Trump a-t-il commis une erreur fatale ?

Trump casquette
© Getty Images
Baptiste Lambert

Un sondage Ipsos entrevoit une avance de Kamala Harris sur Donald Trump au niveau national. C’est une grande première depuis le retrait de Joe Biden de la course à la Maison Blanche. Hier, il est devenu quasiment officiel que Kamala Harris serait la candidate démocrate qui affrontera Donald Trump.

Il est encore bien tôt pour parler de tendance, mais ce n’était pas arriver depuis des mois : le candidat démocrate à la présidentielle dépasse le candidat républicain. Ainsi, dans le dernier sondage Ipsos, Kamala Harris devance de 4 points Donald Trump, à 42% contre 38%. Tous les précédents sondages récents lui étaient personnellement défavorables, comme le montre Nate Silver, l’un des papes des sondages aux États-Unis.

Nate Silver met toutefois en garde. Selon lui, il faudra au moins attendre quelques semaines pour y voir plus clair. “Le cycle de l’information évolue très rapidement. Harris est devenue la candidate démocrate présumée seulement hier. Le débat fatidique de Biden date de moins d’un mois, et la tentative d’assassinat s’est déroulée il y a à peine 9 jours. Il faudra peut-être attendre la première ou la deuxième semaine d’août pour que la course entre dans une sorte d’état stable.”

Rappelons également qu’une victoire du vote populaire au niveau national ne signifie pas automatiquement une victoire finale, l’important étant surtout de remporter les Swing States, ces États qui changent régulièrement de couleur politique. Rappelons enfin que les sondages n’ont pas été très performants lors de la première élection de Donald Trump.

Une grave erreur

Ceci étant dit, beaucoup prédisaient à Trump une victoire quasi assurée face à l’octogénaire Joe Biden. C’est d’ailleurs ce qui a poussé un nombre croissant de démocrates à mettre la pression sur le président américain. Mais Donald Trump n’a-t-il pas une part de responsabilité ?

Le républicain n’a cessé de rabaisser son concurrent, insistant sur son incapacité physique et cognitive à mener campagne, et à fortiori, à pouvoir gouverner. Donald Trump a peut-être gagné haut la main le débat présidentiel, mais il a sans doute commis une grave erreur en faisant avancer le débat aussi tôt dans la campagne électorale. En effet, traditionnellement, un tel débat se tient en septembre. S’il avait maintenu ce calendrier, il aurait été impossible pour les démocrates de pouvoir se tourner vers un autre candidat, faute de temps, les élections se déroulant le 5 novembre prochain.

Du côté républicain, c’est un peu panique à bord. Comme en attestent les nombreux messages de Donald Trump sur Truth Social, son réseau social, indiquant que la candidature de Joe Biden a fait perdre “du temps et de l’argent” au Parti républicain et qu’il “fallait tout recommencer”.

Kamala Harris devra se faire aimer

Jusqu’il y a peu, Kamala Harris a vécu dans l’ombre de Joe Biden. Son taux de popularité n’est pas du tout impressionnant. Mais la vice-présidente, qui a prononcé son premier discours ce mardi, a plusieurs atouts dans sa manche. Elle est relativement jeune (59 ans), est une femme et issue d’une minorité. De quoi convaincre ces trois publics où Trump performe très peu.

Sur le plan des idées, malgré son combat pour la défense de l’IVG, elle est décrite comme plus à droite que Joe Biden, ce qui pourrait lui permettre de rallier les républicains les plus modérés et les républicains conservateurs mais anti-Trump. Son passé de procureure aguerrie la décrit comme une personne qui ne transige pas.

Sur le plan économique, par contre, elle est considérée comme plus progressiste que le président américain sortant. Notamment en matière de climat et de santé. Mais elle devra aussi s’adresser à la working class américaine, comme a pu le faire Joe Biden, malgré le point noir de l’inflation. C’était d’ailleurs le sens du premier message de Kamala Harris, post-candidature : “Nous croyons en un avenir où chaque personne a la possibilité non seulement de s’en sortir, mais aussi d’avancer. Un avenir où chaque travailleur a la liberté d’adhérer à un syndicat. Où chaque personne bénéficie de soins de santé abordables, de services de garde d’enfants abordables et de congés familiaux payés. Nous croyons en un avenir où chaque personne âgée pourra prendre sa retraite dans la dignité. Cela veut donc dire que la construction de la classe moyenne sera un objectif déterminant de ma présidence.”

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