La colère monte au sein de la société: l’heure de la désobéissance civile

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Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Pendant un an, les Belges ont suivi correctement les règles sanitaires édictées pour combattre l’épidémie de Covid-19. Mais depuis quelques semaines, cette adhésion se délite. Des restaurants annoncent leur réouverture, des spectacles reprennent, des “boums” s’organisent dans les parcs… La société glisse-t-elle vers le chaos?

“Les restaurateurs et d’autres indépendants sont furibards et ils ont raison. Mais nous ne sommes pas encore le 1er mai. D’ici là, la pression peut retomber… ou conduire à un comportement quasi-insurrectionnel.” Le président de l’Union des classes moyennes (UCM), Pierre-Frédéric Nyst, a bien senti la colère monter ces dernières semaines. Il a beau rappeler que ne pas respecter la loi peut, au-delà des éventuelles amendes, faire perdre l’accès au droit passerelle, aux primes régionales et au chômage temporaire pour le personnel, il voit bien que la mobilisation ne faiblit pas. “Le feu couve depuis des mois. Le volcan se prépare, je le crains, à l’éruption”, résume le patron de l’UCM.

Le feu couve depuis des mois. Le volcan se prépare, je le crains, à l’éruption.”

Pierre-Frédéric Nyst, président de l’UCM

Les derniers baromètres de motivation effectués par l’Université de Gand, l’UCLouvain et l’ULB confirment cette baisse de l’adhésion aux mesures: un Belge sur deux ne les suit plus vraiment et 41% pensent que les mesures sanitaires prises en Belgique ne sont pas efficaces. Il s’avère ainsi que les francophones ont en moyenne près de cinq contacts rapprochés et les néerlandophones près de quatre alors qu’officiellement, nous étions censés nous limiter à un seul contact. “La lassitude a commencé à se marquer dès le mois de janvier, analyse Vincent Laborderie, politologue à l’UCLouvain et membre du collectif Covid-rationnel. Mais ce n’est qu’un peu plus tard, que des gens se sont mis à revendiquer de plus en plus ouvertement des comportements que l’on peut rattacher à une forme de désobéissance civile, même si ce n’est pas toujours réfléchi ou argumenté.” Le théâtre KVS a annoncé qu’il reprenait les spectacles, des jeunes se rassemblent dans des parcs et des dizaines de restaurateurs assurent qu’ils ouvriront leurs établissements, à tout le moins leurs terrasses, le 1er mai. Comment la situation a-t-elle pu s’emballer ainsi ces dernières semaines, au point de risquer de voir le pays verser dans le chaos total?

Michael De Cock, directeur du KVS: “Ce n’est pas un bras de fer avec les autorités”

Michael De Cock, directeur du KVS
Michael De Cock, directeur du KVS© PG/DANNY WILLEM

Le 8 avril, vous avez annoncé que vous alliez rouvrir votre salle le 26 avril quelles que soient les décisions gouvernementales. Pourquoi?

Ce n’est ni un acte de rébellion ni un geste d’anarchie. Mais une décision basée sur des études scientifiques rassurantes, où l’on prendra toutes les précautions nécessaires. C’est-à-dire, dans notre cas, en accueillant 50 spectateurs dans une jauge qui en permet 10 fois plus et en imposant des mesures de distanciation, le port du masque, la présence de gel et en bénéficiant d’une ventilation mesurant le taux d’oxygène. Nous avons la conviction que le public en a besoin: mieux vaut organiser des événements sous un certain contrôle plutôt que dans des conditions clandestines.

Cette décision n’est-elle pas solitaire?

Non, on travaille déjà avec La Monnaie et le Théâtre National via le Troika Pass. Mais je ne sais pas ce qui va se passer concernant les autres théâtres de Bruxelles ou d’ailleurs… Je le redis, ce n’est pas un bras de fer avec les autorités ou avec la Ville de Bruxelles, avec laquelle nous sommes toujours en contact ( le bourgmestre Philippe Close a entretemps fait savoir qu’il plaiderait pour que le Comité de concertation reprenne le KVS parmi les lieux qui organiseront des événements culurels tests en vue d’une reprise des spectacles, Ndlr).

La société belge est sous pression. Comme ailleurs?

