Deux priorités pour l’Europe sur l’Ukraine, torpillées par Poutine: la place de Zelensky et les garanties de sécurité
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Face à Washington et Moscou, les Européens tentent de préserver la démocratie en Ukraine et d’obtenir la possibilité d’intervenir en garants de la paix avec des troupes au sol. Dans les deux cas, cela s’annonce très difficile. Le président français, Emmanuel Macron, y travaille dur. Mais le président russe, Vladimir Poutine, casse toute perspective.
La visite du président français Emmanuel Macron à la Maison-Blanche n’était pas organisée que pour la galerie des images, des bons mots et des accents de camaraderie qui pourraient influer sur la sortie de crise en Ukraine. Il s’agissait aussi de défendre deux priorités majeures pour l’Europe dans ce contexte géopolitique bousculé.
“Je peux vous dire que l’Élysée y travaille dur”, confiait sur LCI Didier François, spécialiste des affaires diplomatiques et militaires. Que ce soit pour la place de la démocratie et de Zelensky en Ukraine ou pour les garanties de sécurité auxquelles participeraient les Européens, “ce sera chaud”, ajoutait-il.
La meilleure preuve du caractère sensible de ces deux dossiers, ce sont les réactions du président russe, Vladimir Poutine, qui torpille littéralement toute avancée.
1 La place menacée de Zelensky
Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, le président américain, Donald Trump, souffle le chaud et le froid au sujet du président ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Il soufflait de plus en plus le froid, d’ailleurs, après les critiques vives émises par l’Ukrainien au sujet d’un deal avec les États-Unis sur les terres rares. Voici six jours, Donald Trump n’a-t-il pas qualifié Zelensky de “dictateur”, en raison de l’absence d’élection dans son pays, guerre oblige?
Au menu de la rencontre à Washington, Emmanuel Macron a donc insisté plus souvent qu’à son tour sur l’importance d’avoir Zelensky à la table de négociations, citant son nom à plusieurs reprises.
Est-ce un hasard? À peine la conférence de presse entre les deux hommes terminée, Vladimir Poutine qualifiait Zelensky de personnalité “toxique”. Et l’accusait de “donner des ordres ridicules” à son armée et d’être “un facteur de décomposition de l’armée, de la société et de l’Etat”.
Le président ukrainien a lui-même avancé qu’il était… prêt à céder sa place, si l’Ukraine rentrait dans l’OTAN. Inacceptable pour la Russie et impensable pour les États-Unis.
L’enjeu majeur, c’est la stabilité de l’Ukraine et le maintien de la démocratie, alors que Moscou rêve de convaincre Washington d’installer un président “fantoche” à la tête du pays amputé de ses territoires à l’Est. Pour l’Europe, c’est le modèle même occidental qui est en jeu.
2 La présence contestée de soldats européens
L’autre clé majeure pour les Européens concerne les garanties de sécurité qui seraient offertes à l’Ukraine en cas de cessez-le-feu, dans un premier temps, puis d’un accord de paix.
Depuis plusieurs mois, le président français, Emmanuel Macron, insiste sur la possibilité d’envoyer des soldats européens au sol, en Ukraine. Il a notamment négocié longuement avec le Royaume-Uni en ce sens.
“Les Européens sont prêts à aller jusqu’à l’envoi de troupes” pour vérifier que “la paix est bien respectée », a notamment dit Emmanuel Macron à Donald Trump, en assurant aussi que l’Europe était prête à “renforcer” sa défense.
L’objectif consiste à consolider le front en Ukraine, mais aussi et surtout, à éviter que la Russie en reprenne l’offensive, voire qu’elle ne soit tentée de s’en prendre à une autre cible.
“Les Européens, mais aussi d’autres pays, ont le droit et la possibilité de participer. Et nous respectons cela”, a déclaré M. Poutine lors d’un entretien télévisé. Il évoquait les négociations, pas l’envoi de troupes.
Alors que Donald Trump affirmait que la Russie pourrait accepter des soldats euopéens dans la force de paix, le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov, a démenti. En clair, ce serait inacceptable! “Il y a une position à ce sujet qui a été exprimée par le ministre russe des Affaires étrangères (Sergueï) Lavrov, a-t-il dit. Je n’ai rien à ajouter et je ne ferai aucun commentaire”.
On voit bien que ce sont là les deux enjeux majeurs pour les Européens. Le bras de fer se joue dans de multiples réunions et ce sera “chaud” pour obtenir gain de cause.
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