“Les gens cherchent des alternatives au livret”

"On observe un modeste regain de croissance et les marchés d'actions l'anticipent. Cela crée un momentum positif." © BELGAIMAGE

Hugo Lasat, membre du conseil de direction de Petercam, est aussi le président de Beama, l’association qui regroupe les professionnels de la gestion d’actifs en Belgique. Il se réjouit bien sûr de la dynamique qui pousse l’épargnant à revenir vers les sicav.

Et il dégage les grandes tendances qui animent le marché des OPC (les organismes de placement collectif, autrement dit les sicav et fonds de placement).

La crise a-t-elle modifié le paysage ?

On observe dans les banques de réseaux davantage de volonté de diversifier les offres de produits. Après la crise de 2008, les banques privilégiaient les produits d’épargne qui se retrouvaient sur leur bilan : carnets d’épargne, comptes à terme, bons de caisse, afin de s’assurer des sources de financement. Mais depuis deux ans, les ratios de liquidité des banques se sont rétablis, la liquidité dans le marché est assez abondante. Les produits “hors bilan”, comme les fonds de placement, ont donc été davantage mis en avant. En plus, l’épargnant lui-même est à la recherche d’une plus grande diversification, de davantage de rendement. Et cela le pousse aussi vers les OPC.

Vers quels types de produits, plus spécialement ?

Les fonds mixtes, qui mêlent actions, obligations…. C’est une tendance internationale. Les épargnants recherchent clairement des produits diversifiés.

Malgré des OLO à 10 ans qui n’offrent plus que 0,7 % ?

Oui. La partie obligataire compense le risque pris du côté des actions. C’est le jeu classique de la diversification entre plusieurs classes d’actifs (immobilier coté, actions, obligations en euros ou en d’autres devises, etc.). Les particuliers se rendent compte que le moyen de réaliser une diversification efficace est d’investir dans ces fonds mixtes.

Une autre tendance lourde est celle d’épargner pour sa retraite.

En effet. Tout ce qui est fonds d’épargne pension va continuer à croître. Le Belge a compris que le premier pilier est insuffisant à lui seul. Le deuxième aussi, le troisième aussi. Mais les trois mis ensemble peuvent maintenir une certaine qualité de vie après la pension. C’est une tendance lourde : 70 % de la population active détient une assurance pension ou un fonds d’épargne pension. C’est une proportion remarquable. Même les moins de 30 ans, lorsqu’ils arrivent sur le marché de l’emploi, songent immédiatement à se constituer une épargne pension. Ce comportement est, il est vrai, encouragé par un stimulus fiscal.

A côté des fonds mixtes, les fonds d’actions reprennent aussi significativement.

On observe un modeste regain de croissance et les marchés d’actions l’anticipent. Cela crée un momentum positif. Autres tendances : le rôle grandissant de la fiscalité qui exerce un impact significatif sur les sicav obligataires. En Europe, les sicav obligataires sont celles qui ont connu clairement une progression exponentielle. Mais en Belgique, on n’observe pas le même phénomène. C’est dû à une taxation excessivement lourde (taxe boursière, taxe sur la plus-value, précompte sur les intérêts, taxe d’abonnement, etc.) sur ce type de produit qui est pourtant l’instrument le plus populaire et qui devrait constituer le fonds de portefeuille de tous les ménages. Je constate pourtant que, comparée à une obligation individuelle, une sicav obligataire est perdante. Alors que ce devrait être le contraire : on devrait stimuler la diversification plutôt que la prise de risque dans un produit individuel.

Vous vous attendez à un bon cru cette année ?

Oui, c’est évident. Il existe une forte corrélation entre l’évolution favorable des marchés et l’appétit des gens pour les OPC. Si le marché performe bien pendant un certain temps, les encours montent. Et puis dans l’environnement de taux bas actuel, les gens cherchent des placements alternatifs au bon de caisse ou au livret d’épargne. Les gens investissent davantage à long terme, diversifient plus. Ils sont donc davantage tournés vers les OPC. Nous n’allons pas nous en plaindre !

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