Alerte sur l’industrie belge

Illustration. Getty Image © Photo by INA FASSBENDER/AFP via Getty Images
Baptiste Lambert

L’industrie belge est dans le dur. Après la vague de faillites, symbolisée par les difficultés de Van Hool et Audi Brussels, le chômage temporaire est en forte hausse. L’industrie belge souffre de ses propres maux et des grandes difficultés de sa grande sœur, l’industrie allemande.

Au 1er semestre 2024, 154.354 travailleurs se retrouvent en chômage temporaire, selon l’ONEM. C’est 15% de plus que l’année dernière sur le même laps de temps, et c’est le niveau le plus élevé en 10 ans, si on exclut les années Covid, qui ont été marquées par des aides aux entreprises.

Ce chômage temporaire, il résulte des difficultés des entreprises, qui doivent ralentir leur activité. L’une des raisons évoquées est le mauvais temps du printemps, qui a obligé le secteur de la construction, par exemple, à reporter ses travaux.

Ralentissement industriel

Mais il y a également des points d’attention macroéconomiques. La croissance belge, qui performait mieux que la moyenne européenne, est désormais rentrée dans le rang. Ainsi, selon les premières estimations de la BNB, le produit intérieur brut en volume n’aurait augmenté que de 0,2 % par rapport au trimestre précédent, alors qu’il avait augmenté de 0,3% entre janvier et mars et que les analystes tablaient sur 0,4%. 0,1%, c’est 300 millions d’euros de revenus en moins pour l’État.

Mais le plus inquiétant, c’est la tendance. Jusque-là, la demande intérieure et l’activité liée aux services parvenaient à compenser la faiblesse de l’activité industrielle. Ce n’est plus le cas. Quant à l’activité industrielle, après avoir feinté un rebond au premier trimestre (+0,1%), elle est en net recul au 2e trimestre, de -0,3%.

L’industrie de la zone euro est en perte de vitesse. Credit : Eurostat

L’Allemagne plombe la Belgique

Comment l’expliquer ? La croissance économique en zone euro a atteint 0,3%. C’est un petit mieux qu’attendu. Mais cela cache de grandes disparités entre États. Ainsi, c’est en Espagne que la croissance est la plus élevée avec un impressionnant 0,8% au deuxième trimestre. On ne peut pas en dire autant de l’Allemagne qui dévisse de 0,1%, la lanterne rouge de la zone euro. L’industrie est clairement la cause : la production est à la peine, les exportations diminuent et les nouvelles commandes sont moribondes. Le fantôme “de l’homme malade de l’Europe” ressurgit.

Et quand Berlin tousse, Bruxelles éternue. La dépendance de l’économie belge vis-à-vis de l’économie allemande n’est plus à démontrer. Les deux économies souffrent notamment des coûts de l’énergie plus importants qu’ailleurs.

Faillites

En Belgique, il faut y ajouter des coûts salariaux importants. Et la FEB, la Fédération des entreprises de Belgique, pointe régulièrement la lourdeur de la paperasse administrative comme point faible de l’industrie belge. Entre 2023 et 2024, une vague de faillites a fait perdre à l’industrie quelque 6.600 emplois en Belgique. Et au vu des déboires de Van Hool et Audi, ce n’est sans doute pas terminé.

Attention danger. Alors que les négociations fédérales se concentrent sur les grandes réformes structurelles cette semaine, il ne faudrait pas oublier l’industrie. Rappelons qu’une croissance plombée, c’est autant de recettes en moins pour les caisses de l’Etat, qui fait déjà face à un effort budgétaire de 28 milliards d’euros. Le prochain gouvernement marche sur des œufs.

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