La chasse aux milliards pour la défense est lancée, et la principale victime sera la dette


Avec l’accord de Pâques, l’Arizona a entériné l’augmentation du budget de la défense, pour le porter à 2% du PIB. Le chemin pour y arriver “ne sera pas simple”, a reconnu Bart De Wever (N-VA), en commission, mercredi. C’est peu de le dire. Il faudra sans doute recourir massivement à l’endettement.
Hors pension des militaires (2,1 milliards d’euros), le budget de la défense sera porté de 6,8 milliards d’euros à 10,6 milliards d’euros en 2025. L’Arizona doit donc trouver 3,8 milliards d’euros cette année, et entre 3 et 3,5 milliards d’euros pour chaque année jusqu’à la fin de la législature, en 2029.
Le chemin pour y arriver était peu clair suite à l’accord de Pâques, intervenu vendredi dernier. Hier, en commission, à la Chambre, le Premier ministre a précisé les contours du renflouement de la défense, sans citer de chiffres, toutefois. Un certain nombre d’éléments doivent encore être tranchés, d’ici le mois de juillet.
Belfius et Euroclear
Que sait-on déjà ? D’abord que l’équipe fédérale compte sur le super-dividende de Belfius, à savoir 500 millions d’euros, en 2025 et en 2026. Et tant pis pour les ambitions internationales de la banque publique. L’Arizona a d’autres plans, pourquoi pas une fusion avec l’assureur Ethias, a récemment poussé Georges-Louis Bouchez, lors d’une conférence au Cercle de Wallonie.
1,2 milliard proviendra des recettes de l’impôt des sociétés d’Euroclear, qui détient toujours plus de 200 milliards d’euros d’avoirs russes gelés. Il reste à voir quelle part ira effectivement vers la défense. Jusqu’ici, cette manne financière était intégralement dirigée vers l’aide à l’Ukraine. Selon L’Echo, la Défense compte sur ces ressources pour plus d’1 milliard par an jusqu’à la fin de la législature, mais Bart De Wever a promis 1 milliard par an à Zelensky, lors de sa visite en Ukraine. L’OTAN, par contre, ne fera pas de distinction.
Tour de passe-passe ?
Ensuite, Theo Francken, le ministre de la Défense, sera chargé de structurer les dépenses et de voir quels investissements pourraient relever de la norme de l’OTAN dans d’autres départements. “Ce n’est pas du camouflage, ce sont les règles de l’OTAN elle-mêmes, et ce ne sont pas des amateurs, comme vous le savez”, a indiqué le Premier ministre.
Il songe par exemple à des dépenses d’infrastructures issues des Régions, comme Rhin de fer, une liaison ferroviaire qui relierait le port d’Anvers à la Ruhr en Allemagne. Le président du MR évoquait lui des dépenses “dual use“, à la fois civile et militaire. Il pense à la cyber-sécurité, mais aussi à la sécurité tout court, qui touche parfois à l’international, comme la lutte contre le terrorisme. À voir si cela rentrera dans les critères de l’OTAN. C’est la plus grande inconnue de ce budget défense.
Endettement
Ensuite, pour atteindre ces fameux 3,8 milliards en 2025, il reste l’endettement. Ce recours à l’emprunt devrait dépasser les 2 milliards d’euros cette année, pour se réduire progressivement, jusqu’en 2029, grâce à des mesures structurelles évoquées ci-dessus. Au total, on évoque un trou de 4,8 milliards d’euros à combler, rendu possible par l’assouplissement des règles budgétaires par la Commission européenne, de l’ordre de 1,5% du PIB.
Sur papier, l’Arizona voudrait compenser ce déficit “temporaire” par “une optimisation des actifs” de l’État. On en revient aux fameux bijoux de famille de l’État fédéral dont plus personne ne parle. À nouveau, les questions difficiles à trancher sont reportées à plus tard.
Une promesse rompue ?
Les autres pistes sont connues, mais limitées : réduire les dépenses ou augmenter les impôts. Or, le gouvernement fédéral a déjà promis de réduire ses dépenses primaires de 16 milliards d’euros et a bien du mal à s’entendre sur une taxe des plus-values.
La promesse de départ de l’Arizona – réduire le déficit et l’endettement – est en grand danger.
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