Oui, des bourgmestres néerlandais assurent qu’ils ne pourront plus tenir. Les théâtres en Espagne et au Portugal sont ouverts ou vont rouvrir: il faut que la société soit un peu plus à l’aise. Je crois qu’on ne peut plus fonctionner en courant après quelques carottes: il y a des preuves scientifiques qu’on peut travailler en sécurité, qu’on peut faire beaucoup en respectant la santé de tout le monde.

Au KVS, les représentations du 26 au 30 avril sont déjà complètes.

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Les effets pervers de l’assouplissement

De manière peut-être paradoxale, les premières affirmations réellement publiques de la prise de distance avec les règles sanitaires ont suivi… la réouverture des salons de coiffure en février. C’est à ce moment-là que le président d’Ecolo Jean-Marc Nollet a concédé qu’il ne pouvait “humainement” plus respecter strictement la bulle d’une personne ou que le guitariste Quentin Dujardin a donné son premier concert covid-safe dans une église (voir encadré en bas d’article). “Certaines décisions sont animées d’une forme de psychologie naïve, selon laquelle quand on assouplit un peu les règles, les gens sont plus motivés pour les respecter, analyse Olivier Klein, professeur de psychologie sociale à l’ULB et membre du groupe d’experts interuniversitaires Psychologie et Corona. Or, quand on assouplit, on donne aussi pour message que la situation n’est pas si grave et cela peut avoir des effets pervers sur nos comportements. A la limite, il vaut mieux un confinement strict pendant quelques semaines pour communiquer clairement qu’il y a danger. Il n’y a rien de plus démotivant que le yo-yo des assouplissements.”

Le yo-yo des ouvertures-fermetures que le gouvernement voulait éviter, nous l’avons eu en paroles à défaut de l’avoir en actes.”

Vincent Laborderie, politologue (UCLouvain)

Vincent Laborderie pense, lui, au contraire que les autorités n’ont pas assoupli suffisamment les règles quand la situation sanitaire s’améliorait et qu’ils n’ont dès lors pas permis à la population de jouir d’un véritable espace de liberté avant de reprendre les efforts. “Quand vous déconfinez, au moins vous savez ce qu’il faut refermer en cas de reprise de l’épidémie, dit-il. Ici, il a fallu inventer cette histoire de prise de rendez-vous dans les commerces non-essentiels pour donner l’impression de faire quelque chose. Le gouvernement voulait éviter le yo-yo des ouvertures-fermetures, mais le yo-yo, nous l’avons eu en paroles à défaut de l’avoir en actes. En février, le Premier ministre a quasiment annoncé un plan de déconfinement pour finalement faire presque l’inverse. Cela nourrit la colère d’une partie de la population.”

Quentin Dujardin, artiste: “J’ai récupéré mon droit au travail”

“Ce n’est pas de la désobéissance civile mais tout au plus, comme un journaliste l’a écrit, ‘la fin de l’obéissance’. Aujourd’hui, j’ai récupéré mon droit au travail.” Le guitariste Quentin Dujardin dénonçait les normes “discriminatoires” qui autorisaient des réunions de 15 personnes dans un lieu de culte pour une cérémonie religieuse mais pas pour un concert. Il risquait plus de 11.000 euros d’amende en se produisant le 14 février dans l’église de Crupet. Le concert a été interrompu (dans le calme) par l’intervention de la police mais le parquet a finalement décidé de ne pas poursuivre. Mieux, son histoire a servi de support au recours contre les mesures anti-Covid introduit par la Ligue des droits humains. “A l’audience, le juge a demandé aux représentants de l’Etat d’urgence (sic) de fournir des études montrant qu’un artiste était plus contaminant qu’un prêtre dans les mêmes conditions, explique-t-il. Ils en ont bien entendu été incapables.”

Quentin Dujardin
Quentin Dujardin “En tant qu’artiste, il était de mon devoir de siffler la fin de la récréation.”© PG/ JEAN MAHAUX

L’Etat a été condamné et, sans attendre les résultats de l’appel, Quentin Dujardin, fort de la récupération de son droit au travail, s’est produit 26 fois depuis. “Mes concerts sont devenus des actes politiques pour défendre la liberté d’expression, nous confie-t-il. Les gens me font part de leur bien-être, de la joie qu’ils ressentent de se retrouver face à un acte artistique après de si longs mois d’interdiction.” Précision importante: les concerts respectent la jauge de 15 personnes, les règles de distanciation et de port du masque. “Et plus aucun procureur ne me court après”, sourit Quentin Dujardin.

