Le plan drastique de Bart De Wever pour enrayer la progression des malades de longue durée
Alors que les négociateurs fédéraux s’attardent cette semaine sur les grandes réformes structurelles, la réforme de l’emploi est tout en haut de la pile. À cet égard, les malades de longue durée sont l’un des plus gros nœuds du prochain gouvernement. Et le formateur entend responsabiliser tout le monde : entreprises, travailleurs, médecins et mutuelles.
500.000 : le nombre de malades de longue durée est deux fois plus important que le nombre de chômeurs indemnisés. Et cela a un coût très important, évalué à 10 milliards d’euros en 2022. C’est désormais bien connu et documenté : plus que le chômage, les maladies de longue durée sont le principal frein sur la route d’un taux d’emploi de 80%. Et pour le moment, avec l’explosion des burnouts, les chiffres ne vont pas dans le bon sens. Le nombre de malades de longue durée pourrait atteindre les 600.000 personnes d’ici à 2035.
La Vivaldi, sous la houlette de Frank Vandenbroucke (Vooruit), avait initié une réforme en plusieurs volets, en responsabilisant les employeurs et, dans une moindre mesure, les travailleurs, contrôles et sanctions à la clé. En contrepartie, un plus grand soutien leur était fourni pour la remise à l’emploi. Cette réforme aurait permis de ramener 80.000 personnes sur le marché du travail, s’est félicité le ministre de la Santé, mais à temps partiel.
Responsabiliser les employeurs
Bart De Wever, le formateur fédéral, veut aller plus loin. Beaucoup plus loin. C’est en tout cas ce qui transparait dans sa note qui est actuellement négociée. HLN a pu mettre la main sur la partie qui concerne les malades de longue durée. Il est d’abord question de responsabiliser les entreprises. Elles sont censées couver leurs malades longue durée en leur proposant un chemin de réintégration après 3 mois. Le nationaliste veut que cette réintégration se mette en place dès le premier jour de maladie. Et si les entreprises n’agissent pas au bout de 6 mois, elles seraient sanctionnées.
Le formateur veut également obliger les grandes entreprises à payer plus longtemps les malades de longue durée, avant qu’ils ne soient pris en charge par la caisse d’assurance maladie. Pour l’heure, l’entreprise doit payer jusqu’à 1 mois de salaire, aux Pays-Bas, par exemple, c’est jusqu’à 2 ans. En contrepartie, les sanctions prévues par la réforme Vandenbroucke pourraient être abandonnées.
Responsabiliser les employés
Les malades de longue durée qui refusent de répondre au processus de réintégration (questionnaire et contrôle du médecin-conseil, navettes) sont pour le moment sanctionnés à hauteur de 2,5% de leurs allocations. Frank Vandenbroucke voulait plus, mais à l’époque, le PS et son vice-premier ministre, Pierre-Yves Dermagne, avaient fait barrage. Sous ce gouvernement, on peut s’attendre à ce que cette sanction soit beaucoup plus lourde, mais de manière progressive, avec un premier couperet au bout de 6 mois. Le message serait toutefois assez clair : les maladies de longue durée à vie, c’est terminé.
Bart De Wever veut aussi durcir l’accès au salaire garanti. Comme on l’a dit, lorsqu’un travailleur tombe en maladie de longue durée, il peut disposer d’un salaire plein pendant un mois. Mais il lui suffit de revenir travailler durant deux semaines pour que ce salaire plein soit prolongé d’un mois. Une opération qui peut être répétée indéfiniment. Le formateur veut augmenter ce seuil : il faudrait venir retravailler 12 semaines pour avoir droit à salaire garanti pour un nouveau mois.
Lors de la précédente législature, la Vivaldi a également permis aux travailleurs des grandes entreprises de prendre trois fois un jour de congé maladie par an, sans justification. Le but était de désengorger les cabinets des généralistes. Le problème est que cela aurait créé un certain abus : le nombre d’absences d’un jour a explosé de plus de 40 % sur un an. Le président de la N-VA veut mettre en place un mécanisme pour lutter contre cet abus, sans supprimer pour autant la mesure initiale. Par exemple en instaurant un congé maladie non payé, en cas d’abus.
Responsabiliser les médecins
Les médecins sont aussi dans le collimateur. Pour leurs largesses à l’égard de malades de longue durée. Les libéraux ont régulièrement pointé les certificats de complaisance durant la précédente législature. Ils sont désormais rejoints par les nationalistes qui veulent essayer d’inverser le procédé : plutôt que d’indiquer combien de jours le travailleur peut rester à la maison, le médecin devrait suggérer les tâches que les travailleurs peut encore accomplir, telle est l’idée.
Enfin, grâce à une exploitation approfondie des données, le prochain gouvernement pourrait identifier les médecins trop complaisants, réprimande puis sanction à la clé.
Responsabiliser les mutuelles
La N-VA est tout sauf fan des mutuelles et juge que ses médecins-conseils sont trop laxistes dans leur contrôle des malades de longue durée. Il souhaite ni plus ni moins que ce rôle soit repris par le gouvernement.
Bart De Wever entend aussi conditionner les revenus des mutuelles à leurs performances, par rapport à la remise à l’emploi des malades de longue durée.
Négociations fédérales
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