Présidence d’Ecolo : deux duos candidats pour sauver les meubles et apaiser les tensions
La défaite brutale du 9 juin a mené à la démission de Jean-Marc Nollet et Rajae Maouane, coprésidents d’Ecolo. Deux duos se présentent en vue des élections internes du 13 juillet. Marie Lecocq et Samuel Cogolati, d’un côté, Marie-Colline Leroy et Gilles Vanden Burre, de l’autre. Ils auront la charge d’apaiser les tensions et de sauver ce qui peut l’être aux élections communales. Après quoi, un chantier beaucoup plus large les attend : redonner un avenir à l’écologie politique en Belgique francophone.
Un Bruxellois et un Wallon. Ecolo ne change visiblement pas de formule et verra son avenir dirigé par un nouveau duo. Marie Lecocq est la coprésidente de la régionale bruxelloise d’Ecolo tandis que Samuel Cogolati est député fédéral depuis 2019, mais n’a pas été réélu. Son nom a fait le tour de la presse internationale, car il a été directement visé par la Chine après ses dénonciations sur la répression des ouïghours. Les deux jeunes trentenaires ont officiellement déposé leur candidature et croient en “une ‘écologie populaire’ qui répond aux besoins vitaux : bien se nourrir, avoir un travail porteur de sens, du temps libre pour soi et les autres, avoir accès à un médecin même dans les zones rurales, se sentir en sécurité dans la rue. Bref, une écologie qui protège et rassure”. Marie Lecocq et Samuel Cogolati représentent sans doute davantage une écologie plus radicale, tenant compte des thématiques dites “wokes” : “Nous voulons incarner un souffle nouveau : nous souhaitons ouvrir grand les portes et fenêtres d’Ecolo pour y faire entrer les réalités de terrain et enthousiasmer largement autour du mouvement !”
De l’autre côté, un duo plus expérimenté, composé de l’ancien chef de groupe à la Chambre Gilles Vanden Burre et de la secrétaire d’État à l’Égalité des chances Marie-Colline Leroy. Ce duo a une image plus consensuelle, sans doute plus proche de la ligne traditionnelle d’Ecolo. Les quarantenaires disent proposer “une écologie du réel, ancrée dans notre vie de tous les jours”. Gilles Vanden Burre et Marie-Colline Leroy entendent toutefois mettre leurs “expériences complémentaires au service de la profonde transformation de notre parti. Nous voulons une écologie qui retrouve sa joie et sa fierté militantes, des communes à l’Europe !”
Apaiser les tensions
La défaite d’Ecolo le 9 juin dernier a laissé des traces. Des fissures internes sont rapidement apparues et les premières flèches ont été décochées par le député européen sortant, Philippe Lamberts, qui n’a pris aucune pincette. Dans L’Echo, l’ancien chef des Verts européens estimait qu’Ecolo avait perdu “le chemin de la démocratie”, dénonçant “une dérive oligarchique” du parti menée par Jean-Marc Nollet et Rajae Maouane, qui prenaient l’essentiel des décisions. L’ancien eurodéputé a dénoncé le manque de “contre-pouvoir” au sein d’Ecolo, s’estimant “ostracisé”. Il regrette aussi que le parti ait mis “en avant des volets catégoriels du projet, comme la lutte pour les minorités, plutôt que des volets universels”, ajoutant que l’une des “erreurs de la gauche et des Verts, c’est de croire que le combat universel pour la dignité humaine se résume à l’addition des luttes pour les minorités opprimées.”
Ce week-end, dans La Libre, l’ancienne coprésidente et ministre du Climat, Zakia Khattabi, est plutôt venue défendre l’action de Jean-Marc Nollet, dont elle est proche. La ministre veut prendre du temps de faire l’analyse et estime que ces élections internes arrivent trop tôt : “La colère est mauvaise conseillère.” Elle ne s’est toutefois pas privée pour adresser un tacle aux deux duos qui se présenteront : “Aucun de ces candidats, constatant que la ligne n’était pas la bonne, n’a eu le courage de dire stop.” Autrement dit : tout le monde est responsable de la défaite. “Certains le sont plus que d’autres, mais personne, chez nous, n’a voulu faire la révolution.”
Parfum de crise chez Ecolo ? Le parti n’a pas le temps et doit rapidement redresser la barre en vue des communales du 13 octobre. Sans quoi l’hémorragie sera totale. Avec seulement deux députés à la Chambre et cinq députés au Parlement wallon, de nombreuses personnes au sein du parti risquent tout simplement de perdre leur job.
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