Frappes russes sur l’Ukraine: “Une guerre de l’énergie qui peut faire grimper les prix”

© Getty

Loin d’être anodines, les attaques russes sur les installations énergétiques ukrainiennes pourraient entraîner une hausse spectaculaire du prix de l’énergie en Europe.

La Russie continue de mettre à mal les installations énergétiques ukrainiennes avec des attaques autant intenses que ciblées. Ainsi, jeudi dernier, c’est la plus grande centrale électrique ukrainienne près de Kiev qui a été démolie. La raison ? Les systèmes antiaériens ukrainiens ont été déplacés vers la ligne de front de quoi laisser le champ libre aux drones russes.

Selon Andriy Kobolyev, ex-patron de Naftogaz (la société pétrolière d’État ukrainienne), “une guerre de l’énergie est en cours”. Et le pilonnage actuel des infrastructures énergétiques ukrainiennes ne sera pas sans conséquence pour le reste de l’Europe. “La Russie tente de mener une guerre de l’énergie mondiale et l’Ukraine fait partie de cette guerre, et si les marchés estiment que la Russie est en train de remporter cette guerre, les conséquences seront très sérieuses. Vous verrez une flambée des prix à travers le monde” avertit-il dans une interview au quotidien The Guardian.

L’impact des attaques russes sur les prix de l’énergie serait double. Le premier est une augmentation potentielle de la demande ukrainienne de gaz et d’électricité en Europe. Le second est des marchés qui s’emballent à la probabilité que Vladimir Poutine remporte la guerre en Ukraine. “Si les marchés de l’énergie européens commencent à croire que les Russes remportent cette guerre, cela aura un effet négatif dramatique sur les prix de l’énergie”.

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Un troisième effet peut être une pénurie de gaz naturel. Car bien que pour l’approvisionnement en gaz, l’Europe est nettement moins vulnérable qu’au début du conflit, une frappe contre les stocks de gaz naturels en Ukraine peut potentiellement être rapidement problématique. Malgré la guerre, le pays possède encore les plus grands réservoirs de l’Union européenne. Beaucoup d’entreprises y ont donc stocké le gaz qu’elles n’arrivaient pas à stocker chez elles. Ces réserves se trouveraient dans des sous-sols à «l’ouest du pays ». En 2023, elles contenaient plus de « deux milliards de mètres cubes de gaz» européen. Or ces réserves sont toujours utilisées par les traders de gaz européens. Et si ces installations tombaient sous la coupe des Russes ou se retrouvaient même partiellement détruites, cela tendrait de facto le marché.

On notera cependant que le personnage de Kobolyev n’est pas exempt de quelques zones d’ombres. Il est en effet accusé d’être corrompu puisqu’il se serait accordé une prime qui dépassait le maximum légal autorisé pour un employé d’entreprise d’État. Il aurait reçu 10 millions de dollars en 2018 et 12 millions de dollars supplémentaires en 2021 pour avoir trompé le conseil de Naftogaz et facilité un deal avec Gazprom. Il est aujourd’hui dans l’attente de son procès.

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La réalité peut être mouvante

Pour l’instant, l’étendue exacte des dégâts causés par les attaques russes reste floue (et surtout classée secret défense). Mais la situation serait nettement plus critique qu’il y a un an, puisque les attaques sont beaucoup plus ciblées et visiblement le fruit d’une stratégie sur le long terme. Ce qui fait dire à certains analystes que si l’on annonce la fin de la crise énergétique, la réalité montre tout autre chose.

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Cette réalité à deux vitesses se constate aussi dans les prix plafonnés du pétrole russe. Sur le terrain on ne peut que constater que ce plafond est actuellement aussi poreux qu’une passoire. L’impact des sanctions est fortement sapé par une flotte fantôme russe de pétroliers et des contrôles trop laxistes. Le prix du pétrole russe dépasse aujourd’hui largement les 60 dollars le baril. Il se vendait la semaine passée aux alentours de 75 dollars, voire 84 dollars le baril. Le pétrole venu de l’Oural est même vendu à 88 dollars le baril à l’Inde. Un pays qui le raffine avant de le revendre, à des prix plus élevés, à l’Occident. Ce sont donc des dizaines de milliards de dollars de revenus pétroliers qui continuent d’affluer par une porte détournée vers le Kremlin.

Une situation qui ne risque pas de s’améliorer avec la montée en puissance de la fièvre électorale américaine. Les prix du pétrole ont tellement augmenté dans le monde entier que le président américain Biden commence à être nerveux. Il veut à tout prix éviter que le prix des carburants ne grimpe encore en cette année électorale. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre son récent appel à l’Ukraine d’arrêter les attaques de drones contre les raffineries de pétrole russes. Une sortie dont l’ironie n’aura probablement pas échappé à Poutine.

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