Le retour de l’axe MR/CD&V, l’accusation de MR/N-VA et une Wallonie à gauche: so 2014…

Georges-Louis Bouchez et Sammy Mahdi. BELGA PHOTO ERIC LALMAND
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Georges-Louis Bouchez, président du MR, refait le coup de Charles Michel il y a dix ans en s’alliant avec Sammy Mahdi, président du CD&V. PS et Ecolo ont un argument tout trouvé: “Voter MR, c’est voter N-VA”. Mais une répétition de 2014 est-elle si évidente?

 Le premier parti flamand que j’appellerai après l’Open Vld, le soir du 9 juin, c’est le CD&V.” Georges-Louis Bouchez a fait “une Charles Michel”, samedi dans La Libre, en annonçant avec Sammy Mahdi, président du CD&V, que les deux partis liaient leur sort pour gouverner ensemble au fédéral si l’arithmétique le permet, au lendemain du scrutin du 9 juin.

Sachant que les Engagés ont eux-même annoncé qu’ils gouverneraient avec le CD&V, cela fait potentiellement un groupe de quatre partis coalisés pour forcer une solution et éviter le blocage au fédéral.

So 2014…

Pour Georges-Louis Bouchez, c’est avant tout un signal envoyé à la N-VA: “Si on arrive avec les Engagés, le CD&V, le MR, l’Open VLD, à obtenir un mandat clair des électeurs, la N-VA devra suivre pour un gouvernement immédiatement opérationnel.” En clair, il s’agirait d’empêcher un blocage du pays en raison d’un long bras de fer (à connotation institutionnelle) PS/ N-VA, tandis que Bart De Wever, président de la N-VA, privilégie un “gouvernement d’urgence”, quitte à parler communautaire en-dehors.

This is so 2014… quand Charles Michel, fut Premier ministre, s’était allié à Wouter Beke (CD&V). On connaît la suite: des majorités PS-Ecolo-CDH en Belgique francophone et une Suédoise avec le seul MR au fédéral. Quant au communautaire, il n’en fut jamais question, la discussion au sein du Sénat ayant accouché d’une souris.

Un contre-signal au PS et Ecolo

Cette alliance MR/ N-VA aussi un contre-signal envoyé au PS et Ecolo, au lendemain de la majorité alternative formée avec le PTB en Fédération Wallonoe-Bruxelles, et alors que les deux partis rêvent de former une majorité avec les Engagés en Wallonie et à Bruxelles au soir du 9 juin.

D’ailleurs, la riposte n’a pas tardé, sous forme d’un élément de langage répété à l’envi tout le week-end. “Voter MR revient donc à voter N-VA“, clame Rajae Maouane, coprésidente d’Ecolo.

Maxime Prévot, président des Engagés, ne voit “aucun problème” à cette sortie de Sammy Mahdi? “Bon, tacle Jean-Michel Javaux (Ecolo). On a compris que voter les Engagés, c’est voter MR et donc N-VA… Au moins les cartes s’abattent. Dommage, le corpus programmatique ne semblait pas aussi politicien…”

Si ces clarification préélectorales sont importantes et font singulièrement songer à 2014, il y a là une différence de taille: les Engagés, à la différence du CDH en 2020, ont annoncé leur intention de participer au gouvernement et démontrent qu’ils ne sont plus “scotchés” au PS.

L’oubli des extrêmes

En faisant ces “petits jeux”, les partis traditionnels oublient toutefois deux données importantes. Tout d’abord, le scrutin du 9 juin risque d’être marqué par une progression importante des extrêmes, Vlaams Belang en Flandre, PTB et PvdA des deux côtés de la frontière linguistiques.

En outre, des partis traditionnels pourraient être sévèrement sanctionnés, à l’instar de l’Open VLD et du CD&V qui se situent dans une dangereuse zone autour de 10% dans les sondages.

Autrement dit, s’il est possible d’imaginer un scénario comme en 2014 où le centre-droit s’allierait au fédéral pour gérer un budget préoccupant et les partis de centre-gauche s’allieraient en Belgique francophone autour du PS, il reste fort probable que la nécessité soit… un sursaut démocratique avec tous les démocrates dans une même alliance.

Alors, on entrerait dans une toute autre dynamique.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content