L’organisation de lutte contre le blanchiment Gafi suspend l’adhésion de la Russie

Poutine

L’adhésion de la Russie comme membre du Groupe d’action financière (Gafi) a été suspendue, a annoncé vendredi cette organisation de lutte contre le blanchiment, lui reprochant notamment la “violation manifeste” des “principes fondamentaux” de l’institution.

“Les actions inacceptables de la Fédération russe vont à l’encontre des principes fondamentaux du Gafi visant à promouvoir la sécurité et l’intégrité du système financier”, souligne le Gafi dans un communiqué, renouvelant son “soutien au peuple ukrainien”.  La Russie reste toutefois dans l’obligation de respecter les principes du Gafi, précise ce dernier.

“Une telle décision n’est pas fondée (et) ne respecte pas les procédures établies et dépasse le mandat de l’organisation”, a réagi Moscou dans la foulée. “Cette décision (…) n’entraîne aucune obligation ni restriction pour les institutions financières en Russie et à l’étranger. Le système russe de +lutte contre le blanchiment d’argent+ continuera de fonctionner conformément à la législation en vigueur”, a ajouté la Russie.

La Russie exclue presque partout

L’organisme de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme comptait jusqu’à présent 39 membres. Plus de 200 pays et juridictions au total se sont engagés à mettre en œuvre les normes du Gafi.

Dans le sillage de l’invasion russe en Ukraine, le Gafi avait déjà interdit à Moscou d’avoir un quelconque rôle de conseil ou de prise de décision au sein de l’institution basée à Paris.

La Russie a été exclue du Conseil de l’Europe et suspendue du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, mais reste membre de nombreuses grandes organisations internationales. En mars, Interpol avait par exemple refusé de suspendre Moscou, mais annoncé un renforcement des procédures de contrôle appliquées dans la transmission des messages de la Russie aux autres pays membres.

Le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis a salué “la suspension de l’adhésion de la Russie”, dans un tweet.

Liste grise

Par ailleurs, au terme d’une réunion de cinq jours à Paris, le Gafi a mis à jour sa liste grise des pays soumis à une surveillance renforcée. Le Maroc et le Cambodge en sont sortis, tandis que le Nigeria et l’Afrique du Sud ont été ajoutés. Le Maroc avait été placé dans la liste des pays sous surveillance en février 2021, et le Cambodge en février 2019, pour manquements dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

“Ce rapport a salué l’engagement politique formel du Royaume pour la conformité du dispositif national de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, avec les normes internationales, ainsi que le total respect par notre pays de tous ses engagements dans les délais fixés”, s’est félicité le département du Chef du gouvernement du Maroc dans un communiqué. 

Le Maroc espère que cette décision aura un impact positif sur “les notations souveraines et les notations des banques locales”, tout comme “elle renforcera l’image du Maroc et son positionnement lors des négociations avec les institutions financières internationales, ainsi que la confiance des investisseurs étrangers dans l’économie nationale”.

La liste noire des pays à risque “élevé” de blanchiment d’argent, financement du terrorisme et de prolifération d’armes de destruction massive, n’a quant à elle pas été modifiée.

Le Gafi, chargé d’étudier la façon dont le terrorisme est financé et l’argent blanchi, élabore des normes et émet des recommandations afin que les pays membres puissent prendre les mesures nécessaires pour remédier aux défaillances relevées par l’organisme. “Le processus du Gafi contribue à protéger l’intégrité du système financier international en émettant un avertissement public sur les risques émanant des juridictions identifiées”, décrit-il.

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