Comment la nouvelle liste du MR à Bruxelles ravive les tensions avec l’Open Vld

Alexander De Croo et Georges-Louis Bouchez. (Photo by ERIC LALMAND/Belga/AFP via Getty Images)
Baptiste Lambert

Décidément, les changements de dernières minutes sur la liste fédérale du MR à Bruxelles créent bien des remous. Désormais, Alexia Bertrand (Open Vld) revendique une meilleure place. Mais ses chances sont minces, car la relation entre le MR et l’Open Vld est loin d’être au beau fixe.

Sophie Wilmès prendra donc la première place sur la liste européenne du MR. C’est sa décision. Cette séquence qui dure depuis trop longtemps a fait sortir Georges-Louis Bouchez de ses gonds, contre la presse, qui en a fait une véritable saga.

Mais le fait est que Bouchez a perdu son bras de fer avec Sophie Wilmès, qui jouit, par son statut de “Mère de la Nation”, d’une bien plus grande marge de manœuvre que les autres membres du MR. En définitive, Bouchez a cherché des lapins blancs tout le week-end sans succès (Rodrigo Beenkens, Hakima Darhmouch, etc.), pour finalement se rabattre sur le choix politique le plus logique et le plus plébiscité par les membres du parti : l’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, qui avait fait un pas de côté pour des raisons de santé.

Mais cette réaction en chaîne fait basculer un autre domino. Le MR et l’Open Vld sont censés faire liste commune à Bruxelles. Dans cette perspective, la secrétaire d’État au Budget, Alexia Bertrand, avait accepté de prendre la 4e place sur la liste fédérale, dans la capitale. Une 4e place sans doute synonyme de siège, tant le MR aurait pu cartonner, avec Sophie Wilmès en tête de liste.

La situation est beaucoup moins confortable avec Valérie Glatigny, pense l’Open Vld. Selon Business AM, le Premier ministre himself s’en inquiète auprès du MR. Alexia Bertrand ne mériterait-elle pas une meilleure place sur la liste ?

Entre le MR et l’Open Vld, la relation est tendue

La question de savoir si le MR ferait un tel cadeau à l’Open Vld reste entière. Pour plusieurs raisons. D’abord, Alexia Bertrand a décidé de quitter le MR pour intégrer la Vivaldi sous la bannière de l’Open Vld, ce qui est toujours perçu comme une forme de trahison, même si elle est intrafamiliale.

Ensuite, l’Open Vld a déjà fait quelques mauvais coups au MR, à Bruxelles. Pour la formation de l’actuel gouvernement, par exemple, les libéraux flamands n’ont pas lié leur sort au MR bruxellois qui s’est retrouvé dans l’opposition. C’est d’ailleurs une fâcheuse habitude : depuis 2004, l’Open Vld est à chaque fois entré dans l’exécutif bruxellois, au contraire du MR.

Mais cela va bien au-delà de la circonscription bruxelloise. Entre Alexander De Croo et Georges-Louis Bouchez, l’ambiance n’est pas du tout terrible, et ça se répercute sur l’ensemble de la relation entre le MR et l’Open Vld. On s’explique : pour mener tant bien que mal son gouvernement, le Premier ministre a dû arrondir les angles tout au long de la législature, quitte à mettre de côté ses propres idéaux. En Flandre, Alexander De Croo a souvent été perçu comme un Premier ministre fantôme, se couchant derrière l’éminence grise du gouvernement : Paul Magnette, président du PS, première force politique du gouvernement. De l’autre côté, Georges-Louis Bouchez n’a jamais retenu ses coups. Il a déstabilisé la Vivaldi à maintes reprises, ne voulant faire aucune concession à la gauche du gouvernement fédéral, au moins dans les paroles.

Au sein de l’Open Vld, on en veut beaucoup au président du MR. On va même jusqu’à dire qu’il est en partie responsable du score désastreux de l’Open Vld dans les sondages.

Reconstitution familiale

Dans l’entourage de Bouchez, il semble déjà clair qu’on accordera par cette 3e place à Alexia Bertrand, derrière Valérie Glatigny, donc, et le député Michel De Maegd. Bertrand dispose toutefois d’une certaine marge de manœuvre : en faisant sa propre liste Open Vld, elle dispose d’un pouvoir de nuisance pour le score du MR. Mais la secrétaire d’État se laisse alors peu de chances de décrocher un siège. À voir si ce coup de bluff fonctionnera.

Plus globalement, la reconstitution des familles politiques est de moins en moins une évidence. Du côté des socialistes, les francophones ne savent plus où se mettre face aux dernières sorties de leurs homologues flamands. On pense bien sûr aux propos nauséabonds de Conner Rousseau, mais aussi, plus récemment, à ceux à Tom Meeuws, ancien échevin anversois, qui a quitté la politique.

Finalement, c’est la reconstitution de la famille chrétienne-démocrate qui semble la plus crédible. Maxime Prévot (Les Engagés) et Sammy Mahdi (CD&V) ont clairement opéré un rapprochement, sans pour autant lier leur sort. Mais le CD&V a tout de même décidé de mettre son programme communautaire entre parenthèses pour la prochaine formation d’un gouvernement. C’était tout sauf une évidence, il y a encore quelques mois.

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