voiture électrique

La Wallonie est en train de rater complètement le tournant de la voiture électrique

voiture électrique borne
© ISTOCK
Baptiste Lambert

À considérer que la voiture électrique est l’avenir de la mobilité, au moins à moyen terme, la Wallonie est en train de passer à côté. Le fruit d’un choix politique, mais pas seulement.

Les chiffres des nouvelles immatriculations de l’organisation sectorielle Traxio sont sans appel, au premier trimestre 2024 : 8 voitures électriques sur 10 sont vendues en Flandre. 3.971 voitures y ont été immatriculées, ce qui représente une augmentation de 140% par rapport au premier trimestre 2023. Avec 757 véhicules électriques, la Wallonie fait un bond d’à peine 10%. Bruxelles fait +46,9% avec 141 véhicules, mais la capitale est un cas particulier, tant la mobilité y est multimodale.

Les Wallons se rattrapent sur l’occasion ? Pas vraiment. Avec 1.981 immatriculations, le nord du pays fait +202%, là où la Wallonie ne fait que +62,9%, avec 487 véhicules électriques. Globalement, le marché de l’occasion électrique reste très poussif.

Un choix politique

Les raisons d’un tel désamour ne doivent pas être cherchées bien loin. C’est d’abord un choix politique. La Flandre offre une prime qui va jusqu’à 5.000 euros pour l’achat d’une voiture électrique, là où la Wallonie ne prévoit rien.

En outre, le gouvernement wallon et le ministre de l’Énergie Philippe Henry (Ecolo) n’ont pas toujours envoyé des signaux favorables à la voiture électrique. La réforme de la taxe de mise en circulation, par exemple, d’une voiture électrique peut être beaucoup plus chère qu’une voiture thermique, si elle est puissante et lourde.

Sans oublier le maillage des bornes de recharge qui a pris beaucoup plus de temps au sud du pays. “Nous ne sommes nulle part”, taclait le député wallon de l’opposition Jean-Luc Crucke (Les Engagés), dans nos colonnes. Le tableau est un peu plus nuancé, mais il est vrai que le sud du pays est très en retard par rapport à la Flandre, au niveau des bornes communales, surtout, mais aussi sur le réseau structurant, au niveau des bornes de recharge rapide.

Leasing

L’autre grande explication réside dans le fait que toutes les sociétés de leasing sont basées en Flandre, à l’exception d’Ethias Lease. Or, les voitures de sociétés sont le principal moteur des nouvelles immatriculations.

Ce n’est pas vraiment un choix pour les entreprises : la dernière réforme fédérale des voitures de société a limité les avantages fiscaux aux seules voitures hybrides et électriques pour les entreprises. Le parc automobile est donc en train de changer.

Il reste que le désamour des Wallons pour les voitures électriques est très important. D’abord parce qu’elles coûtent plus cher, ensuite parce qu’il reste de nombreux a priori et doutes. Que ce soit sur l’autonomie, le prix de la recharge, le prix de l’assurance et le prix de l’entretien. Des facteurs qui déterminent la rentabilité d’une voiture électrique par rapport à une voiture thermique. Pourtant, la date de décès de la voiture thermique semble déjà connue : le 1er janvier 2035. C’est en tout cas ce que l’Union européenne a validé.

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