Leasing: surfacture-t-on les voitures électriques ?
Surfacturer les voitures électriques sans raison, c’est ce que dénonce l’ONG Transport & environnement contre les compagnies de leasing.
Les sociétés de leasing profitent-elles de la transition écologique et du passage à l’électrique pour faire davantage de profit ? C’est la question que soulève l’étude publiée cette semaine par l’ONG Transport et environnement (T&E), une organisation à but non lucratif et financée entre autres par des fondations environnementales et la Commission européenne.
Il faut savoir que le leasing est un type de crédit à la consommation qui permet à un consommateur de jouir d’un bien en contrepartie d’un paiement mensuel, comme pour une location. A la fin de ce contrat, celui-ci peut décider d’acquérir ou non le bien. Il est principalement utilisé dans le domaine de l’automobile.
Dans cette étude, les chercheurs ont donc découvert qu’en Europe, les contrats de leasing pour les voitures électriques étaient 57% plus chers que leur équivalente essence. Cela équivaut en moyenne à un surplus de 233€ par mois et 8 370€ pour trois ans de contrat. Ils prennent notamment pour exemple une Peugot 208 électrique qui coûte environ 574€ par mois, tandis que son équivalent essence est proposé pour 371€ par mois.
Alors pourquoi un tel écart et surtout, comment est-il justifié ? L’ONG avance que les sociétés de leasing facturent le client en fonction de la perte de valeur de la voiture durant les trois ou quatre années du contrat. Facturer davantage les voitures électriques signifierait que celles-ci perdent plus de valeur que les essences. Pourtant, ce n’est plus le cas, et les voitures électriques d’occasion ont des prix de revente similaires à ceux des voitures diesel et essence. Pour eux, le prix plus élevé des voitures électriques est donc injustifié.
Et pour le prouver, T&E a analysé les prix de 2,7 millions de voitures d’occasion. Sur les plus gros marchés européens – Allemagne, France, Royaume-Uni – la perte de valeur des voitures électriques équivaut à celle de leurs homologues diesel et essence. Il se trouve même que d’après l’étude, les voitures électriques gardent davantage leur valeur au fil du temps, les conducteurs ayant plus confiance dans les modèles récents dotés de technologies avancées. Et que la demande pour des voitures électriques neuves ou d’occasion n’a jamais été aussi haute.
Un rôle à jouer dans la transition écologique
Pourtant, avec leur 12 millions de véhicules en Europe, les compagnies de leasing ont un rôle « surdimensionné » à jouer dans la transition vers la voiture zéro émission, selon T&E. L’ONG précise qu’en 2022, ces compagnies comptaient pour 22% des nouvelles voitures enregistrées en Europe.
Pour eux, ces compagnies de leasing, majoritairement détenues par des banques ou des marques de voiture – Société Générale (ALD), BNP Paribas (Arval), LeasePlan, Volkswagen ou Mercedes – n’ont pas pour objectif de devenir 100% électrique d’ici 2030, mais se tournent plutôt vers l’hybride.
En France et en Espagne, parmi les plus larges marchés d’Europe, les compagnies de leasing sont bien en dessous des autres compagnies automobiles ou même des utilisateurs privés en termes de transition vers l’électrique. Pourtant, l’enjeu est de taille alors que l’Union européenne souhaite devenir neutre en carbone d’ici 2050, en passant notamment par l’interdiction de la vente de voiture émettrice à partir de 2035. Reste à savoir si les compagnies de leasing finiront par jouer le jeu.
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