Bras de fer préélectoral et blocage belge sur la reconnaissance de l’Etat palestinien

Le Premier ministre, Alexander De Croo, arrive ce mercredi 22 maipour un Conseil des ministres délicat. BELGA PHOTO ERIC LALMAND
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

L’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont reconnu l’Etat palestinien. Pas la Belgique. Socialistes, écologistes et CD&V faisaient pression pour que notre pays en fasse de même. Le MR parlait d’électoralisme. Alexander De Croo temporise.

Socialistes et écologistes étaient déterminés: ils pressaient le gouvernement De Croo afin qu’il reconnaisse l’Etat palestinien. Trois Etats européens viennent de le faire, très symboliquement, alors que la guerre à Gaza ne cesse de choquer et de diviser. Mais les libéraux ont coincé et, à l’issue du Conseil des ministres restreint tendu, il a été décidé de reporter la décision.

L’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont décidé, ce mercredi, de reconnaître officiellement l’Etat de Palestine. C’est la première fois depuis 2014 et une décision similaire prise par la Suède que des Etats européens franchissent cette étape symbolique. Une démarche similaire est en cours de la part de la Slovénie.

Chez nous, un Conseil des ministres restreint a évoqué le sujet, mercredi midi. Le PS avait multiplié les appels en ce sens, critiquant au passage le MR qui coince. Alexander De Croo (Open VLD), Premier ministre, insistait sur le fait que la reconnaissance “ne peut être utilisée qu’une fois” et “doit mener à une amélioration sur le terrain”. Une façon de temporiser.

A l’issue de la réunion, il a été décidé… de ne pas décider, en l’état.

“C’est essentiel…”

“On veut que la Belgique reconnaisse l’Etat palestinien dans son indépendance, dans sa souveraineté, clamait une vidéo d’Ahmed Laoouej, président de la fédération bruxelloise du PS, filmé en tête d’une manifestation pro-palestinienne. C’est essentiel pour permettre à la Palestine de faire valoir ses droits au niveau international et en particulier obtenir automatiquement des sanctions économiques et politiques face aux violations des droits humains commises par l’Etat d’Israël.”

Il s’agit, prolonge-t-il, de s’inspirer de “la position courageuse du gouvernement espagnol”. Il dénonce un “double discours au MR” entre ce qu’affirme la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, et l’attitude du MR au sein du gouvernement; ils sont contre et ils bloquent”. Message similaire de la part de Paul Magnette, président du PS, qui trouve “dommage” ce blocage.

Les socialistes ne sont pas isolés, loin de là. “Reconnaissons l’État palestinien”, écrit la vice-première ministre Groen Petra De Sutter sur X. “Cher MR, pourquoi continuez-vous à bloquer”. “Aujourd’hui, je plaiderai pour la reconnaissance de l’État palestinien dans son essence même”, appuie Caroline Gennez (Vooruit), secrétaire d’Etat à la coopération au développement. Sammy Mahdi, président du CD&V, donne pour sa part rendez-vous lorsque la Chambre se réunira à nouveau – la session est clôturée en vue des élections.

“De l’électoralisme”

Au MR, on s’indigne: “Alors que la Chambre est dissoute, la gauche belge met la pression sur le gouvernement en affaires courantes pour une reconnaissance de l’Etat palestinien, souligne le député fédéral, Denis Ducarme. Son électoralisme et son communautarisme sont sans limites, quitte au besoin à piétiner la démocratie parlementaire.”

La séquence intervient alors que le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI) a émis un réquisitoire accusant à parts égales le Hamas et le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, mandats d’arrêt à la clé. La poursuite de la guerre et ses atrocités suscite également des mouvements dans les universités.

Je suis sidéré de la manière dont le conflit au Proche-Orient s’invite dans la campagne”, soulignait voici quelques jours Georges-Louis Bouchez, président du MR. Ce n’est pas fini.

En attendant, le vice-Premier ministre PS, Pierre-Yves Dermagne, regrettait, à l’issue de la réunion: “Face à la reconnaissance de la Palestine, le refus libéral empêche la Belgique de poser un geste fort en faveur de la paix qui passe par une solution à deux États. Les socialistes déplorent cette obstination face au drame humanitaire.”

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