Prendre une assurance pour son vélo : une bonne idée ?

Même Georges Gilkinet, le ministre fédéral de la mobilité, se fait voler son vélo… Comment faire pour l’éviter, éventuellement le retrouver ou s’assurer au mieux ?

Alors qu’il passait une longue soirée au Parlement, le ministre fédéral de la Mobilité, Georges Gilkinet (Ecolo), s’est fait voler son vélo. Le « cauchemar de tout cycliste », selon le ministre qui y voit un nouveau rappel que « le vol de vélo est un fléau auquel il faut s’attaquer sérieusement ». Un constat qui n’est pas démenti par les chiffres.

Officiellement, en 2022, plus de 26.000 vélos ont été déclarés comme volés. Ce ne serait là que la pointe de l’iceberg. On estime que seul un peu plus d’un vol sur trois serait déclaré. Selon la police, le nombre réel de vélos volés avoisinerait les 300 vélos par jour. Soit plus de 100.000 par an.

Volés en rue, mais pas seulement

Si beaucoup de vélos sont volés en rue, comme celui de Georges Gilkinet, on constate une progression significative du vol de vélo directement au domicile des propriétaires. La moitié des vols de vélo a en effet lieu dans les espaces privés, dont près de la moitié dans un local fermé.

Quelques conseils pour éviter le vol :

Attachez au minimum le cadre de votre vélo à un point fixé dans le sol et, si possible, ajoutez la roue avant. Accrochez votre antivol de préférence en hauteur, au minimum à 50 cm puisqu’un cadenas est plus facilement briser sur le sol. Inclinez la serrure vers le bas pour compliquer un éventuel crochetage.

Les vélos électriques ou haut de gamme sont particulièrement visés. Ces vols à domicile ou en magasin sont, la plupart du temps, réalisés par des bandes criminelles organisées qui les revendent ensuite dans les pays de l’Est ou en Afrique du Nord. En ce qui concerne les vélos de course ou de triathlon, la plupart d’entre eux sont dépecés et revendus en pièces détachées pour éviter tout traçage. À côté des bandes organisées, il y a les voleurs à la petite semaine. Des voleurs du coin qui saisissent la moindre opportunité. Dans tous les cas, le vélo volé n’a que peu de chance d’être retrouvé. La probabilité d’une fin heureuse existe, mais elle n’est que de 4 à 5%.  Face à ce fléau, bien s’assurer peut donc se révéler particulièrement utile. Avec tout de même quelques subtilités comme le stipule Marine De Mey, chargé de projet chez Pro Velo et qui a coordonné un tableau comparatif des assurances vélos (à découvrir ici). Car, comme souvent avec les assurances, leur utilité se juge au cas par cas.

A quoi faire attention lorsqu’on veut assurer son vélo ?

Avant d’assurer son vélo, il faut tenir compte de sa valeur et de l’usage qu’on en fait. Ainsi s’il a cinq ans et ne sort qu’un dimanche par an cela ne vaut peut-être pas la peine d’y consacrer entre 63 et 140 euros par an. Soit la fourchette du montant de l’assurance annuelle. Et si ce montant passe du simple au double, c’est parce que beaucoup d’assurances ne couvrent pas seulement le vol, mais sont en réalité un package. Elles comprennent aussi la détérioration du vélo, des dommages corporels ou une assistance dépannage. Avant d’opter pour l’une ou pour l’autre, il faut donc analyser ses besoins.

Ensuite, comme chaque compagnie d’assurances propose des garanties différentes en Belgique, il faut aussi scruter les petites lignes et s’assurer qu’il ne puisse pas y avoir une mauvaise interprétation de certains termes. Les conditions de stockage varient ainsi beaucoup selon les assurances et peuvent rapidement être une bien mauvaise surprise. Comme le précise encore Marine De Mey, il faut bien faire attention dans quels endroits le vol est couvert. De plus en plus d’assurances ne couvrent plus les vélos qui sont en rue la nuit à Bruxelles (ou dans une grande ville). Même attaché avec plusieurs cadenas à un point fixe. Le fait d’être stocké à l’intérieur n’est pas non plus toujours une garantie suffisante. Par exemple, pour être couvert, le vélo doit en plus être attaché à un point fixe. D’autres assurances vont encore exiger un certain nombre de cadenas d’une certaine catégorie ART. Certaines assurances appliquent aussi des tarifs différents selon le code postal. Plus retors, la terminologie peut aussi jouer des tours. Ainsi le terme local sécurisé peut prêter à confusion. « Est-ce que les box à vélo disponibles en rue sont un local sécurisé ? Cela peut prêter à interprétation. C’est pourquoi, en cas de doute, ne pas hésiter a posé la question à l’assureur par mail, histoire d’avoir une preuve écrite le cas échéant » précise Marine De Mey.

Enfin l’âge du vélo est aussi à prendre en compte. « Si votre vélo a plus de trois ans, il est peu probable que vous parviendrez encore à le faire assurer puisqu’il aura trop perdu de sa valeur résiduelle. C’est pourquoi, si vous souhaitez prendre une assurance, il est conseillé de la prendre à l’achat ou au maximum dans l’année de l’achat ».

Bref si assurer un vélo que l’on utilise beaucoup et d’une certaine valeur comme les vélos électriques, long tail ou vélo-cargo est certainement une bonne idée, il est primordial de bien se renseigner. Sous peine de se retrouver avec une assurance qui ne couvre pas, par exemple, le principal lieu où est entreposé votre vélo. Une assurance qui ne sert donc à rien.