“En tant qu’artiste, il était de mon devoir de siffler la fin de la récréation, conclut-il. Je me réjouis d’avoir contribué à pousser le Parlement à sortir de sa léthargie profonde. Le gouvernement et ses experts ne voient que les chiffres d’hospitalisation et refusent tout dialogue. Mais leur responsabilité va bien au-delà de ces hospitalisations. Toutes ces dépressions, ces suicides, des jeunes en décrochage, ils les ont sur la conscience. Une autre parole doit émerger et c’est pour cela que je me suis lancé dans cette série de concerts.”

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La défiance envers le monde politique

Vincent Laborderie touche ici au coeur du problème: la population ne peut adhérer aux décisions que si elle accorde un minimum de confiance aux autorités politiques qui prennent ces décisions. Cette confiance, le tout nouveau gouvernement De Croo – et en particulier son ministre de la Santé Frank Vandenbroucke dont le ton professoral tranchait avec les déclarations évasives de sa prédécesseure Maggie De Block – en a bénéficié dans un premier temps. Cela explique peut-être le fait que les appels à braver les interdits aient mis si longtemps à se faire entendre. “En novembre, lors du décès d’Alysson Jadin, la jeune coiffeuse liégeoise, je croyais vraiment qu’un mouvement large allait se mettre en place, se souvient Olivier Klein. Les indépendants et la culture étaient touchés par les mesures, les secteurs pouvaient se coaliser et lancer un mouvement de contestation avec une réelle ampleur. Ce ne fut pas le cas. Ce n’est que maintenant que nous voyons beaucoup plus de manifestations publiques de désobéissance.”

A l’époque, la grogne était en outre tempérée par l’imminence de la campagne de vaccination, campagne qui, croyait-on, allait rapidement modifier le cours des choses. “Or, le vaccin a ajouté une couche de complexité à la situation, poursuit le professeur Klein. Oui, il donne de l’espoir mais il a suscité aussi énormément de questions: avons-nous suffisamment de doses? Allons-nous assez vite? Certains vaccins ne sont-ils pas dangereux?” Bref, ce n’était pas la solution miracle que beaucoup attendaient. D’où une désillusion qui a sans doute contribué à attiser le feu qui couvait.

Ce feu qui couve, c’est ce que l’Organisation mondiale de la santé appelle “la fatigue pandémique”. Ni les confinements plus ou moins stricts ni le début des campagnes de vaccination n’ont entraîné d’amélioration spectaculaire des chiffres épidémiques et cela peut pousser au découragement. “On ne voit pas toujours de lien très clair entre les mesures mises en oeuvre et les résultats, entre les mesures et l’évolution des courbes d’hospitalisations ou d’admissions en soins intensifs, dit Olivier Klein. C’est très dangereux pour la motivation à suivre les règles.”

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Le rendez-vous manqué du 1er mai

Quand les progrès ne sont pas à la hauteur des attentes et que les citoyens se plient de moins en moins volontiers aux règles, ne faut-il pas changer de stratégie? C’est ce que pensent trois experts réputés (Nathan Clumeck, professeur en maladies infectieuses, ULB ; Marius Gilbert, chercheur en épidémiologie, ULB ; Leila Belkhir, infectiologue aux cliniques universitaires Saint-Luc) qui ont publié une carte blanche dans Le Soir invitant à abandonner l’approche sectorielle au profit d’une approche individualisée d’ouverture de lieux covid-safe, en suivant une série de balises et de recommandations. Une manière de placer chacun devant ses responsabilités, ce qui, selon Olivier Klein, est a priori de nature à renforcer l’adhésion aux mesures.

