Des négociations acharnées pour éviter une banqueroute des Etats-Unis

Tandis que le compte à rebours s’égrène avant une possible banqueroute des Etats-Unis, les équipes de Joe Biden et les négociateurs du camp républicain vont à nouveau tenter mardi d’arracher un compromis budgétaire.

L’équipe dédiée de la Maison Blanche et celle du patron républicain de la Chambre des représentants Kevin McCarthy doivent reprendre leurs travaux mardi matin, selon une source proche du dossier. Elles ont déjà bûché jusque tard dans la soirée lundi, sur les bases jetées par leurs deux patrons lors d’un tête-à-tête lundi. Joe Biden et Kevin McCarthy ont chacun qualifié leur entretien de “productif”. A défaut d’accoucher d’un compromis, il a au moins permis au président démocrate comme au dirigeant républicain de fixer leurs lignes rouges respectives.

Il était temps, après un week-end de blocage, et alors qu’approche inexorablement le 1er juin, la désormais fameuse “X-date” calculée par le Trésor américain. Dans neuf jours, les Etats-Unis risquent de se trouver dans la situation inédite et périlleuse d’un défaut de paiement, en clair une banqueroute à l’échelle de la première puissance mondiale.

Panique

Si le Congrès, divisé entre les deux grands partis, ne lève pas d’ici le plafond d’endettement qui contraint le gouvernement fédéral, l’administration Biden pourrait se retrouver incapable de payer certains fonctionnaires, de verser certaines prestations sociales, et de rembourser certains créanciers. S’ensuivraient, selon les économistes, une panique financière et une récession massive, avec un effet de contagion à l’échelle mondiale.

Pour voter en faveur d’un plafond d’endettement plus élevé – il est pour l’heure de plus de 31.000 milliards de dollars – les républicains exigent un effort de rigueur budgétaire. Les démocrates emmenés par Joe Biden sont eux aussi favorables à une réduction du déficit. Problème: chaque camp a des idées opposées sur la manière d’y parvenir. La Maison Blanche voudrait faire porter l’effort sur les plus riches et les grandes entreprises, via une fiscalité plus lourde, sans toucher aux prestations sociales ni aux immenses projets d’investissement du président. En clair, augmenter les revenus de l’Etat fédéral. Les conservateurs, eux, voudraient plutôt tailler dans la dépense publique.

Elections de 2024

Le compromis, selon la presse américaine, pourrait être trouvé sur quelques postes budgétaires ciblés, dans une réaffectation de fonds destinés à lutter contre la pandémie de Covid-19, et via un gel de certaines dépenses, dont la durée est âprement discutée.

Le temps presse d’autant plus qu’il ne s’agit pas seulement, pour Joe Biden et Kevin McCarthy, de se mettre d’accord entre eux. Il faudra, le président américain l’a dit, “vendre” le compromis à leurs partis respectifs, afin qu’ils l’approuvent au Sénat et à la Chambre des représentants. Les démocrates ne contrôlent le Sénat que d’une courte tête, tandis que les républicains n’ont que quelques sièges de majorité à la Chambre. Or les sénateurs progressistes côté démocrate, et les élus trumpistes côté républicain, ont déjà donné de la voix pour exiger de leurs dirigeants respectifs la plus grande fermeté.

Un défaut de paiement pourrait changer la face de la campagne pour la présidentielle de 2024.

Joe Biden, qui à 80 ans brigue sa réélection, peine pour l’heure à enthousiasmer l’opinion avec ses promesses de prospérité et de justice sociale. Une récession pourrait faire sombrer sa cote de confiance déjà maigrelette.

L’ancien président Donald Trump, favori de la primaire républicaine, appelle pour sa part son camp à ne surtout pas “plier” face à la Maison Blanche dans le dossier de la dette.

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