Est-ce encore intéressant de partager son énergie solaire ?

Panneaux solaires © Getty Images

Au lieu de revendre son énergie sur le réseau ou de la perdre, les propriétaires peuvent donner ou vendre l’énergie à leurs voisins. Un win-win pour les particuliers et pour la transition énergétique. Mais les frais demandés par les fournisseurs explosent, ce qui pourrait fortement entraver le partage d’énergie.

Quand on a des panneaux solaires, il se peut qu’on “perde” l’énergie produite. Lorsqu’on n’est pas chez soi en journée par exemple, ou lorsqu’on part en vacances… Cette énergie n’est pas consommée. Or, il est possible de charger une batterie pour sauvegarder cette énergie, ou de la revendre sur le réseau. Mais on peut aussi la partager.

Comment est-ce que cela fonctionne ? Lorsque les panneaux produisent plus que ce que les propriétaires consomment, il est possible de partager cette énergie avec d’autres utilisateurs. Ils doivent idéalement habiter à proximité, voire dans le même immeuble (obligatoire en Wallonie, par exemple). Les propriétaires peuvent donner cette énergie aux autres ou la revendre. Les consommateurs profitent ainsi de prix moins élevés, pour l’énergie en tant que telle et pour les frais de transport du réseau.

Ce n’est pas la même chose que les compteurs qui tournent à l’envers, et qui permettent de revendre son énergie solaire sur le réseau. Il s’agit plus d’un échange direct avec les consommateurs. Cela peut s’organiser via les compagnies énergétiques ou entre propriétaires-producteurs et consommateurs même.

Les frais explosent

De l’énergie verte qui n’est pas perdue, des coûts moins élevés à l’heure où la crise énergétique est encore dans tous les esprits : le partage d’énergie semble être une solution gagnante pour les propriétaires, les consommateurs et la transition énergétique. Mais il y a un hic. Les frais facturés par les compagnies énergétiques explosent, montre une étude de TestAchats publiée ce lundi. Résultat : les propriétaires gagneront moins ou devront augmenter leurs prix et les consommateurs devront payer plus cher.

Chez Luminus, le coût annuel est passé de 50 euros en 2022 à 150, dernièrement. Frank Energie et Mega demandent la même somme, la plus élevée du marché. Chez Engie, le coût est passé de gratuit à 121 euros, en décembre. D’autres ne demandent pas de forfait annuel mais facturent au kWh partagé, ou au nombre de jours pendant lesquels on a partagé son énergie. Ce coût est donc à déduire des gains, pour les propriétaires, et à ajouter à la consommation pour les clients. Plus que quelques fournisseurs proposent le service gratuitement : Bolt, Energie.be, Total Energies et Trevion.

Et ces frais ne sont surtout pas très transparents, selon l’association de défense des consommateurs : “Selon les fournisseurs, cette redevance sert à couvrir les coûts supplémentaires liés au partage de l’énergie, comme le traitement des volumes partagés et l’établissement de la facture rectificative. Un processus qui doit apparemment être effectué manuellement. La région bruxelloise prouve toutefois qu’un tel traitement fastidieux n’est pas nécessaire: c’est le gestionnaire de réseau Sibelga qui se charge du calcul des volumes partagés.”

“Entraver la transition”

“Cela rend immédiatement le partage de l’énergie solaire beaucoup moins intéressant, alors qu’il s’agit d’une solution durable et sociale”, regrette encore TestAchats. Et d’ajouter : “Il est bien sûr inacceptable que le rôle actif du consommateur soit entravé par des coûts élevés qui annulent complètement l’avantage du partage d’énergie. D’autant plus que les consommateurs partagent souvent leur électricité dans une perspective sociale plutôt que pour un gain financier. En tant que partageur d’énergie, pourquoi donneriez-vous votre électricité gratuitement à votre voisin si votre fournisseur d’énergie vous présente une facture de 150 euros par an pour le faire ?”

Pour l’association, ces frais élevés mettraient donc des bâtons dans les roues de la transition énergétique, alors qu’elle est nécessaire pour se défaire des combustibles fossiles. Les compagnies énergétiques, mais aussi les pouvoirs publics, devraient plutôt encourager le partage d’énergie, souligne TestAchats.

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