La suggestion a été unanimement saluée par le monde politique francophone et l’on s’attendait donc à voir surgir du dernier comité de concertation bien autre chose qu’un report de la réouverture des restaurants, initialement annoncée pour le 1er mai. “C’est un rendez-vous manqué, regrette Pierre-Frédéric Nyst. Tous les clignotants étaient pourtant allumés, y compris celui de la légalité des mesures (le tribunal de première instance de Bruxelles, saisi par la Ligue des droits humains, enjoint l’Etat à mettre un terme à “l’illégalité apparente” des mesures Covid. Cette décision est maintenant dans les mains de la cour d’appel, Ndlr). Mais non, le comité de concertation est resté sourd aux cris de détresse. Les établissements horeca avaient pourtant répondu à toutes les exigences sanitaires, ils avaient investi dans des panneaux en plexi ; lors de la réouverture cet été, ils avaient noté consciencieusement les coordonnées de leurs clients, coordonnées qu’ils n’ont pourtant jamais dû transmettre à quiconque. Alors, on peut comprendre qu’ils commencent à la trouver saumâtre. Même si nous ne les cautionnons pas, nous comprenons les réactions de rebellion.” Le patron de l’UCM précise que ces appels à la désobéissance civile ne semblent pas s’étendre au-delà du secteur de l’horeca. “Beaucoup d’entreprises renâclent face à l’obligation d’encoder les noms des collaborateurs qui ne peuvent pas rester en télétravail mais, jusqu’à présent, elles jouent le jeu”, dit-il.

On ne voit pas toujours de lien très clair entre les mesures mises en oeuvre et les résultats. C’est très dangereux pour la motivation à suivre les règles.”

Olivier Klein, professeur de psychologie sociale (ULB)

Le cabinet du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke conteste ce procès en surdité. “Nous entendons évidemment les appels de la population, nous précise-t-on. Avec de tels chiffres épidémiologiques, nous n’aurions jamais décidé de mesures d’assouplissement il y a quelques mois. Nous essayons de trouver un équilibre entre les chiffres de l’épidémie, l’occupation des lits en soins intensifs et le besoin d’oxygène dans la population.”

Maxence Van Combrugge, restaurateur: “Ami policier, viens prendre un verre le 1er mai”

Derrière l’action de réouverture du 1er mai se trouve le Collectif Wallonie Horeca. En dehors de Liège, Maxence Van Crombrugge, propriétaire de plusieurs restaurants dans le Brabant wallon, coordonne le mouvement. Au moment d’écrire ces lignes, une cinquantaine de restaurateurs par province vont ouvrir leurs portes le 1er mai. Quasiment aucun des chefs étoilés qui avaient participé à la fameuse vidéo collective ne sera ouvert.

“C’est clairement la peur qui paralyse bon nombre de mes collègues restaurateurs, explique Maxence Van Crombrugge. Via notamment cette menace financière liée aux aides, au chômage corona et au droit passerelle que font circuler certains. Sur le plateau de RTL-TVI ce dimanche midi, j’ai été content d’entendre le ton plutôt conciliant du procureur du Roi de Mons qui parle uniquement d’amendes administratives, soit deux amendes avant convocation devant le tribunal… Mais c’est clair que le restaurateur isolé a peur. Ailleurs, l’effet de meute agit. Notamment à Liège, évidemment, mais aussi à Namur où, autour de la place du Vieux Marché, la participation sera très élevée. Sur la Grand-Place de Nivelles, tout le monde sera ouvert…”

Namur Autour de la place du Vieux Marché (Marché aux Légumes), un grand nombre de restaurants vont rouvrir le 1er mai.
Namur Autour de la place du Vieux Marché (Marché aux Légumes), un grand nombre de restaurants vont rouvrir le 1er mai.© BELGAIMAGE

Selon Maxence Van Crombrugge, des policiers en congé ont même réservé des tables pour le 1er mai à Nivelles. “Cela nous a inspiré une action vers les policiers, les pompiers et le personnel soignant: nous leur offrons un verre s’ils réservent une table le 1er mai. Nous voulons leur montrer que nous pouvons ouvrir immédiatement en toute sécurité. Le collectif va d’ailleurs éditer un guide de conduite et des pratiques à suivre à partir du 1er mai. Ceci dit, je serais curieux de voir des policiers en service infliger des amendes de 250 euros à leurs collègues en congé.”

En attendant le 1er mai, le Collectif Horeca Wallonie fonde énormément d’espoirs dans la décision en appel de la plainte de la Ligue des Droits humains qui doit tomber avant le 30 avril. “Les avocates nous disent que l’Etat a mal plaidé, conclut Maxence Van Crombrugge. Nous verrons. Avec Audrey Despontin, l’une des deux avocates de la LDH, nous avons introduit hier une plainte pour annuler toutes les décisions prises par l’Etat contre l’horeca.”

