La victoire de Trump en Ioawa préfigure un retour “problématique pour nous, Européens”

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La large victoire de l’ancien président américain, revanchard, au caucus de l’Iowa illustre une certitude: l’Europe doit se préparer à se défendre par elle-même. Et à soutenir l’Ukraine sans le même appui inconditionnel des Etats-Unis.

C’était écrit: le président américain Donald Trump a remporté haut la main le premier caucus des primaires républicaines, dans l’Iowa. Avec 51 % des voix, contre 21,2 % pour Ron DeSantis, le gouverneur de Floride et 19,1 % pour Nikki Haley, ancienne ambassadrice américaine aux Nations unies, il écrase le début des primaires.

Cette victoire attendue illustre une certitude, désormais: seul un retournement de situation improbable, notamment du côté judiciaire, pourrait empêcher Trump de défier Joe Biden à la présidentielle de novembre prochain. Avec de grandes chances de l’emporter.

Pour l’Europe, c’est un signal d’alarme, laissant entendre qu’elle doit se préparer à une période nouvelle avec des Etats-Unis qui retirent leur appui conditionnel à l’Ukraine, notamment.

“Des relations transatlantiques affaiblies”

“On ne peut certainement pas exclure une présidence Trump, soulignait Tanguy Struye, professeur de relations internationales à l’UCLouvain, dans notre Trends Talk de rentrée. Les sondages sont plutôt mauvais actuellement pour le président Biden. Ce serait problématique pour nous, Européens, parce que cela va clairement affaiblir les relations transatlantiques. Cela va renforcer cette volonté qu’a Trump de nouer des liens avec des régimes aurtoritaires.”

Paradoxalement, nous disait Tanguy Struye, le bilan de Joe Biden est “plutôt très bon”, tant en politique intérieure avec la reprise économique qu’au niveau international. “Mais le paysage politique américain est à ce point polarisé que l’électorat républicain suit les médias républicains et n’est informé que de ce qui est négatif, voire abreuvé de fake news. Une grande partie de la population américaine ne réalise pas que l’inflation est sous contrôle, que le taux de chômage n’est pas très élevé, que les investissements dans les nouvelles technologies (vertes et IA) sont impressionnants…”

Un président “revanchard”

Le retour possible de Donald Trump au pouvoir doit être également lu avec le fait qu’il n’a jamais accepté d’avoir perdu le scrutin précédent. “Il a clairement une volonté de revanche: il déjà annoncé qu’il renfrocerait son pouvoir, c’est-à-dire l’exécutif, souligne Tanguy Struye. Il compte s’attaquer aux fameux deep states, aux services de renseignement et à tout ce qu’il n’aime pas. En interne, cela sera très problématique.”

En matière de politique extérieure, ajoute le professeur, “on sait déjà que les Etats-Unis, avec lui, ressortiront des Accords de Paris sur le climat, vont affaiblir les Nations unies ou ne plus soutenir l’Ukraine. Sur la question taïwanaise, la position américaine serait beaucoup plus ambiguë que sous Biden, à la seule exception que les républicains sont très pro-Taïwan, peut-être que Trump aurait des difficultés à ne pas intervenir si la Chine envahissait Taïwan. Mais clairement, on risque d’être dans une période d’instabilité.”

Durant le premier mandat, rappelle Tanguy Struye, Donald Trump prenait déjà des décisions le matin, annoncées sur son fil Twitter sans que personne ne soit au courant. “Je me rappelle d’un événement qui aurait dû réveiller les républicains, mais même là c’est passé, quand il a retiré du jour au lendemain que les Américains se retireraient de Syrie, sans prévenir les forces spéciales. On a mis en danger les forces américaines, sur base d’un simple tweet.”

Voilà, dit-il, le retour d’un ancien président auquel il faudra sans doute se préparer.

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