Victoire de Wilders aux Pays-Bas: une vague brune qui menace de déferler sur toute l’Europe
Nos voisins ont plébiscité l’extrême droite “historique”. Un signal avant ce qui pourrait se passer en Flandre, en Allemagne et en France, après l’Italie. L’ombre de la Russie de Poutine plane…
Geert Wilders triomphe. L’ancien libéral devenu trublion d’extrême droite a remporté haut la main les élections législatives aux Pays-Bas, consécutives à la démission du libéral Mark Rutte. Avec 23,5% et 37 sièges, son PVV recueille la meilleure performance de son histoire. “En route vers le gouvernement le plus à droite de l’histoire des Pays-Bas”, commente le politologue Pascal Delwit (ULB).
Tensions communautaires
Geert Wilders avait quitté les rangs libéraux voici vingt ans, suite à une période trouble de l’histoire des Pays-Bas, quand le populiste Pim Fortuyn et le cinéaste Theo Van Gogh avaient été assassinés sur fond de rupture du pacte social et d’apparition des tensions communautaires. Dans un pays traditionnellement fort de son consensus social et de sa politique apaisée, cette période avait fait tout basculer. Le ton décomplexé et les cheveux peroxydés de Wilders, qui avait repris l’héritage de Fortuyn, en ont fait le précurseur de bien des populismes, dont celui de Donald Trump aux Etats-Unis.
Longtemps considéré comme un underdog, le voici sur le devant de la scène. Ce n’est sans doute pas un hasard si Geert Wilders récolte les fruits d’une période marquée par de nouvelles tensions du même ordre, avec la guerre israélio-palestinienne en toile de fond, son cortège d’horreurs et de polarisations exacerbées. Une époque caractérisée, aussi, par la défiance envers la politique traditionnelle.
La volonté de faire table rase est évidente chez nos voisins. Si le cartel entre les verts et les socialistes progresse légèrement, une autre émergence est saluée par les électeurs: le Nouveau contrat social de Peter Omzigt, une dissidence des chrétiens-démocrates, décroche 12,8% et 20 sièges pour sa première apparition. La coalition ne sera pas aisée à composer, mais la volonté de rupture est évidente.
Un signal pour la Flandre, la France…
Ce n’est évidemment pas un hasard si le Vlaams Belang et le Rassemblement national ont salué cette victoire de Geert Wilders. Participant à cette nouvelle internationale brune, ces deux partis voient également se profiler un triomphe de cette nature.
Le Vlaams Belang de Tom Van Grieken caracole en tête des sondages en Flandre, au-dessus des 25%. Si notre système compliqué devrait l’empêcher d’accéder au pouvoir, à moins d’un revirement de la N-VA au Nord, il sera en capacité de peser fortement sur les débats. En France, Marine Le Pen a également le vent en poupe, sondée à plus de 30% pour le premier tour des présidentielles. Et désormais “présidentiable” au point que certains la voient déjà triompher en 2027.
Le pire, c’est que le climat politique actuel favorise leur dynamique et… dédiabolise leur profil. Les tensions religieuses et le chaos géopolitique mondial donnent à leur discours un vernis de respectabilité. Tandis que les autres partis font tout pour les aider, que ce soit le virage communautariste de la gauche, les dérapages de certains (Conner Rousseau) ou les outrances d’autres (Eric Zemmour).
Ailleurs aussi, les extrêmes pavoisent. L’Italie a déjà basculé avec Giorgia Meloni, dont le profil s’est lissé à l’exercice du pouvoir. A contrario, l’Afd allemande vise un résultat important aux prochaines législatives, avec un discours ouvertement extrémiste. Le tout alors que Donald Trump pourrait retrouver le pouvoir aux Etats-Unis lors de la présidentielle de novembre prochain.
En toile de fond de cette toile de fond, la Russie de Vladimir Poutine fait tout pour exacerber les tensions au sein des démocraties européennes, en multipliant les attaques de trolls et en entretenant le chaos mondial. Des élections manipulées? On a déjà vu cela à plusieurs reprises, du Brexit à Trump.
C’est le triste parfum de notre époque.
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