La Belgique soutiendra la reconnaissance de la Palestine comme membre des Nations Unies

La ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib.
La ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib. © Belga

La Belgique soutiendra l’entrée de la Palestine aux Nations Unies comme membre à part entière, a annoncé lundi la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, à l’issue d’un entretien à Bruxelles avec l’envoyé spécial du président palestinien Mahmoud Abbas, Riyad al-Maliki.

“Le vote devrait intervenir cette semaine, le 10 mai. Il importe que l’Union européenne ne rate pas ce moment historique. La Belgique entend co-sponsoriser et soutenir cette résolution. Nous serons au rendez-vous de l’histoire”, a déclaré la ministre belge.

La Palestine jouit depuis 1974 du statut d’observatrice à l’ONU. Elle a tenté plusieurs fois d’obtenir le statut d’Etat membre à part entière, en vain. Une nouvelle demande a été présentée le mois passé au Conseil de sécurité des Nations Unies mais elle s’est heurtée au veto américain. Le sujet doit revenir dans quelques jours à l’assemblée générale de l’organisation. Une résolution palestinienne devrait y être présentée pour réitérer la demande d’adhésion.

Pas de reconnaissance bilatérale

La Belgique ne s’engage en revanche pas dans une reconnaissance bilatérale rapide comme le préconise notamment l’Espagne, même si elle soutient toujours une solution au conflit israélo-palestinien qui passe par deux Etats.

“Une solution à deux États basée sur le droit international reste la seule voie possible. Cela passe aussi par la reconnaissance d’un Etat palestinien. Pour l’heure, nous travaillons à l’établissement de critères objectifs qui doivent mener un maximum d’Etats européens à reconnaitre l’Etat palestinien”, a expliqué Mme Lahbib. “Je l’ai toujours dit : la Belgique reconnaitra la Palestine. C’est le sens de l’histoire. Cette reconnaissance doit permettre de donner aux Palestiniens des droits et des libertés qu’ils n’ont pas à l’heure actuelle, dont la plus importante est celle de vivre en paix dans un territoire défini et respecté. C’est ce à quoi nous travaillons, tant au niveau européen qu’au niveau international”.

A l’heure où une offensive d’ampleur de l’armée israélienne se prépare contre Rafah dans la Bande de Gaza, la Belgique répète l’appel des 27 à l’Etat hébreu à renoncer à une telle opération.

“Un assaut militaire sur Rafah tuerait des centaines de milliers de femmes, d’enfants et d’hommes qui n’ont aucune échappatoire. Cette action aurait un impact dévastateur sur les Palestiniens de Gaza et de graves répercussions sur la Cisjordanie occupée et sur l’ensemble de la région. Je ne peux que répéter l’appel des 27 à Israël de ne pas mener une offensive militaire à Rafah. Cette guerre ne se gagnera pas par les armes”, a encore déclaré la cheffe de la diplomatie belge.

Tensions au sein de la Vivaldi

La position de la Belgique fait depuis le mois d’octobre l’objet de tractations difficiles au sein de la coalition Vivaldi, particulièrement du côté francophone où socialistes et écologistes accusent le MR, parti de Mme Lahbib, de bloquer les discussions, notamment sur la reconnaissance de la Palestine.

Le président du PS, Paul Magnette, a interpellé sur X (ex-Twitter) la ministre libérale. “Grâce à la pression du PS, le gouvernement belge soutiendra l’adhésion de la Palestine comme membre à part entière des Nations Unies. Prochaine étape : la reconnaissance de la Palestine en tant qu’Etat, bloquée encore et toujours par le MR ! Hadja Lahbib serez-vous enfin au rendez-vous de l’Histoire?”

Les déclarations sur le sujet se multiplient depuis lundi matin. Le Premier ministre, Alexander De Croo, a annoncé dans des médias flamands que la Belgique plaidait au sein de l’Union européenne pour mettre en place une interdiction de l’importation de produits en provenance des Territoires occupés par Israël, notamment les dattes et l’huile d’olive. Selon lui, au vu de la violence qui redouble dans la région, il est “difficile pour les pays européens de dire que nous continuerons à faire comme si de rien n’était”.

Une position saluée par le CD&V ainsi que les écologistes. “La Belgique prend la tête d’un mouvement européen pour des sanctions économiques envers Israël. C’est une bonne chose, mais nous sommes à quelques heures d’un nouveau massacre à Rafah. Il faut des mesures effectives immédiates comme nous en avons pris en 24 heures contre la Russie”, a réclamé Simon Moutquin (Ecolo-Groen).

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