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Fautes politiques?

La recherche d’un tel équilibre est parfaitement légitime. Mais vu de l’extérieur, ce n’est pas vraiment ce que l’on perçoit des réunions du comité de concertation. “On a parfois l’impression que les choix sont autant déterminés par le pouvoir respectif des différents groupes de pression et leur capacité à relayer leurs messages auprès de tel parti ou de tel ministre que par des considérations de santé”, concède Olivier Klein. Ces positionnements politiques, qui ont été les plus marqués dans le chef du MR, ne favorisent pas évidemment pas l’adhésion aux mesures et l’implication au sein de cette “équipe de 11 millions de Belges”.

Comme pour ajouter de la confusion à la confusion, plusieurs bourgmestres, et non des moindres (Paul Magnette et Willy Demeyer, PS), ont fait savoir que les effectifs de police ne leur permettaient pas de réprimer une éventuelle ouverture massive des restaurants le 1er mai. “Des bourgmestres de grandes villes qui disent ouvertement que la loi ne sera pas respectée, je n’ai vu cela dans aucun pays européen, s’étonne Vincent Laborderie. Il y a eu une tension en Espagne pour certaines dispositions et le pouvoir central a réagi en déléguant largement les choses aux entités locales. Ici, c’est l’inverse, c’est presque comme si le fédéralisme avait été mis entre parenthèses.” Le politologue conclut en citant La Boétie et son discours de “la servitude volontaire”: le jour où le peuple n’accepte plus sa soumission, il peut retrouver sa liberté. “Nous en sommes exactement là, dit Vincent Laborderie. Cette crise va marquer profondément la société belge dans ses relations avec le pouvoir politique.”

Marc Carnevale, restaurateur: “Willy Demeyer a parlé trop tôt…”

Le truculent patron des Sabots d’Hélène n’adhère pas au noyau dur liégeois du Collectif Wallonie Horeca. Cet électron libre n’a pourtant pas sa langue dans sa poche et a participé à la vidéo collective des chefs qui annonçaient ouvrir le 1er mai. Aujourd’hui, il persiste et signe.

“Cette vidéo était clairement un coup de pression. Elle n’a évidemment pas atteint son but. Pour être clair, si rien ne change d’ici au 1er mai, soit j’ouvrirai une terrasse, soit j’aiderai mes collègues liégeois qui auront décidé d’ouvrir. Moi-même, je n’ai pas de terrasse et j’essaie de voir avec mes voisins s’il est possible d’en installer une. Cette réouverture limitée des terrasses à partir du 8 mai, c’est se foutre de nous. Quel choc psychologique pour le restaurateur sans terrasse qui n’en peut plus d’être fermé de voir celles de ses voisins qui ne désemplissent pas! Sans oublier le protocole de réouverture qu’on va nous demander de suivre et qui fait état d’une interdiction pour les clients d’aller aux toilettes à l’intérieur du restaurant!”

Clairement, Marc Carnevale est fâché. Il n’admet pas le peu de cas qu’on fait de sa profession – “Pour les autres, on a trouvé des solutions mais nous, on nous laisse crever” – ou l’absence totale de solutions proposées. “Je n’ai rien vu venir. Aucune ville n’a proposé de faire de la livraison de take-away avec une de leurs camionnettes, par exemple. Cela nous aurait épargné les commissions de Deliveroo. On nous ferme sans preuves. Si on nous avait permis d’ouvrir et que pendant cette ouverture, on avait réellement objectivé l’horeca comme lieu de contamination, là, je me serais tu. Nous permettre d’ouvrir sans traîner va éteindre le feu des fêtes clandestines. Quand on me commande des plats pour 18 personnes, je dois refuser la commande et les dénoncer? Et plus encore, m’enfoncer financièrement?” Quant au 1er mai, le restaurateur met les choses au point: “Willy Demeyer a parlé trop tôt. Il n’y a plus d’effet de surprise. Je suis persuadé qu’ils iront contrôler les meneurs du mouvement. Ceci dit, avant de nous cribler d’amendes, je voudrais préciser que, dans mon esprit, ouvrir le 1er mai, c’est ouvrir le 1er et pas le 2 et le 3 et le 4…”

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