Donald Trump peut-il encore perdre la présidentielle américaine?
Tous les signaux sont au vert pour l’ancien président, à l’heure du Super Tuesday. Seule une incertitude subsiste à la Cour suprême, fin juin. La voie se dégage pour une revanche face à Joe Biden.
Donald Trump aborde le Super Tuesday avec le moral d’un futur vainqueur de l’élection présidentielle américaine. Quinze Etats organisent leurs primaires pour la présidentielle, mais l’issue dans le camp républicain ne fait plus guère de doute: l’ancien président fait la course en tête et devrait s’offrir une revanche contre Joe Biden. Avec toutes les chances de son côté, le 5 novembre prochain, face au président actuel, affaibli par son âge et les doutes au sujet de sa santé.
Faut-il vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué? Sans doute pas. Mais la Cour Suprême lui a donné un fameux coup de boost, cette semaine, en le déclarant éligible pour l’élection primaire du Colorado. Six électeurs avaient tenté de l’exclure en raison de son implication dans une “rébellion”, en vertu d’un amendement de la Constitution qui exclut les auteurs de tels faits des hautes fonctions dirigeantes. Il s’agissait de bloquer Donald Trump pour son implication dans les émeutes du Capitole, le 6 janvier 2021.
Le fond sera tranché en juin
La Cour suprême a tranché à l’unanimité, ce qui est un signal, même si cette décision était attendue. Donald Trump s’est réjoui d’une “grande victoire” pour les Etats-Unis, en précisant que cette décision est un “facteur d’unité” – alors que sa campagne ne cesse de diviser le pays.
Est-ce pour autant la fin de ses ennuis judiciaires? Non. La Cour suprême n’a pris cette décision que sur la forme, en raison de l’interprétation de l’amendement évoqué, qui remonte à la Guerre de Sécession en 1868. Elle ne s’est pas prononcée sur le fond de son implication dans l’insurrection du Capitole, en septembre 2021, et elle pourrait le faire d’ici la fin de sa session, fin juin. Une ultime menace judiciaire.
En tout état de cause, sa rivale Nikky Haley reste dans la course et refuse de se retirer, pour l’instant, misant sur un éventuel coup d’arrêt pour Donald Trump. Elle a même remporté une victoire très symbolique à Washington, un Etat où le vote républicain est très limité: seuls 22 000 d’entre eux se sont prononcés, en un seul lieu. Nikky Haley, qui a déjà investi énormément dans cette campagne, pourrait toutefois perdre ses derniers espoirs lors de ce Super Tuesday et se retirer, à cours de moyens.
Jusqu’ici, Nikki Haley a pu poursuivre sa campagne parce qu’elle en avait les moyens, rappelle CNBC. En janvier, la candidate républicaine a ainsi levé 16,5 millions de dollars de dons. Mais les sources se tarissent. Après sa défaite en Caroline du Sud, “elle a perdu le soutien de ses principaux financiers, les célèbres frères Koch”, note Françoise Coste, professeure d’études américaines à l’université Toulouse-Jean Jaurès, interrogée par France Info.
Une rupture géopolitique et économique
Le retour de plus en plus probable de Donald Trump à la Maison Blanche risque de provoquer une rupture dans l’ordre du monde. Revanchard, l’ancien président envisage un virage “totalitaire” aux Etats-Unis en brimant les pouvoirs qui l’ont défié. En politique internationale, il a déjà laissé entendre de façon provocatrice qu’il ne soutiendrait plus l’Europe de la même manière face à la Russie, invitant les Européens à remplir leurs obligations en matière de défense. Ce serait, aussi, le retour à une ligne unilatérale, notamment en matière climatique.
Economiquement, Donald Trump marque également de sérieuses nuances face à Joe Biden. Le candidat républicain laisse entendre qu’il souhaiterait arrêter de toute urgence l’Inflation Reduction Act (IRA), ce vaste plan de subventions à l’industrie verte. Les voitures électriques sont également dans sa ligne de mire. Concernant le commerce international, une première mesure à laquelle songe Donald Trump est de taxer à hauteur de 10% toutes les importations, quelle qu’en soit l’origine. Et fiscalement, l’ancien président veut revenir à une ligne plus souple que son précédesseur.
Ce Super Tuesday préfigure un monde nouveau auquel il convient de se préparer. Et rentre en phase avec la montée des partis populistes et extrémistes au sein même des pays européens.
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