusé en septembre un taux d’inflation de près de 13 % sur un an contre environ 10 % dans la zone euro.
“L’euro nous apporte de la résilience”
Les autorités vantent les avantages du passage à l’euro, une décennie après l’entrée de la Croatie dans l’UE. “L’euro nous apporte de la résilience face aux pressions externes et aux crises“, explique Ana Sabic, une responsable de la Banque centrale croate (HNB) citée par le site Le Quotidien.lu.
“C’est en fait le moment idéal pour passer à l’euro“, dit Goran Saravanja, économiste en chef à la Chambre de commerce croate. “Quand l’économie mondiale est dominée par des incertitudes majeures, il est toujours mieux pour les petites économies ouvertes comme celle de la Croatie de faire partie d’un ensemble plus large tel que la zone euro”.
La Croatie est, en réalité, déjà fortement dépendante à la monnaie unique. Environ 80 % des dépôts bancaires sont libellés en euros tandis que le tourisme, qui pèse 20 % du PIB, est alimenté par une nombreuse clientèle européenne.
L’une des économies les plus touchées par le Covid
Depuis 2008, le pays avait connu six années consécutives de récession économique, avec une chute du PIB de 12 %, selon des données de la Commission européenne. Après avoir accéléré en 2019, l’économie a été durement touchée par la crise liée à la pandémie de Covid-19. Avec -8%, la Croatie est l’un des pays les plus touchés de l’UE. Une situation aggravée par deux tremblements de terre en mars et décembre 2020. L’économie croate a toutefois pu renouer avec la croissance en 2021, principalement soutenue par une forte consommation des ménages et une performance meilleure que prévu du secteur du tourisme. Le FMI estime la croissance à 6,3 % pour l’ensemble de l’année.
La croissance du PIB est prévue à 5,8% cette année atteignant le niveau prépandémique et à 4% en 2023, même si les risques de baisse liés à la recrudescence des infections persistent, en raison des taux de vaccination relativement faibles du pays.
Un salaire moyen de 1 200 euros
Selon les estimations du FMI, le chômage s’élevait à 8,4 % en 2020, en raison de la pandémie de COVID-19. Le taux suit une tendance à la baisse en 2022 (8%) et 2023 (7,6%), tirée par l’expansion globale de l’activité économique. Bien que le revenu moyen des Croates soit toujours inférieur à la moyenne européenne, la Croatie reste la deuxième économie la plus développée de la région des Balkans, après la Slovénie.
Selon la dernière enquête d’Eurostat de 2018, le salaire moyen en Croatie était de moins de 1.200 euros contre plus de 2.300 euros dans l’UE. Environ 300.000 retraités croates touchent une pension d’à peine 260 euros.
Les principaux secteurs économiques
Le secteur agricole ne représente que 3,3 % du PIB du pays et emploie 6,2 % de la population active, selon les dernières données de la Banque mondiale. La Croatie compte 1,3 million d’hectares de terres agricoles et près de 2,2 millions d’hectares de forêts. Le pays est autosuffisant dans la production de blé, de maïs, de betterave à sucre, de fruits, de vin et d’huile d’olive. Cependant, les importations de produits agricoles ont augmenté ces dernières années. Le secteur secondaire contribue à 21,5% du PIB et emploie 27,7% de la population active. L’industrie croate est concentrée dans des activités concurrentielles : le textile, le bois, la sidérurgie, l’aluminium et l’agroalimentaire. Avec plus d’un tiers du territoire couvert de forêts, l’industrie du bois est l’un des secteurs fondamentaux de l’économie. Le pays a des ressources minérales limitées.
Le secteur des services représente 58,9% du PIB du pays, employant 66,1% de la population active. Le secteur du tourisme, en particulier, fait partie des segments clés de l’économie croate, représentant près d’un quart du PIB, de loin la plus grande part parmi les économies de l’UE. Cependant, le secteur tertiaire a été durement touché par la crise économique suite à la pandémie de Covid-19. Le tourisme, en particulier, a vu le nombre de touristes diminuer de 64,2 % en 2020. Néanmoins, le secteur s’est partiellement redressé en 2021 : selon les données du ministère du Tourisme et des Sports, la Croatie a généré les meilleurs résultats touristiques de la Méditerranée avec 13,8 millions d’arrivées et 84,1 millions de nuitées en 2021 (+77% et 55% respectivement).
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