Inflation, énergie, marché du travail: 5 points clés du rapport annuel de la Banque Nationale

Le rapport annuel de la Banque nationale de Belgique (BNB) présente une analyse détaillée de l’état de l’économie belge en 2024. Il aborde plusieurs défis majeurs, notamment la compétitivité de l’industrie énergétique, l’inflation, le marché du travail et la croissance économique.
1. Les industries énergivores belges : une vulnérabilité accrue aux prix de l’énergie
Les industries énergivores belges sont particulièrement sensibles aux hausses des prix de l’énergie, un phénomène observé depuis plusieurs années en Europe. Selon la BNB, ces industries sont de 10 à 20 % plus dépendantes du gaz naturel et de l’électricité que leurs homologues dans d’autres pays européens. Ce phénomène est dû à une réduction moins importante de l’intensité énergétique des entreprises belges par rapport à leurs voisins.
En effet, en 30 ans, les industries belges ont réduit leur consommation énergétique de seulement 9 %, tandis que la France, les Pays-Bas et l’Allemagne ont respectivement diminué leur intensité énergétique de 36 %, 34 % et 11 %. En conséquence, ces secteurs belges seront plus affectés par les nouvelles régulations européennes sur la réduction des émissions et les taxes sur le carbone. De plus, la guerre commerciale menée par les États-Unis sous l’administration Trump, couplée à des prix de l’énergie bien plus bas outre-Atlantique, représente une menace supplémentaire pour la compétitivité de l’industrie belge.
2. L’inflation belge en forte hausse
L’inflation belge a considérablement augmenté en 2024, atteignant 4,3 %, contre 2,3 % en 2023. Cette hausse est principalement attribuée à l’inflation énergétique, qui a repris après avoir été négative l’année précédente. La BNB souligne que la suppression de certaines mesures gouvernementales, telles que les forfaits pour le gaz et l’électricité, a contribué à cette accélération de l’inflation énergétique.
L’inflation alimentaire reste élevée, notamment en raison de l’augmentation des prix du tabac (+21,7 %), tandis que l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentaire) a ralenti à 3,4 %. Ce ralentissement s’explique en partie par la baisse des prix des biens industriels, bien que les coûts des services aient continué à augmenter en raison de l’indexation salariale.
Lire aussi | Les gagnants et les perdants de l’inflation en 2024
3. Marché du travail : ralentissement des créations d’emplois et pénurie persistante
En 2024, la Belgique a connu un ralentissement net des créations d’emplois, avec seulement 13 000 postes créés, soit un tiers du nombre de l’année précédente. Ce ralentissement est principalement attribué à l’emploi public et aux secteurs bénéficiant de subventions, comme la santé et l’action sociale. Parallèlement, les secteurs plus sensibles aux cycles économiques, tels que l’industrie, le commerce, et l’horeca, ont vu leur emploi salarié diminuer. Bien que le taux de chômage reste bas à 5,7 %, des pénuries de main-d’œuvre demeurent dans plusieurs secteurs, dont la construction, l’énergie et l’information. La Belgique continue également de pâtir d’un écart important par rapport à la moyenne de l’Union européenne en termes de taux d’emploi, qui s’élève à 72,2 %, contre 75,9 % pour la zone euro.
4. La croissance économique, soutenue par la demande intérieure

En 2024, la croissance économique belge a été modeste, atteignant 1 % du PIB, en légère baisse par rapport à 2023 (1,3 %). La demande intérieure a été le principal moteur de cette croissance, alimentée par la consommation privée et les investissements des entreprises. Cependant, l’industrie manufacturière a continué à souffrir d’une surcapacité mondiale et des prix de l’énergie élevés, entraînant une contraction de 1 % de sa valeur ajoutée. En revanche, le secteur de la construction a montré des signes de reprise (+1 %), stimulé par des grands projets d’infrastructure, notamment dans le photovoltaïque et les véhicules électriques.
5. Les défis de l’investissement et des régulations
La BNB évoque également les défis liés à l’investissement en Europe, soulignant l’écart de productivité croissant entre l’Europe et les États-Unis. Il rappelle les recommandations de Mario Draghi sur la nécessité de réduire les régulations et de dynamiser l’investissement en Europe, mais questionne la faisabilité de telles propositions dans le cadre du modèle socio-économique européen, qui diffère fortement de celui des États-Unis. Les investissements massifs nécessaires, estimés à 800 milliards d’euros par an, semblent difficilement réalisables dans un contexte européen où l’innovation rapide et disruptive est souvent freinée par des régulations strictes.