Donald Trump enlève son parapluie ukrainien: et si les Etats-Unis se retiraient bel et bien d’Europe…

Donald Trump retire son parapluie ukrainien. (Photo by ROBERTO SCHMIDT / AFP)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La décision prise par l’administration Trump de mettre sur pause les livraisons d’armes indispensables pour la défense du ciel ukrainien résonne comme un coup de semonce. Les scénarios pour le futur laissent entrevoir la suite.

Il y a des humiliations qui font moins de bruit que d’autres, mais dont les conséquences sont plus concrètes. Le président américain, Donald Trump, avait fustigé son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans le bureau ovale de la Maison Blanche, en début d’année. Mais en ne lui consacrant que quelques instants en marge du dernier Sommet de l’Otan, les 24 et 25 juin, il lui a probablement porté un coup de massue.

Donald Trump avait en effet semé le doute sur la poursuite de l’aide militaire américaine à l’Ukraine, sous la forme notamment de Patriot et d’obus indispensables pour la défense du ciel. Et ce, alors que la Russie mène des attaques sans précédent contre les villes à l’aide de missiles et de drônes.

La menace s’est concrétisée.

Un “manque d’armes”

Lle ciel de l’Ukraine s’est nettement assombri, mercredi 2 juillet, à l’annonce d’une « pause » dans la livraison de systèmes antiaériens américains cruciaux pour faire face à la pluie de missiles et de drones lancés quotidiennement par la Russie, rapporte Le Monde.

Les arguments sont ceux utilisés par Trump lors du Sommet de l’Otan: le soutien à Israël nécessite des efforts supplémentaires et… les Etats-Unis ont besoin de leur stock.

La Russie ironise:  “D’après ce que nous comprenons, cette décision a été motivée par un manque d’armes dans les entrepôts, souligne le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Mais, quoi qu’il en soit, moins il y a d’armes fournies à l’Ukraine, plus la fin de “l’opération militaire spéciale” est proche ».

Sous-entendu: au profit de Moscou, qui veut “terminer” sa guerre par une victoire.

Pour les Européens, voilà un signe concret de plus que les Américains pourraient se désengager d’Europe. Le retrait des quelque 20 000 soldats supplémentaires envoyés dans le cadre de la crise ukrainienne pourrait suivre, bientôt.

“Ce n’est pas une surprise, souligne Yvan Verougstraete (Engagés), député européen. C’est la confirmation d’un tournant. Trump l’avait annoncé, Trump l’a fait. L’Amérique se retire, l’Ukraine se retrouve exposée, et l’Europe face à ses contradictions. Plus que jamais, notre sécurité dépend de nous.”

Des scénarios… corroborés

Les services de renseignement de plusieurs pays européens laissent entendre depuis plusieurs mois que Vladimir Poutine serait bientôt tenté de tester les réactions de l’Otan en sen prenant à un territoire lui appartenant.

Carlo Masala, expert allemand réputé, vient de publier la traduction en français de son essai, La Guerre d’après, qui avait connu un grand succès dans son pays. Il y évoque l’attaque russe contre une ville d’Estonie et une petite île stratégique en 2028. Tout ce qui en découle, c’est un refus des Etats-Unis d’honorer l’article 5 de l’Otan et l’assistance militaire qui en découle, sous des prétextes fallacieux selon lesquels l’Estonie n’aurait pas assez respecté les minorités russes.

Lors de notre dernière Trends Summer University, un haut gradé de l’armée belge a corroboré la pertinence d’un tel scénario, soulignant aussi que la menace russe est sournoise et pourrait décider d’une telle opération sans déclarer la guerre, ce qui tempérerait de facto la réaction occidentale.

Des moments tendus nous attendent.

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