Bart De Wever entame son marathon, face à une gauche hostile: “La Belgique ne fera pas l’autruche”

Bart De Wever à la Chambre, mardi 4 février. © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le nouveau Premier ministre s’est exprimé au palais et à la Chambre. De Wever insiste sur son mandat clair, avec un gouvernement disposant d’une majorité des deux côtés de la frontière linguistique. “On ne peut pas se soustraire à nos responsabilités”, dit-il en reconnaissant que ce ne sera “pas une promenade de santé”. La FGTB annonce une grève générale.

Bart De Wever est directement plongé dans le bain. Directement après sa prestation de serment, lundi, il avait participé à une réunion informelle des chefs d’Etat européens. L’occasion d’affirmer, déjà, ses engagements pour faire passer le budget de la défense à 2% du PIB.

Ce mardi, après un premier discours à l’occasion de la réception royale aux autorités du pays, Bart De Wever a tenu sa déclaration de politique générale à la Chambre. Mot d’ordre: “Notre pays ne fera pas “l’autruche” face aux nombreux défis qui se présentent à lui.

La FGTB a déjà “salué” son entrée en fonction par l’annonce d’une grève générale. Le syndicat socialiste qualifie l’accord gouvernemental de “déclaration de guerre” contre l’ensemble du monde du travail. Il indique que la grève générale constituera “le début d’un marathon de résistance” qui durera toute la législature.

Voilà qui promet..

A l’issue de son allocution à la Chambre, Bart De Wever a conclu: “Chers collègues, le voyage qui nous attend n’est pas une promenade de santé, mais un col hors-catégorie“.

“Se retrousser les manches”

“Je suis heureux de pouvoir me présenter devant vous avec la toute nouvelle équipe du gouvernement fédéral, a entamé le Premier ministre devant les corps constitués, mardi matin. Un gouvernement qui, pour la première fois en seize ans, bénéficie d’un soutien démocratique des deux côtés de la frontière linguistique. Un soutien démocratique sain qui devrait finalement être la norme.”

Traduisez: sa légitimité est pleine et entière pour des temps difficiles. “Les institutions internationales calculent qu’à politique inchangée, notre budget deviendrait le pire de toute l’Europe”, a-t-il averti. “On ne peut se soustraire aux responsabilités de demain en les évitant aujourd’hui. (…) ce pays ne fera pas l’autruche, mais se retroussera les manches pour garantir la prospérité et l’avenir de nos concitoyens“.

Il s’agissait là d’un préambule avant se déclaration de politique générale à la Chambre, à 15h, au cours de laquelle le PS et les autres partis de gauche ont mené le chahut.

“Les tableaux budgétaires et la bonne version de l’accord, SVP!”

Avant même la déclaration de politique générale à la Chambre, le PS Pierre-Yves Dermagne prend la parole: “Loin de moi l’idée de gâcher ce moment, mais nous ne disposons toujours pas des tableaux budgétaires. C’est un respect élémentaire de la démocratie.”

Le PTB se rallie à la demande, et ajoute qu’il souhaiterait obtenir… la version définitive de l’accord de gouvernement, notamment en raison de différences sur la taxation des plus-values. “Avoir des chiffres, c’est élémentaires”, appuie l’Open VLD Alexia Bertrand.

Dans ce chaos initial, le président de la Chambre, Peter De Roover (N-VA), souligne que les tableaux budgétaires de la Vivaldi n’avaient été envoyés qu’au cours de la déclaration à la Chambre. Il en sera de même cette fois-ci. L’accord a, lui, été envoyé lundi soir dans les mails, prolonge-t-il.

Ce gouvernement ressemble déjà à une Vivaldi 2.0“, s’amuse l’opposition. “Ce ne sont pas des bonnes conditions de travail”, déplore Ecolo. Soit…

PS, PTB, Open VLD et Ecolo-Groen demandent une suspension de séance pour obtenir les tableaux budgétaires. En vain. “L’intention est de distribuer ces tableaux après la déclaration du gouvernement”, coupe Bart De Wever. La législature débute par un bras de fer procédurier. Pierre-Yves Dermagne s’amuse en appellant De Wever “le Premier ministre du Royaume de Belgique”.

