Pas de sanctions supplémentaires et pas de cessez-le-feu: Poutine met-il Trump dans sa poche?

Vladiir Poutine, le 19 mai. (Alexander Kazakov/Russian Presidential Press and Information Office/TASS/Sipa USA)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le président américain se félicite de “négociations de paix immédiates” entre la Russie et l’Ukraine. Mais après un appel de deux heures, le narratif qui l’emporte est celui d’un président russe qui réussit toujours à gagner du temps et éviter une fermeté plus grande.

Donald Trump se félicite: après un appel téléphonique de deux heures avec son homologue russe, Vladimir Poutine, le président américain évoque des “négociations de paix immédiates” entre la Russie et l’Ukraine. Les discussions pourraient même, à l’entendre, se tenir au Vatican, sous l’égide morale du nouveau pape, Léon XIV.

Pour le reste, le locataire de la Maison Blanche se félicite surtout de pouvoir bientôt faire “beaucoup de commerce” avec ce grand pays qui a tout pour être riche… C’est son obsession.

Aucune mention de sanctions supplémentaires, pas de cessez-le-feu immédiat: les conditions posées par les alliés européens sont passées à la trappe, du moins dans le narratif consécutif à l’appel.

Vladimir Poutine esquisse une moue en évoquant le terme d’un “compromis” à chercher, mais il n’évoque qu’un “mémorandum” préalable à des négociations ou un un cessez-le-feu temporaire si des accords sont conclus.

Bref, il gagne du temps.

“La recette d’une longue guerre”

“La position de Trump consistait à dire qu’il faut un cessez-le-feu avant toute discussion, confirme Carl Bildt, ancien Premier ministre suédois et expert diplomatique renommé. Mais il a de facto accepter la position de Poutine de discussions préalables à tout cessez-le-feu. Un revirement. C’est la recette certaine d’une guerre plus longue.”

“La déclaration de Poutine est un chef-d’œuvre de sur place”, ironise un diplomate européen cité par Le Monde.

On a l’impression que Trump se lave les mains de toute cette affaire et veut en terminer, estime Sergey Radchenko, professeur à la School of Advanced International Studies de l’université Johns-Hopkins, à Baltimore (Maryland), cité par le quotidien. Il n’y a pas de menaces cette fois adressées à la Russie, ce qui soulève des questions sur son intention d’accroître la pression via des sanctions. Poutine ne pourrait pas être plus satisfait.”

Chaque contact direct entre Donald Trump et Vladimir Poutine semble tourner à l’avantage du Russe, comme si une fascination de l’homme fort s’exercait sur l’Américain.

La frustration de Trump est toutefois perceptible. A plusieurs reprises, il a menacé de cesser ses efforts diplomatiques si le blocage se prolongeait. Significativement, il a également conclu un accord économique avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qu’il consulte régulièrement. Tout en prenant le temps d’accorder régulièrement son action avec les Européens. Apparemment sans grand résultat, ici.

L’inquiétude de Zelensky

Inquiet, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé lors d’une conversation téléphonique avec Donald Trump que le président américain ne prenne “aucune décision” sur l’Ukraine sans l’aval de Kiev.

“Personne ne renoncera à notre terre, à nos territoires, à nos gens, a-t-il ajouté . Si la Russie pose des conditions pour le retrait de nos troupes de notre territoire, cela signifie qu’elle ne souhaite pas de cessez-le-feu et ne veut pas que la guerre prenne fin”. Comme un refrain connu.

Si Moscou et Kiev se jaugent inévitablement et lancent des ballons d’essai diplomatique pour tente de renouer un dialogue, l’âme damnée du Kremlin, Dmitri Medvedev, a insisté sur le fait qu’un tel processus pourrait aussi bien déboucher sur une cessation des hostilités que sur un conflit plus large.

Cela veut tout dire des réelles intentions de la Russie.

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