Pour le CEO de Renault, il faut adapter le calendrier de la transition vers la conduite électrique

Luca de Meo
Luca de Meo © Getty

Plus de souplesse. C’est ce que demande le CEO de Renault, Luca De Meo, à l’Europe. La première échéance d’adoption de véhicules électriques arrive l’année prochaine, avec de grandes amendes à la clé, et le secteur n’est pas encore prêt.

Tout le monde roulera-t-il en électrique, en 2035 ? A en croire le CEO de Renault et président de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), Luca De Meo, c’est peut-être plus facile à dire qu’à faire. Il plaide pour plus de souplesse dans le calendrier, dans Les Echos ce lundi.

Il y a, en fait, trois échéances européennes, avec différents seuils: 2025, 2030 et 2035. Le 100% électrique en 2035 est irréaliste pour lui. Mais il est davantage préoccupé par les deux autres échéances. Et surtout les changements demandés pour l’année 2025.

20% d’électrique en 2025 ?

Pour 2025, la part de marché des véhicules électriques doit atteindre 20%, dans les ventes de véhicules neufs. C’est dans moins de six mois, et de nombreux pays en sont encore loin. “La majorité des pays n’ont pas dépassé les 7% de part de marché dans l’électrique à ce jour, alors qu’on demande aux constructeurs d’être à plus de 20% l’an prochain, et que le marché européen est globalement à 15%. Il faut que l’écosystème avance ensemble, tous ensemble. C’est de cela dont je parle quand je demande de la souplesse et de l’agilité.”

Ajoutons qu’en Belgique, portées par les voitures de société, les voitures électriques représentent déjà près d’un quart du marché (24%, sur le premier semestre de 2024).

Le problème n’est pas tant l’objectif qui ne serait pas atteint, mais les amendes qui attendent les constructeurs s’ils ne l’atteignent pas. Cela “coûtera aux constructeurs européens plus de 10 milliards d’euros d’amendes. Ou alors, il faudrait arrêter de produire 2 millions de véhicules en hybrides. Ce serait absurde”, poursuit le CEO. Le secteur se creuse déjà les méninges pour réduire les coûts de production des VE et arriver à sortir des modèles abordables et moins chers que leurs pendants thermiques, dans un contexte de concurrence chinoise élevée. De telles amendes ne feraient donc pas de bien à l’industrie européenne.

Un calendrier irréaliste, mais qui n’est pas à jeter

Ce n’est pas la première fois que De Meo émet des réserves quant à ce calendrier. Lors de l’adoption de la législation, il y a deux ans – quand la part de marché dépassait à peine les 10%-, il préconisait déjà qu’il était “irréaliste” d’atteindre le 100% électrique en 2035, et que 2040 aurait été une meilleure échéance. “Pour autant, il ne faut pas instrumentaliser le ralentissement actuel du marché pour abandonner purement et simplement l’objectif. Ce serait une grave erreur stratégique”, précise-t-il.

L’industrie a déjà massivement investi et il ne faut donc pas tout “jeter par la fenêtre” et abandonner les objectifs de transition (petite musique qu’on peut parfois entendre auprès de certains politiques) à cause de ce ralentissement, entre autre lié à la conjoncture économique. Au contraire, De Meo appelle à saisir le challenge de ce ralentissement pour innover et réduire les coûts et améliorer et étendre le réseau de recharge, pour continuer à convaincre les clients. Une idée pionnière pour réduire les coûts serait par exemple que différents fabricants travaillent ensemble, comme le font les Chinois. A ce titre, De Meo regrette que les négociations avec Volkswagen n’aient finalement pas abouti.

Il ajoute aussi qu’il y a d’autres alliés pour mener à bien cette transition, mais que les politiques se concentreraient trop sur les véhicules électriques ; “A la roulette, on ne peut pas miser tout sur une couleur”. Il pointe notamment le fait d’accélérer la rénovation du parc automobile existant et d’en exclure les véhicules les plus polluants. Comme c’est déjà le cas aujourd’hui avec les normes Euro, certains véhicules sont interdits de circuler dans des villes, comme à Bruxelles. D’autres solutions seraient à trouver du côté des carburants. Les hybrides rechargeables, qui ont une batterie plus importante que les hybrides classiques, sont aussi une piste.

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