Fitch recale la réforme des pensions : “Elle n’atténuera pas les coûts du vieillissement sur les finances publiques”

Karine Lalieux, ministre des Pensions. © belga
Baptiste Lambert

L’agence de notation tacle la réforme des pensions dans un récent rapport. Votée au Parlement le 4 avril dernier, la deuxième mouture de la réforme de Karine Lalieux (PS) semble toujours insuffisante pour diminuer les coûts du vieillissement.

Dans son rapport, Fitch pointe notamment l’indexation des pensions et ses effets sur la pension minimum, qui a été augmentée trois fois ces dernières années, autour des 10%, à 1.700 euros bruts pour un isolé et 2.172 euros bruts pour un ménage.

Cette augmentation annule les effets bénéfiques de la réforme sur le coût du vieillissement, écrit Fitch. À savoir le bonus pension, qui pousse les travailleurs à rester plus longtemps sur le marché du travail, une condition accrue pour obtenir la pension minimum (20 ans de carrière plutôt que 10) et un plafonnement de la croissance de la retraite pour les fonctionnaires.

À terme, et c’est la Banque nationale qui le dit, l’impact de la réforme des retraites aura un impact négatif de 0,15% du PIB d’ici 2070, par rapport à une situation où cette réforme n’aurait pas été votée. La voie n’est donc pas celle de la réduction des coûts qui vont aller crescendo : 0,3% du PIB par an à ajouter aux dépenses publiques.

Déficit et dette

En février dernier, Fitch a confirmé la perspective négative de la dette souveraine de la Belgique à “AA-“. Avec une dette de 106% du PIB, deux fois supérieure à la médiane de la catégorie “AA”, le plafond des 500 milliards de dettes est dépassé.

À moyen terme, Fitch voit le déficit passer de 4,3 % à 5,6 % du PIB en 2027, à politique inchangée, soit près de deux fois la norme de Maastricht. Des règles budgétaires européennes qui devraient faire leur retour en janvier prochain, sous une nouvelle forme. Si la Belgique les respectait, elle pourrait réduire son déficit à 3,5% du PIB, écrit Fitch. On sait que l’effort tourne autour de 5 milliards d’euros par an pour la prochaine législature.

À politique inchangée, la dette publique devrait par contre se dégrader autour des 115%, selon le Bureau fédéral du Plan.

Plan de relance

On le sait, l’argent du plan de relance est en partie conditionné par la réforme des pensions. La Commission européenne doit encore évaluer si la réforme Lalieux va dans la bonne direction, sans quoi les fonds du plan de relance pourraient subir une première sanction “de moins de 5%” de la première tranche, nous a récemment indiqué le secrétaire d’État à la Relance Thomas Dermine (PS). Une sanction d’environ 30 millions d’euros, sur la première tranche de 847 millions d’euros.

Le rapport de Fitch n’est pas directement lié à l’appréciation de la Commission européenne, mais clairement, cela ne va pas dans la bonne direction.

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