Panneaux solaires : quels sont les plans du MR et des Engagés ?
Alors que les présidents Georges-Louis Bouchez (MR) et Maxime Prévot (Les Engagés) consultent les partenaires sociaux et la société civile en vue d’établir leur déclaration de politique générale (DPR), quels sont leurs plans pour le photovoltaïque ? Les Wallons doivent-ils s’attendre à du changement ?
Un nouvel horizon s’ouvre pour les prosumers wallons. Mais sera-ce forcément à leur avantage ? Nous avons décortiqué les programmes du MR et des Engagés pour tenter d’y voir plus clair.
Mais commençons par l’une des dernières (non) décisions du gouvernement sortant : l’indemnité liée au décrochage des onduleurs des panneaux solaires. L’ancienne majorité PS/Ecolo/MR n’est finalement pas parvenue à s’entendre, sous la pression du MR. Les libéraux estimaient que les conditions pour obtenir l’indemnité – 480 à 440 euros par an pour une installation de 10 kVA – devenaient trop restrictives. Il était notamment question de prouver le décrochage durant 120 minutes consécutives.
Il est donc fort à parier que la nouvelle coalition facilitera ces indemnités, mais la Région wallonne devra être prudente pour ne pas créer une nouvelle bulle. Les indemnités sont en effet à la charge des Gestionnaires de réseaux (GRD), dont les communes sont actionnaires.
Grosses installations
Dans le programme des Engagés, l’accent est mis sur les grosses installations. Ainsi, Les Engagés entendent “imposer” aux nouvelles constructions industrielles, agricoles et commerciales ainsi qu’aux
constructions de grands immeubles résidentiels ou parkings, une obligation d’installation
photovoltaïque sur le toit. Du côté du MR, on veut aussi mettre le paquet sur ces grandes surfaces artificielles, mais le programme ne fait mention d’aucune obligation. Aucune forme d’indemnité n’est prévue non plus.
Les Engagés et le MR reprennent également à leur sauce les communautés d’énergie, par quartier, village ou zoning. Cela permettrait à ceux qui n’en ont pas forcément les moyens (financiers ou en termes de surfaces) de bénéficier de plus grosses structures. Ces communautés d’énergie permettent aussi de limiter les coûts liés au réseau et à la distribution en auto-consommant, tout en limitant l’impact des pics de prix.
Agrivoltaïsme
C’est ici un point de désaccord entre le MR et Les Engagés. En fin de législature, dans nos colonnes, le ministre de l’Économie et de l’Aménagement du territoire, Willy Borsus, a clairement fait savoir qu’il ne fallait pas compter sur le MR pour développer cette filière. Selon le libéral, la partie “agri” n’est souvent qu’un prétexte pour développer des champs voltaïques sur de grandes surfaces. L’une des conséquences serait la pression sur le prix du foncier.
Les Engagés ne sont pas aussi catégoriques. Ils veulent développer “de façon ciblée et intelligente” l’agrivoltaïsme, en veillant à maintenir prioritairement la partie agricole. Le parti de centre-droit veut mener une étude sur le potentiel de cette filière en concertation avec le monde agricole. C’est d’ailleurs ce qui se passe déjà entre les promoteurs d’agrivoltaïsme et les syndicats agricoles.
Le MR privilégie les grandes toitures de bâtiments agricoles. Le problème est que le segment des toitures à basse tension est déjà saturé en Wallonie. Le réseau ne parvient tout simplement pas à suivre, d’où les nombreux décrochages. L’agrivoltaïsme à cet avantage de fonctionner sous moyenne et haute tension.
Renforcer le réseau
Le MR et les Engagés font du renforcement du réseau une priorité. Notamment par le développement d’un réseau de distribution intelligent, ce qui nécessite bien sûr l’installation de compteurs intelligents. Les deux partis auront également à charge de faire aboutir, en 2030, la fameuse Boucle du Hainaut qui doit renforcer le réseau et acheminer la production d’éolien offshore de la mer du Nord en territoire wallon.
Pour le reste, le parti de Maxime Prévot entend aussi “réduire les délais” nécessaires pour raccorder une installation photovoltaïque au réseau de distribution, sans plus de précision.
Ni le MR ni Les Engagés ne prévoient dans leur programme une quelconque indemnité pour l’installation de panneaux. Il reste toutefois possible de financer son installation par un prêt à taux zéro, par la Société wallonne du crédit social (SWCS).
Une bombe à retardement
En avril dernier, la ministre flamande de l’Energie, Zuhal Demir (N-VA), a posé un recours contre les “compteurs wallons qui tournent à l’envers”, un système dont la Flandre est privée. Il reste beaucoup d’incertitudes juridiques autour de ce dossier, mais nul doute qu’il s’agirait d’une véritable bombe pour les prosumers wallons, en particulier ceux qui ont tout fait pour acheter une installation avant le 1er janvier 2024, date limite.
“Ce sont maintenant 360.000 prosumers et un potentiel de 700.000 votants qui sont pris en otage”, prévenait dans Trends-Tendances en avril dernier, Régis François, à la tête de la puissante ASBL BeProsumer. Si ce dossier devait refaire surface d’ici “un an ou deux, il ferait imploser le gouvernement en place“.
Photovoltaique
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