Donald Trump lâche les Européens sur l’Ukraine et s’oriente vers un deal “mafieux” avec Poutine
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![Olivier Mouton](https://img.static-rmg.be/a/view/q75/w150/h150/5085703/olivier-jpg.jpg)
Une heure et demi de discussions entre Trump et Poutine. La perspective d’une négociation de paix sans les Européens et s’apparentant à une capitulation de l’Ukraine. La seule boussole du président américain, et le seul contrepoids possible, est économique.
Donald Trump et Vladimir Poutine se sont parlé durant une heure et demi, mercredi soir. Cette fois, l’information est confirmée par le Kremlin. Les présidents américain et russe ont fait un large tour d’horizon sujets les concernant, lors d’une conversation marquée du sceau du “bon sens”, pour reprendre les termes du locataire de la Maison-Blanche. Les deux dirigeants ont décidé de “travailler ensemble de façon très étroite”.
En toile de fond, une certitude: Donald Trump lâche les Européens et s’oriente vers un deal entre autocrates – on serait tenté de dire “entre clans mafieux”.
En ce qui concerne l’Ukraine, des négociations de paix sont bel et bien sur la table. Mais ce sera aux conditions de Moscou: les territoires conquis le resteront, l’Ukraine n’entrera pas dans l’OTAN (“ce n’est pas réaliste”) et les Américains ne déploieront pas de forces armées, ce sera aux Européens d’assurer la suite. Cela s’apparente à une capitulation en bonne et due forme. Donald Trump dit avoir téléphoné ensuite au président ukrainien, Volodymyr Zelensky. “La conversation s’est très bien passée”, a-t-il dit de façon laconique.
Négociations “immédiates”
Les deux présidents américain et russe veulent apprendre à mieux se connaître et ont convenu de visiter leur pays respectif. “Il viendra ici, et j’irai là-bas, et nous nous verrons probablement en Arabie Saoudite la première fois”, a affirmé Donald Trump lors d’un échange avec des journalistes à la Maison Blanche, sans donner de date, en prévoyant aussi un cessez-le-feu “dans un futur pas si lointain” en Ukraine. Les négociations de paix, ont-ils laissé entendre, seront “immédiates”.
La chronologie des contacts – Poutine d’abord, Zelensky ensuite – témoigne d’une rupture claire avec les années Biden et d’un abandon du soutien militaire illimité à l’Ukraine. Entre les lignes, le président américain et son secrétaire d’État à la Défense, Pete Hegseth, ont pratiquement remis en question l’article 5 du traité atlantique assurant une solidarité mutuelle entre les alliés.
Les dirigeants de l’Union européenne, eux, ne sont pas directement consultés par Trump. Ce sera au vice-président J.D. Vance et au secrétaire d’État Marco Rubio, de visite en Europe, de tenter de déminer le terrain.
Pour notre nouveau ministre belge de la Défense, Theo Francken (N-VA), c’est une “victoire pour Poutine”. Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu a estimé que l’OTAN vivait un “grand moment de vérité”. Boris Pistorius, le ministre allemand de la Défense, estime « regrettable » que Trump ait fait des concessions à Poutine avant les négociations. Le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte a estimé, pour sa part, que l’Ukraine devait être “étroitement engagée” dans toute négociation de paix et tout accord doit être “durable”.
Une paix “durable”, c’est également le vœu de la Russie, mais avec la volonté de sortir gagnante de ce bras de fer sanglant qui dure depuis trois ans – onze si l’on part du début du conflit armé.
Des clans mafieux
Les présidents Trump et Poutine vont-ils se répartir leurs zones d’intérêt. La seule boussole de l’Américain est celle de l’America First et son discours récurrent, ces derniers jours, consistait à dire que beaucoup d’argent avait été investi en Ukraine et que l’intérêt américain consistait à se rembourser en accédant aux riches matières premières du pays.
Steven Witkoff, entrepreneur dans l’immobilier et partenaire de golf de Donald Trump, sera impliqué en première ligne dans ces négociations. Déjà à l’œuvre dans les négociations sur Gaza, il découvre un sujet qu’il maîtrise aussi peu. Mais avec la même ligne de conduite: comment les États-Unis et surtout le clan Trump peuvent tirer profit de cet accord.
Une nouvelle ère s’ouvre, celle de la diplomatie à la hussarde, privatisée et mafieuse. Une paix “durable” peut-elle s’enraciner dans ce terreau fragile, niant le droit international?
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