Face au risque de “tempête parfaite”, l’Arizona de De Wever doit vite surmonter ses différends

Bart De Wever, "préformateur" royal, a du pain sur la planche. BELGA PHOTO LAURIE DIEFFEMBACQ
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le chief economist de BNP Paribas Fortis met en garde contre la situation de la Belgique. Bart De Wever, préformateur, devra rapidement dissiper les doutes sur le chemin des réformes. Et surmonter les résistances au sein de sa future majorité.

C’est le genre d’interview qui sonne comme une mise en garde. ”La Belgique risque de se retrouver dans un scénario de tempête parfaite”, affirme Koen De Leus, chief economist de BNP Paribas Fortis, à La Libre ce jeudi. Sous-titre: “À défaut de réformes rapides lancées par le futur gouvernement, le risque est grand de voir notre pays être la cible des marchés financiers.”

Des faiblesses structurelles

Son constat va au-delà du constat habituel de “résilience” de l’économie belge. Bien sûr, notre pays a connu une croissance légèrement meilleure que ses voisins, ces dernières années. Mais il le doit surtout à l’indexation automatique des salaires qui a soutenu la demande et aux investissements des entreprises. Cela masque, dit l’économiste, des fragilités structurelles.

Koen De Leus en veut pour preuve l’indice Futureproof de sa banque, qui analyse dans quelle mesure un pays est à même de faire face aux défis du futur. La Belgique ne se situe qu’à la 21e place au sein des 27 de l’Union européenne.

Le déficit budgétaire, actuellement de 4,7% du PIB, est le premier point d’attention: “La Belgique se situe dans les 20 % des pays les plus mauvais sur ce critère. Si on n’implémente pas des réformes rapidement, le déficit budgétaire de la Belgique devrait atteindre 5,6 % du PIB en 2029. On devrait réduire, au cours de la prochaine législature, ce déficit de 0,5 % par an pour revenir en dessous du seuil de 3 %. Ce sera très difficile mais nécessaire.” Traduction, il faut économiser “un peu partout” et “ne plus jouer à Saint-Nicolas”.

Autre sujet d’inquiétude: le travail: “Augmenter ce taux d’emploi de 72 % à 82 %, le niveau des pays les mieux classés, sera l’un des grands défis du prochain gouvernement. Ce sera indispensable pour réduire les dépenses sociales et alléger le coût du vieillissement.” Tout n’est pas perdu, notamment parce que notre pays reste une terre d’innovation, mais il y a du pain sur la planche.

Les obstacles de De Wever

Tout cela figure au menu de l’Arizona, cette coalition que le désormais “préformateur” fédéral Bart De Wever tente de mettre en place en alliant son parti, la N-VA, au CD&V, à Vooruit, au MR et aux Engagés. Cette coalition vise à faire du socio-économique l’enjeu prioritaire, avec l’assainissement budgétaire comme contrainte majeure. Le résultat du scrutin a témoigné de la préoccupation des Belges pour la santé de notre économie.

La maturation du projet risque toutefois d’être précisément retardé par l’ampleur des économies à réaliser: quelque 5 milliards par an durant la législature. Les sociaux-chrétiens et les socialistes flamands ont exprimé en choeur leurs préoccupations sur le budget des soins de santé. Pas question de toucher de façon trop importante à la norme de croissance. Une forme de quadrature du cercle.

L’autre épine dans le pied du préformateur concerne son parti: comment obtenir des engagements en matière de réformes institutionnelles ou de responsabilisation des Régions? “Le risque, c’est de perdre le momentum“, commente le politologue Jérémy Dodeigne, dans L’Echo.

Maxime Prévot, président des Engagés, soulignait combien la formation d’un gouvernement fédéral avant la fête nationale du 21 juillet relevait d’un “fantasme” de journalistes. Gageons toutefois qu’il ne faudra pas trop tarder.

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