États-Unis : Fin de la bulle des énergies renouvelables ?
Le secteur des énergies renouvelables aux États-Unis n’a plus le vent en poupe. Et l’éolien offshore serait plus touché que les autres. Mais c’est tout le secteur qui semble plombé. L’Eldorado tant espéré du renouvelable n’aura-t-il été qu’une illusion ? En bourse, la cote de certaines entreprises s’écroule.
Dans un contexte européen nettement plus difficile, les États-Unis représentaient pour le secteur de l’éolien offshore (en mer) une réelle planche de salut, pour ne pas dire une terre promise. La loi sur la réduction de l’inflation, le fameux Inflation Reduction Act (IRA), et la reprise des crédits d’impôt pour les énergies renouvelables, devaient permettre la montée en puissance de l’énergie éolienne. Mais cet eldorado semble se muer peu à peu en mirage. Attirés par les subventions et en lançant des offres agressives se basant sur les baisses de coûts similaires à celles de l’éolien terrestre, les pionniers ont pris des risques. Trop ?
Puissant retour de manivelle
L’administration Biden visait l’installation de 30 gigawatts grâce à l’éolien offshore, l’équivalent de 30 réacteurs nucléaires, d’ici 2030. Rien n’indique qu’il y parviendra. Car loin de la baisse estimée, les coûts des projets éoliens en mer ont explosés. La hausse des coûts est telle qu’elle a rendu économiquement non viables certains projets.
Ils ont été plombés par la pression inflationniste sur le matériel, mais aussi la hausse des taux par la Réserve fédérale américaine. Ils le seront aussi par la perturbation de l’approvisionnement du matériel, des turbines défaillantes, une lenteur dans l’attribution de permis ou un manque de main-d’œuvre. La facture totale aurait augmenté de près de 50%. Tout cela fait que de nombreux promoteurs « le plus souvent des industriels européens associés à un opérateur américain, menacent de jeter l’éponge » précise Le Monde. Au point que le déploiement d’un éolien offshore américain vacille.
Les enchères pour les nouveaux projets ont tourné court ou n’ont trouvé qu’un seul preneur. Et les opérateurs déjà engagés essayent de limiter la casse. De nombreux contrats ne prévoient aucun mécanisme d’ajustement en cas de hausse des coûts. Certains promoteurs vont même payer pour sortir de leurs contrats plutôt que de les construire. Ainsi Iberdrola aurait payé 57 millions d’euros pour pouvoir se retirer de deux accords visant à produire de l’énergie éolienne offshore dans le Massachusetts. Equinor, Eversource BP et Orsted veulent renégocier les prix de l’électricité de leurs projets. Car les pertes s’annoncent conséquentes. Ainsi le danois Orsted, numéro un mondial de l’éolien offshore, a annoncé fin août une dépréciation potentielle de la moitié de son investissement sur ses projets américains Ocean Wind 1 (New Jersey), Sunrise Wind (New York) et Revolution Wind (Connecticut et Rhode Island). Soit pour un total de 16 milliards de couronnes ou 2,1 milliards d’euros.
Biden à la rescousse ?
Un des leviers pour donner un second souffle à ces projets peut être la politique fiscale. L’année dernière, la loi Inflation Reduction Act a augmenté les crédits d’impôt à 30% pour l’éolien offshore. Dans certains cas, les projets peuvent déjà bénéficier d’incitations supplémentaires, mais les règles sont trop strictes. Le souhait serait de passer à 50% pour tous. De nombreuses voix s’élèvent cependant pour critiquer cette transition énergétique alimentée de force par le gouvernement et qui n’aurait, notamment selon le Wall Street Journal, « aucun sens économique ».
D’autant plus que sur terre les secteurs éolien et solaire ne sont pas non plus un gros succès. Et même si l’éolien produit désormais 11 % ( 4 % pour le solaire) de l’électricité américaine, les coûts de l’éolien ont augmenté de 30% depuis 2021. Avec pour conséquence que le prix du mégawattheure fourni par l’électricité renouvelable a augmenté de près de 60%. Enfin, il a le poids administratif. Les règles sont tellement strictes qu’on estime qu’il faut cinq ans pour qu’un projet éolien ou solaire soit raccordé au réseau.
Chute historique
La bulle des énergies vertes, soit les titres dopés de trop par l’afflux de capitaux « verts », semble donc sur le point d’éclater. Cette bulle naît en plein Covid quand les investisseurs ont misé sur la relance verte soutenue par un Biden alors en campagne. Le pic sera atteint en 2021. Depuis la crise économique est passée par là et la flambée des coûts de construction va faire le reste. Aujourd’hui, pour les projets les plus avancés, les contrats de prix noués avec les États pour la fourniture d’électricité sont devenus trop bas pour couvrir l’investissement. Le danois Orsted avait déjà en août subi une chute historique en Bourse après avoir annoncé les pertes potentielles liées au projet offshore. Un très mauvais signal pour tous les acteurs. La perte de rentabilité des projets n’est jamais sans conséquence, surtout lorsqu’ils sont financés par endettement. Ainsi l’indice ICLN des valeurs renouvelables a perdu 30 % depuis le début de l’année. Une bonne nouvelle pour les fonds spéculatifs, selon Le Monde, qui ont parié à la baisse sur les actions ESG ( environnement, social et gouvernance ).
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici