Le prix du gaz en forte baisse: quelles en sont les principales raisons?

Illustration © Gety

Le prix du gaz en Europe est passé cette semaine sous la barre des 100 euros par mégawattheure. C’est la plus forte diminution en 6 mois de temps. Quelles en sont les principales raisons ?

Le prix du gaz est en chute libre. Son cours a chuté pour la quatrième journée consécutive cette semaine. Ce mercredi, le prix du contrat TTF (Title Transfer Facility) néerlandais à un mois, référence en la matière, est passé sous la barre des 100 euros du mégawattheure. A environ 97 euros du mégawattheure, le cours est retombé à son plus bas niveau de clôture depuis la mi-juin, soit il y a plus de six mois.

La tendance est à la baisse depuis un certain temps. En août, le prix du gaz – en raison d’un manque d’approvisionnement ainsi que de la guerre en Ukraine – avait enregistré un pic de 350 euros par mégawattheure, un record. Il y a deux ans, le prix du gaz tournait autour de… 25 euros maximum.

Cette chute s’explique de différentes manières et notamment par la remontée des températures dans une grande partie de l’Europe, réduisant la demande. L’annonce de l’accord européen sur le plafonnement des prix a aussi eu son petit effet.

Le prix du gaz baisse, et cela malgré l’explosion mardi du gazoduc Urengoy-Pomary-Uzhhorod en Ukraine. Cette perturbation inattendue, qui a brièvement entraîné une hausse des prix de 7 % mardi, n’a en effet pas affecté les livraisons de gaz aux grands clients tels que les compagnies d’électricité. Les pipelines parallèles ont pu absorber le travail. Résultat : les prix du gaz ont encore baissé.

Les informations faisant état de nouvelles destructions par les Russes de centrales électriques en Ukraine et d’un éventuel nouveau front de guerre des troupes russes à travers la Biélorussie n’ont pas non plus fait remonter les prix. Les stockages de gaz en Europe sont encore remplis à 83%, rapporte le journal flamand Het Nieuwsblad.

+36 % sur la facture

La Creg (Commission de régulation de l’électricité et du gaz) a établi que la facture annuelle moyenne de gaz en Belgique pour les clients résidentiels serait de 2.815 euros pour les contrats souscrits en novembre 2022, soit une forte baisse par rapport au 3.564 euros du mois précédent, mais toujours une hausse de 36% sur un an.

Un temps plus doux

Selon l’analyste Tom Marzec-Manser, consultant chez ICIS à Londres interrogé par le quotidien flamand, l’Europe bénéficie pour le moment d’un temps plus clément et d’une diminution du nombre de consommateurs et d’entreprises qui s’alimentent en gaz, ce qui signifie donc une diminution de la consommation de gaz dans les centrales électriques.

La consommation de gaz naturel au sein de l’Union européenne a ainsi reculé de 20% entre les mois d’août et de novembre, par rapport à la moyenne mesurée sur la même période entre 2017 et 2021, selon des données communiquées par Eurostat. L’ampleur de cette baisse n’est pas identique dans tous les États membres. La Belgique se situe légèrement en deçà de la moyenne européenne, à -17%, alors que nos voisins néerlandais ont réduit cette consommation de gaz de 33% sur la même période.

La baisse des prix du gaz européen peut également être attribuée à l’accumulation de réserves de GNL (gaz naturel liquéfié) dans les terminaux méthaniers du continent. Le marché compte sur une offre suffisante pour l’instant, alors que les craintes d’une relance chinoise et d’une plus grande demande de gaz ne se reflètent pas dans les prix.

Prix plafond

Par ailleurs, l’Europe s’est aussi enfin accordée sur un plafonnement du prix du gaz en début de semaine. Les différents Etats membres ont convenu d’achats groupés, avec un prix plafond pour le gaz ordinaire, qui ne dépasse pas 180 euros par mégawattheure.

Cependant, les analystes appellent à la prudence. De nouvelles tensions sur le marché pourraient apparaître si les différents facteurs positifs des derniers jours, particulièrement volatils, venaient à être perturbés pour l’une ou l’autre raison.

Des craintes pour l’hiver prochain

L’Europe craint maintenant surtout l’hiver prochain. Actuellement, l’UE s’approvisionne toujours en gaz auprès de la Russie via l’Ukraine. Pour l’année prochaine, l’Europe voudrait couper complètement cet approvisionnement. Cette année, le russe Gazprom a fermé à son tour le gazoduc Nord Stream via l’Allemagne, qui a ensuite été frappée par une mystérieuse explosion et est inutilisable depuis.

Dans sa stratégie de réduction de dépendance aux énergies fossiles russes, l’Union européenne a fixé comme objectif à ses États membres de réduire de 15% la consommation de gaz entre août 2022 et mars 2023, par rapport à la moyenne mesurée sur la même période, durant les cinq années précédentes. Selon le compilateur de données Bloomberg, l’Europe absorbe plus de 50 milliards de mètres cubes de gaz en moins cette année, soit la plus forte baisse jamais mesurée.

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