Le nucléaire au coeur d’un Sommet mondial à Bruxelles: “Il doit faire partie du mix futur”

Alexander De Croo au début du Sommet nucléaire à Bruxelles. (Photo by KENZO TRIBOUILLARD / AFP)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le Premier ministre libéral, Alexander De Croo, mise sur une dynamique mondiale. Les industriels insistent pour que l’atome fasse partie de la réponse énergétique du futur. Mais les écologistes continuent à plaident pour une sortie. 

Le nucléaire fait partie de la solution et du mix énergétique pour lutter contre le réchauffement climatique. Il ne représente pas une solution à lui tout seul, mais il est le complément décarboné idéal des énergies renouvelables.” Alexander De Croo, Premier ministre, mise désormais sur une dynamique mondiale pour acter le retour du nucléaire au coeur du mix énergétique. 

Ce jeudi 21 mars, trente-sept chefs d’Etat et délégations du monde entier, à l’appel de la Belgique et de l’Agence internationale de l’énergie atomique, actent, au Heysel, à Bruxelles, ce tournant symbolique. Il s’enracine dans la volonté exprimée lors de la dernière COP, en décembre 2023 à Dubaï, de reconnaître le “rôle clé” qui devra jouer le nucléaire dans la décarbonation et l’électrification massive.  

Alexander De Croo insiste sur la cohérence de l’approche belge: “La Belgique donne un bon exemple d’une stratégie énergétique solide. Nous investissons massivement dans les énergies renouvelables et nous avons accueilli, voici deux ans, un Sommet spécifiquement consacré à l’éolien off-shore. Mais nous avons décidé aussi de prolonger de dix ans nos deux réacteurs nucléaires les plus récents et d’investir dans le développement de SMR. Ce Sommet confirme cette stratégie.”  

“Aujourd’hui encore, 84% de l’énergie que nous consommons vient des combustibles fossiles, insiste le Premier ministre. Pour diminuer cette dépendance aussi rapidement que possible, nous devons absolument considérer toutes les technologies: beaucoup de renouvelable, beaucoup d’hydrogène, mais aussi du nucléaire. Le défi est gigantesque, d’autant que les besoins en énergie vont croître si l’on veut profiter des innovations qui sont en cours, dont l’intelligence artificielle.” 

Pression industrielle et bémol écologiste 

Confrontés à une angoisse existentielle au niveau de leurs coûts, les industries électro-intensives insistent pour que la stratégie énergétique intègre rapidement le nucléaire du futur, singulièrement au port d’Anvers. Une réunion avait déjà eu lieu à ce sujet en novembre 2023, un nouveau tour de table a été organisé à l’initiative du consultant KPMG, mercredi 20 novembre, veille du Sommet mondial d’Alexander De Croo. 

“Avec l’industrie, Tractebel et le secteur énergétique, nous analysons ensemble les avantages, qui sont indéniables, mais aussi les contraintes de ce déploiement futur de petits réacteurs de type SMR, explique Serge Dauby, directeur général du Forum nucléaire belge. L’intérêt de principe est manifeste, il reste à déterminer comment on peut le concrétiser.”  

Le désir d’une modification plus large de la loi de sortie de nucléaire de 2003, adoptée à l’époque sous la pression des écologistes, devient pressant. Une majorité alternative au parlement lorsque le gouvernement sera en affaires courantes est espérée par les partisans d’une relance rapide. 

Mais les écologistes, eux, persistent et espèrent toujours une sortie définitive du nucléaire en Belgique. Tinne Van der Straeten (Groen), ministre fédérale de l’Energie, estime que “le secteur n’est pas au rendez-vous” en ce qui concerne la gestion des déchets ou les risques en matière de sécurité. Jean-Marc Nollet, coprésident d’Ecolo, a présenté plusieurs scénarios démontrant que le “100% renouvelable” est possible grâce à l’éolien off-shore, belge et étranger. 

Les écologistes misent, pour y arriver, sur une diminution de la consommation “réaliste”, mais qui nécessitera des révolutions considérables en matière de mobilité ou de politique industrielle. 

“Deux documents démontrent pourtant l’engagement du Gouvernement dans la recherche visant à produire de l’énergie électrique, notamment, par des SMR, le nucléaire du futur, ironise le député MR Mathieu Bihet. Donc soit JM Nollet ment, soit il assume un tel gaspillage d’argent…”

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