Les voitures électriques à la casse beaucoup plus vite que les thermiques

Un véhicule électrique Model Y défectueux se tient sur une remorque devant l'usine Tesla Gigafactory Berlin Brandenburg.

Selon une enquête de Reuters, un dégât même minime au niveau de la batterie des voitures électriques peut leur être fatal et les conduire directement à la casse. Un problème de taille pour l’industrie.

L’agence de presse britannique Reuters a mené une enquête en Europe et outre-Atlantique a en se posant la question suivante : pourquoi y a-t-il autant de voitures électriques à la casse alors qu’elles représentent moins de 15 % des véhicules en circulation ? Un constat interpellant qui pourrait avoir des conséquences pour  l’industrie automobile électrique mais aussi pour les utilisateurs.

Reuters fait cette constatation en remarquant un nombre élevé d’épaves électriques, rapporte le site français spécialisé O1.net. Qu’il s’agisse de Tesla, Hyundai, Renault, Peugeot, BMW ou encore Volkswagen, le constat est le même : des voitures électriques, même légèrement accidentées ou avec un faible kilométrage, sont envoyées à la casse en lieu et place d’être réparées.

Des batteries trop chères à réparer

D’après les conclusions de l’enquête, le prix des batteries de ces véhicules mais aussi la politique en matière d’assurance seraient en cause. Sur une voiture électrique, la batterie est sans doute l’élément le plus cher. Dans certains cas, le pack de batteries peut atteindre 50 % du prix de vente, soit plusieurs dizaines de milliers d’euros. Or, la réparation de ces batteries est une opération longue, coûteuse et qui ne serait pas sans risques, explique le site français.

Des batteries irréparables

En outre, un diagnostic sur les batteries de ces voitures électriques, afin d’envisager une éventuelle réparation, est quasi impossible. Les constructeurs ne permettent en effet pas d’accéder aux données liées aux cellules, dans le but de préserver leur compétitivité et leurs secrets industriels, selon l’enquête de Reuters. Dès lors, il est impossible, pour un réparateur ou tout autre tiers, d’estimer le coût d’une intervention, poursuit le média.

UNE BATTERIE ÉLECTRIQUE présentée par Audi au Salon de l’Auto, à Bruxelles.

Dans ces cas, plutôt que d’engager des opérations coûteuses et risquées, les assureurs font le choix d’envoyer les voitures à la casse. Sur le SUV Tesla, donne comme exemple 01.net, les batteries sont jugées irréparables. Sur la Model 3, elles sont beaucoup trop chères, soit environ 20.000 euros pour une intervention, sur un véhicule qui en coûte pas moins de 45.000.

Interrogé par Reuters, Michael Hill, responsable des opérations chez Synetiq, le plus grand gestionnaire de casses en Grande-Bretagne, estime que 95 % des cellules de centaines de voitures électriques (et de milliers d’hybrides) sur ses sites seraient intactes et pourraient être réutilisées plutôt qu’être recyclées. Michael Hill parle d’une vingtaine de véhicules par jour qui terminent inutilement au rebut.

Une réglementation européenne pas assez contraignante

L’enquête de l’agence Reuters pointe aussi du doigt le rôle des constructeurs dans la fabrication ou l’intégration des batteries dans leurs voitures. Certaines marques travaillent déjà à rendre leur pack de batteries plus accessibles et plus facilement réparables, c’est le cas de Ford ou General Motors détaille 01.net.

L’autre souci vient des assureurs, qui augmenteraient leurs tarifs lorsqu’il s’agit d’assurer des véhicules électriques. Reuters évoque une augmentation de la franchise de l’ordre de 27 % aux États-Unis.

Des solutions existent à cette situation. L’Europe a récemment changé sa réglementation en matière de batteries pour les voitures électriques, mais sans imposer de véritables contraintes aux constructeurs. 

Des conséquences écologiques et économiques

Cette situation relance le débat sur l’impact écologique des voitures électriques comparée à une voiture thermique. « Nous achetons des voitures électriques pour des raisons environnementales, mais un véhicule électrique n’est pas vraiment respectueux de l’environnement s’il faut jeter sa batterie à la poubelle après une petite collision », explique Matthew Avery, directeur de recherche chez Thatcham Research, un cabinet de conseil en automobile, cité par 01.net.

Un employé de la société Fortech montre des métaux recyclés à partir de batteries de voitures électriques à Cartago, au Costa Rica, le 20 février 2023.

Comment faire durer une batterie ?

L’usure de la batterie est fonction de son âge, du nombre de cycles de charge et, aussi, de la manière de charger. Pour s’assurer une longue vie, voici les recommandations :

– Limiter les charges rapides. Les charges rapides (à courant continu) tendent à accélérer la détérioration des cellules. Il vaut mieux les réserver aux grands trajets, et assurer la majorité des charges sur des bornes à courant alternatif (AC), à la maison ou dans les rues.

– Ni trop ni trop peu. Utilisez surtout le véhicule avec une batterie entre 20% et 80% de charge. Décharger complètement une batterie est mauvais pour la durabilité de cet élément, de même que la charge à 100% trop fréquente. Notons que sur ce dernier point, les batteries de type LFP (lithium, fer, phosphate), qui équipent certains modèles de base (notamment chez Tesla), peuvent sans souci charger à 100%.

– Pas de coup de chaud. Evitez les fortes chaleurs. Charger un véhicule au soleil par 40 degrés n’est pas bon.

– Pas de stockage long sans recharge. Une voiture inutilisée pendant plusieurs semaines doit être maintenue entre 20% et 50% de charge dans une zone protégée du soleil.

ROBERT VAN APELDOORN

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