La nostalgie des Jeux olympiques à Paris et leur impact économique à “somme nulle”

Emmanuel Macron se félicite du succès des JO, lundi 12 août.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les autorités françaises se félicitent de l’image donnée par Paris durant quinze jours. Avec une pointe de nostalgie. Une parenthèse bonne pour l’image. Et pour l’économie? Ce serait un jeu à somme nulle: 9 milliards de coûts, 9 milliards de gains.

Le président français, Emmanuel Macron, ne cache pas une forme de mélancolie post-JO. “Ce matin, on a tous un peu de nostalgie, déclarait-il ce lundi, au lendemain de la cérémonie de clôture. Il y a une forme d’atmosphère étrange qui s’est installée dans le pays. Nous qui avons vécu pendant plus de deux semaines avec le sentiment que l’air était plus léger, on n’a pas envie que la vie reprenne ses droits. Parce que la vie, c’est ce qu’on a vécu ces dernières semaines. C’est ça, la vraie vie. Et il faut que ça continue.”

Politiquement, il est vrai, le voilà rappelé à son devoir de nommer un Premier ministre, avec le Nouveau Front Populaire menant campagne pour Lucie Castets et des candidats autoproclamés à droite. Voilà qui tranche avec les exploits de Léon Marchand, Teddy Riener ou des frères Lebrun.

Le président aimerait tant surfer sur cette réussite reconnue dans le monde entier, lui qui avait été tant critiqué. “Pendant des années, beaucoup de gens nous ont dit que ce n’était pas possible, se félicitait-il encore. Tout le monde nous a dit que ce n’était pas faisable. Que la cérémonie d’ouverture était une folie, la sécurité pas assurable, la Seine non baignable, la France pas dans le top 5 des médailles. De nombreux experts ont dit pendant des années que ce que vous avez fait ces dernières semaines était impossible. Merci, parce que vous l’avez fait.”

Bon pour l’image. Et le PIB?

Un incontestable coup de boost a été donné durant cette quinzaine à l’image de marque de la France. Tony Estanguet, président du Comité organisateur des JO de Paris, se félicitait dimanche soir que cet événement a transformé “un peuple d’irréductibles râleurs” en “supporters déchaînés qui ne veulent plus s’arrêter de chanter”. Une foule internationale n’a cessé de fredonner “Que je t’aime!” de Johny Hallyday, tandis que Paris offrait le visage d’une ville propre et accueillante. Banco. Seule la cérémonie d’ouverture, si elle a été saluée par une large majorité, aura provoqué un léger “bad buzz” pour ces séquences les plus polémiques.

Pour autant, l’économie en sortira-t-elle grandie dans un pays malmené budgétaire et sous le coup d’une procédure de déficit excessif initiée par la Commission européenne? “N’en déplaise aux esprits chagrins, ces Jeux, qui ont coûté 8,8 milliards d’euros constitués en grande partie d’investissements privés, rentreront largement dans leurs frais“, plaidait Olivia Grégoire, ministre déléguée en charge des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, au Parisien.

Elle table sur neuf milliards de retombées d’ici quinze ans. La Banque nationale française avance prudemment 0,5% de croissance cette fin d’année. Un coût de 8,8 milliards, un apport de 9 milliards: c’est un jeu à somme nulle.

Dans l’immédiat, malgré les coups de gueule « d’hôteliers et de restaurateurs”, Olivia Grégoire a assuré qu’au terme de ces deux semaines», le nombre de nuitées «sur l’ensemble des villes hôtes» a augmenté de 16% «dont 20 % en Île-de-France», plaide la ministre. Le secteur est plus réservé. Si un remplissage de 85% fut constaté pendant les JO, ce ne fut pas la même fête pour le reste de l’été: à peine 60% en juillet et 45% pour la période du 12 au 24 août.

Quelque 9 milliards

Le chiffre de 9 milliards cité par la ministre française émane d’un rapport indépendant publié mi-mai par le Centre de droit et d’économie du sport (CDES) de l’Université de Limoges, un institut de recherche basé en France et spécialisé dans les aspects économiques et juridiques liés au sport. Selon ces évaluations, les Jeux devraient générer entre 6,7 et 11,1 milliards d’euros de retombées économiques nettes en région parisienne, avec un scénario intermédiaire prévoyant 8,9 milliards d’euros d’impact économique net.

Couvrant la période 2018-2034, l’impact net provient d’une injection externe de ressources économiques qui ont été dépensées dans la région Ile de France, et qui n’auraient pas eu lieu sans les Jeux, soulignait ce rapport. Le tourisme, la construction et l’organisation des Jeux devraient constituer respectivement 30 %, 28 % et 42 % de l’impact économique net.

Entre 2,3 et 3,1 millions de visiteurs uniques munis de billets pour les Jeux se sont rendus à Paris pendant l’événement, dont 64 % de Français. Selon ces précisions, quelque 2,6 milliards d’euros devaient être dépensés par les touristes venus assister aux Jeux (avec ou sans billets), selon l’Office du tourisme de Paris.

Les Echos évoquaient également, ce lundi matin, un coup de fouet passager pour la bourse. Les marchés bénéficieront peut-être, très temporairement de “l’effet Léon Marchand”, mais le naturel reviendra vite au galop. D’ailleurs, cela ne les a pas empêché de chuter, la semaine dernière, dans la panique causée par les chiffres américains du chômage.

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