Quel délai pour un remboursement ?

Dans le cas d’un vol de vélo, il existe un délai d’attente. Il varie entre 7 à 30 jours. Ce délai sert à donner le temps de retrouver le vélo. Dans le cas, peu probable, où il est retrouvé, l’assureur prendra alors en charge d’éventuels frais de réparation. S’il n’est pas retrouvé dans le délai imparti, il est considéré comme perdu. Et ce n’est qu’alors, si vous répondez à toutes les conditions, qu’on vous remboursera la valeur du vélo. Attention. Il ne s’agit pas du montant de l’achat, mais bien la valeur actuelle du vélo et donc plus que probablement dépréciée.

Petite subtilité : l’assurance ne couvre que le vélo en entier. Si on vous vole, par exemple, juste la batterie de votre vélo électrique, cela ne sera pas couvert. Vous devrez racheter à vos frais cette dernière. En sachant que celle-ci vaut facilement 500 euros, cela vaut la peine de la prendre avec soi si on laisse son vélo électrique dehors. En ce qui concerne les accessoires, qui valent parfois plus que le vélo, ils doivent être déclarés au moment de la prise d’assurance et ne sont pas systématiquement couverts.

Enfin, pour que votre assurance fonctionne, il faut impérativement déclarer le vol le plus rapidement possible à la police. Vous pouvez le faire au commissariat le plus proche ou via le site Police On Web

Astuces pour retrouver plus facilement votre vélo

>> Enregistrer votre vélo sur le site mybike.brussel. Un autocollant à coller sur le cadre et un code QR permettront d’identifier votre vélo et permettent à la police de retrouver plus vite le propriétaire. On nous assure que pour la fin de l’année ce système sera aussi actif en Wallonie.

>> Faire une photo du vélo et du cadre.  

>> Personnaliser autant que possible le vélo (accessoires, couleurs, stickers), il n’en sera que plus facile à retrouver sur les sites de revente.

>> Graver son vélo permet de l’identifier plus facilement, mais complique la revente.

>> Une autre solution pour les vélos les plus chers est d’installer un traqueur sur le cadre du vélo. Les prix varient entre 30 et 200 euros. Pour le choisir au mieux il faut tenir compte de: la batterie, sa discrétion, son étanchéité, sa précision, qu’il soit relié à une application, si c’est avec abonnement et s’il signale des mouvements suspects. Le système a cependant ses limites. Si, dans certains cas, la police peut estimer que le traceur est un flagrant délit et rentrer sans mandat chez le voleur, ce n’est pas systématique. Or il faut généralement un à deux jours à la police pour obtenir un mandat de perquisition, soit un délai qui fait que la plupart des vélos ont déjà quitté le pays. Or si le vélo est déjà à l’autre bout du monde, un rapatriement risque souvent de coûter aussi cher qu’un nouveau vélo.

Rien ne vous interdit non plus de chercher votre vélo vous-même. Attention néanmoins. Si vous n’avez pas porté plainte, vous ne disposez d’aucune légitimité pour réclamer votre vélo. Plusieurs options existent en ligne.  Par exemple sur www.gevondenfietsen.be, www.velosretrouves.be ou le groupe facebook de mybike.brussels. Vous pouvez également consulter les sites de vente d’occasion tels que Ebay, 2ememain.be, marketplace… N’hésitez pas non plus à écumer les brocantes, marchés et magasins d’occasion.

Quoi qu’il en soit le ministre de la Mobilité ne perd, lui, pas l’espoir de retrouver son vélo un jour. « Je croise les doigts pour récupérer celui qui m’accompagne depuis trois ans, dans presque tous mes déplacements bruxellois”. Et si le vol de vélo est généralement considéré comme le 2e obstacle à la pratique du vélo après l’insécurité routière, il lui en faut plus pour abandonner ce moyen de transport. Pour Gilkinet, cela reste « le meilleur moyen de se déplacer dans Bruxelles ».

Quel cadenas choisir ?

On notera que même le plus solide des cadenas ne résiste pas plus d’une minute. Surtout si le voleur utilise une bombe d’azote liquide qui fragilise l’acier au point qu’un simple coup de marteau permet de le briser. Sans parler du cric hydraulique, des disqueuses sur batterie ou du coupe-boulon en acier trempé. Heureusement, ces techniques ne sont souvent utilisées que par les bandes organisées et sont donc moins fréquentes.

Il existe six grands types de cadenas : Les cadenas dits « de roue arrière » (ils ne peuvent que servir de complément et pour quelques minutes, c’est néanmoins un bon renfort au cadenas en U), les câbles (très vulnérables et à oublier), les Boas (cadenas à maillon, là aussi pas très fiables ), les chaînes (déjà mieux, mais lourd- parfois 3 kilos – et il faut un bon cadenas de fermeture), les antivols pliants (des mètres de menuisier qui sont très résistants, mais tout de même plus vulnérables que les U) et enfin, le must : le cadenas en U. Ces derniers restent imbattables en termes de rapports efficacité, prix et poids (environ 1 kilo) selon Provélo. On signalera également que si vous souhaitez assurer votre vélo, de nombreuses compagnies d’assurance exigent un cadenas possédant le label ART.

Les conseils de Provélo sont à retrouver ici.

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