La Vivaldi est-elle en train de lâcher les Verts sur la question du nucléaire ?

Baptiste Lambert

Vous la sentez venir, cette fin de législature ? Sur la question du nucléaire, la solidarité au sein de la majorité est en train de se déliter. Avec un exemple édifiant, hier, en commission Énergie. Qui annonce la couleur.

Pour prolonger de dix ans les deux plus jeunes réacteurs nucléaires, Tihange 3 et Doel 4, il est impératif de modifier ou d’abroger la loi sur la sortie du nucléaire, qui date de 2003.

L’initiative devait venir de la ministre de l’Énergie, Tinne Van der Straeten (Groen). Mais voilà des mois que les députés de la commission Énergie de la Chambre ne voient rien arriver. “Nous ne pouvons pas continuer à attendre le projet de la ministre Van der Straeten”, a estimé Marie-Christine Marghem (MR), qui a fait du nucléaire son combat. “Nous sommes à la fin de la législature, et nous n’avons rien. Cela devient intenable”, a précisé la députée, interrogée par Belga.

Le député de la N-VA, Bert Wollants, est venu, pour la 11e fois, avec une proposition visant à modifier la loi. Ne voyant rien arriver, trois partis de la majorité ont lâché les verts et ont voté pour que la proposition soit envoyée au Conseil d’État pour avis. Il s’agit de l’Open Vld, du MR et du PS. Le CD&V s’est abstenu.

Un projet de loi ignoré

Pourtant, la ministre a déposé son projet à la Chambre, “et cela a été validé par le Conseil des ministres la semaine dernière”, nous précise le cabinet de Tinne Van Der Straeten. Jeudi, l’assemblée plénière décidera si ce projet pourra être traité en urgence, pour ensuite être inscrit à l’ordre du jour de la commission Énergie le 12 mars.

Mais il reste à voir si les partis de la majorité voteront en faveur de ce texte. Marghem a déjà indiqué que le projet de la ministre parlait à peine des nouveaux réacteurs nucléaires SMR, pour lesquels la Vivaldi a libéré une enveloppe de 100 millions d’euros. En outre, le projet évoque uniquement la prolongation de Doel 4 et Tihange 3 pour dix ans, ce qui ne laisserait aucune marge de manœuvre pour étendre la prolongation ou l’élargir.

Un agenda opposé ?

Signe du malaise ambiant au sein de la majorité, un double évènement sera mis en concurrence le même jour sur la question du nucléaire. En effet, le 21 mars, dans le cadre de la présidence belge de l’UE, Alexander De Croo accueillera le premier “Sommet sur l’énergie nucléaire”, en compagnie l’Agence internationale de l’énergie atomique, à Bruxelles, sur le site du Heysel, près de l’Atomium.

Mais à quelques mètres de là, au Stade Roi Baudouin, les Verts participeront à un évènement parallèle, en opposition totale au premier : “Pourquoi le nucléaire ne sauvera pas le climat”, organisé entre autres par Greenpeace et Climate Action Network. Tinne Van Der Straeten en serait la principale conférencière, entend-on, au sein de la Vivaldi. L’un des sujets traités : “Le coût élevé de la prolongation de Doel 4 et Tihange 3.”

La ministre réserve sa présence et n’a pas encore décidé“, tempère-t-on, dans l’entourage de la ministre, “que ce soit pour l’un ou l’autre sommet”.

Forcément, à l’issue de “son” sommet, Alexander De Croo voudra s’assurer qu’une communication triomphale puisse aboutir sur le nucléaire. Dans la tête du Premier ministre, il est clair que les deux plus jeunes réacteurs doivent être prolongés au-delà de 10 ans. Il nourrit également de grands espoirs pour les réacteurs SMR. Ces questions reviendront forcément à l’agenda du prochain gouvernement, avec ou sans les Verts.

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