Trump propose un nouvelle approche face à l’IA

Le président américain Donald Trump a annulé lundi un décret pris par son prédécesseur Joe Biden sur la sécurité en matière d’intelligence artificielle (IA), un geste interprété comme un changement de braquet vers une approche réglementaire plus modérée.

Le texte initial, dévoilé en octobre 2023, imposait notamment aux entreprises du secteur de transmettre au gouvernement fédéral certaines données relatives à leurs modèles d’IA. Il leur fallait ainsi communiquer les résultats de tests lorsque les programmes présentaient “un risque sérieux en termes de sécurité nationale, de sécurité économique nationale, ou de santé publique”.

Moins interventionniste

Le décret donnait aussi mission à l’Institut national des standards et de la technologie (NIST) de formuler des recommandations et définir des standards concernant l’IA. Il enjoignait également l’ensemble des agences gouvernementales de procéder à une évaluation des risques liés à l’IA concernant leurs activités. Donald Trump ne s’est pas exprimé sur le sujet lundi mais, pour Darrell West, chercheur au centre de réflexion Brookings Institute, cette décision montre que “son gouvernement va vers une approche moins interventionniste sur l’IA”.

Plus de marge de manoeuvres

Le nouveau chef de l’Etat entend “laisser plus de marges de manœuvre aux entreprises privées et aux agences gouvernementales dans leur utilisation de l’IA”, estime-t-il. L’émergence de l’IA générative ces deux dernières années a marqué une accélération du développement de l’intelligence artificielle et de ses capacités à effectuer des tâches et prendre des décisions de manière autonome.

Ces nouvelles aptitudes suscitent l’enthousiasme mais aussi l’inquiétude quant à de possibles dérives, des “deepfakes” (faux films ou photos créés par IA) au développement de biais discriminants, jusqu’à la perte de contrôle d’un logiciel militaire. “Le décret (de Joe Biden) a joué un rôle utile pour définir l’approche des secteurs privé et public à un moment-clé pour la technologie”, a commenté le Centre pour la démocratie et la technologie (CDT), organisation indépendante favorable à une tech encadrée.

Pas forcément inquiétant

“Je ne trouve pas que (l’annulation du décret) soit inquiétante”, a réagi Dean Ball, chercheur à l’université George Mason. Pour lui, le décret de Joe Biden “voulait tout englober” et le gouvernement Trump “serait plus inspiré de traiter le sujet de façon plus mesurée et précise”. Le chercheur affirme que le décret n’induit pas le retrait de décisions prises sur l’encadrement de l’IA par des agences gouvernementales.

Il rappelle aussi que de nombreuses lois ont déjà été votées au niveau des Etats américains et que beaucoup d’autres sont en préparation, certaines inspirées par le règlement européen adopté par les 27 pays membres de l’UE fin mai. Ce cadre législatif, qui entrera en application, pour l’essentiel, à partir de 2026, vise à favoriser l’innovation en Europe tout en limitant les risques de dérives de l’IA.

L’intelligence artificielle est présente dans la plupart des secteurs, ou presque, avec ses partisans et ses détracteurs, mais quel est son impact?

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