Bart De Wever monte tout de même à la tribune. “Monsieur Dermagne, je vous invite à m’écouter, ce quart d’heure ne fera pas de différence”.

“Un assainissement historique”

Le Premier ministre insiste à nouveau sur la présence d’une majorité de part et d’autre de la frontière linguistique. “La volonté des électeurs au nord comme au sud est respectée”, dit-il en défendant des “choix politiques de grande evergure”. Ce sont des choix “inévitables” pour assurer la prospérité qui est “menacée”.

Si on n’intervient pas, le déficit sera bientôt le plus élevé des pays occidentaux, il nous faut éviter cela à tout prix, prolonge-t-il. Cela prendra plus de temps qu’une seule législature. Nous sommes partis pour une trajectoire à long terme. Ce sera l’assainissement le plus difficile de l’histoire moderne”.

“Nous options pour des réformes structurelles”, ajoute Bart De Wever. Il évoque une “contribution équitable” des épaules les plus larges, mais évoque une réduction des charges sur le travail de 1,5 milliard d’euros et la récompense de 500 euros pour ceux qui travaillent.

“Nous n’abandonnons pas les entrepreneurs”, ajoute-t-il en annonçant une baisse de charges sociales de 1,5 milliard. La loi sur le nucléaire sera abandonnée.

L’indexation automatique des salaires est préservée pour protéger le niveau des travailleurs.

De même, il y aura un renforcement financier des départements de sécurité. “Nous appliquons la tolérance zéro”, dit De Weer en confirmant la fusion des zones de police bruxelloises.

Même renforcement financier pour la défense. Bart De Wever évoque un “soutien sans relâche de l’Ukraine” et plaide pour un renforcement de l’Union européenne. Il entend “continuer la poursuite des objectifs climatiques” avec une “transition qui renforcera notre autonomie stratégique”.

“Un régime des dépenses et des réformes”

Mais comment faire?

Cinq milliards sont prévus pour les nouvelles politiques, avec un effort à réaliser de 18 milliards. Le gouvernement est réduit à 14 ministres, les dotations sont diminuées et le régime de maladie des parlementaires revu, souligne Bart De Wever. Une majorité des deux tiers sera cherchée pour supprimer le Sénat. “J’en appelle à ce parlement, dit-il. En voyant la réaction, nous trouverons bien cent votes.”

Bart De Wever insiste aussi sur un régime plus large des dépenses publiques.

“Outre ces économies, ce gouvernement effectuera des réformes du marché du travail et des pensions“, soutient-il.

Il souligne la volonté de mettre fin à des régimes séculaires: les allocations de chômage seront “enfin imitées à une durée maximale de deux ans”, sauf pour les plus de 55 ans. Les revenus des allocations ne seront plus augmentés au-delà de l’index. “Le travail permet une émancipation personnelle et financière, c’est une vision partagée par tous les partenaires du gouvernement”, insiste-t-il.

Bart De Wever évoque encore la mise en place du crédit familial.

Ce gouvernement s’attaque au régime des pensions, à contrecoeur, mais sans cela l’assainissement” serait impossible. Il évoque le système de bonus – malus pour inciter le travail, mais aussi une harmonisation entre fonctionnaires et secteur privé. “La mise en oeuvre sera progressive et s’entendra jusqu’en 2060.” Ce gouvernement veut “rester humain”.

Il s’agit de prendre ses responsabilités. Bart De Wever insiste sur la concertation avec les partenaires sociaux.

Le Premier ministre rassure et est applaudi quand il affirme que ce gouvernement “continuera à investir dans les soins de santé“.

Bart De Wever évoque encore “le durcissement” de la politique migratoire.

“Chers collègues, le voyage qui nous attend n’est pas une promenade de santé, mais un col hors-catégorie“, conclut-il, en soulignant que ceux qui arriveront au sommet auront une vue dégagée.

Et le Premier de demander dans les trois langues qu’on lui accorde la confiance. Le débat débute mercredi à 10h.

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