Comment l’UE (et la Belgique) veut tirer le meilleur parti de l’hydrogène

Jacques Vandermeiren, CEO du Port d'Anvers, Alexander De Croo, Premier ministre, Hage Geingob, président de la Namibie, Alexander Saverys, CEO de CMB et Tinne Van der Straeten, ministre de l'Énergie, posent sur un bateau lors d'une visite du Port d'Anvers et de la station-service d'hydrogène, le 16 février 2022. © Getty images

La course aux carburants verts fait rage. L’UE  veut encourager les investissements tandis que la Belgique semble avoir pris la pôle position.

La production et la consommation d’énergie reste un défi incontournable pour l’ensemble des pays européens. L’énergie est en effet responsable d’une grande partie des gaz à effet de serre émis par l’Union européenne. Inutile de préciser aussi que notre dépendance aux importations, principalement le pétrole et le gaz, est un problème majeur, malheureusement illustré par la guerre en Ukraine.

Voilà donc trois ans que les institutions européennes travaillent sur une stratégie de l’hydrogène pour accélérer le développement de l’hydrogène et assurer son rôle “comme pilier d’un système énergétique climatiquement neutre d’ici 2050” (c’est-à-dire une balance parfaite entre le CO2 capté et celui rejeté).

Entre temps, il a notamment été spécifié que seul comptait l’hydrogène vert (ou propre) produit à partir de sources renouvelables – c’est-à-dire utilisant de l’électricité provenant de l’énergie éolienne, solaire et hydroélectrique et n’émettant aucun gaz à effet de serre pendant sa production. Précision important quand on sait qu’actuellement, la quasi-totalité de l’hydrogène (95%) est produit à partir de combustibles fossiles, qui libèrent 70 à 100 millions de tonnes de CO2 chaque année.

Aujourd’hui, l’UE admet que l’hydrogène ne joue qu’un rôle mineur dans l’approvisionnement énergétique global (2% de son mix énergétique), mais espère le voir se développer dans les transports, le chauffage et l’industrie, ainsi qu’en stockage d’énergie inter-saisonnier. Selon des recherches, l’hydrogène pourrait représenter jusqu’à 20% du mix énergétique européen en 2050, couvrant potentiellement de 20 à 50% de la demande énergétique dans les transports et 5 à 20% dans l’industrie.

La Belgique au cœur d’un marché européen en expansion

Les leaders européens planchent donc sur des récompenses pour encourager la demande, créer un marché européen de l’hydrogène et déployer rapidement des infrastructures. Afin d’assurer une concurrence équitable, ils envisagent de mettre en place une certification de toutes les importations d’hydrogène de la même manière que l’hydrogène produit dans l’UE, y compris la production et le transport pour éviter les fuites de carbone. Et enfin, les parlementaires européennes souhaitent évaluer la possibilité de réutiliser les gazoducs existants pour le transport et le stockage souterrain de l’hydrogène. 

Pour convaincre les consommateurs, les législateurs européens travaillent sur un système de certification pour les gaz à faible émission de carbone qui garantirait que ceux-ci puissent changer de fournisseur plus facilement, et choisir des gaz renouvelables et à faible émission de carbone plutôt que des combustibles fossiles.

L’objectif est d’augmenter la production d’hydrogène renouvelable à 20 mégatonnes/an d’ici 2030. Au niveau des transports, il s’agit surtout d’accélérer le déploiement de stations de recharge et de ravitaillement alternatif. En 2021, l’UE comptait 136 points de ravitaillement en hydrogène. Les nouvelles règles prévoient la mise en place de stations de ravitaillement au moins tous les 200 km sur les routes principales de l’UE d’ici 2031.

Et la Belgique compte bien tirer parti de cette ambition commune. Le but ? Devenir une plaque tournante de l’hydrogène vert en Europe en terme d’importation et de production.

Et les ports sont au coeur de ce plan, tenant une place importante dans le commerce mondial, mais ayant aussi de facto une empreinte carbone considérable. Celui d’Anvers-Bruges, l’un des plus grands d’Europe, est responsable d’environ 10% des émissions de CO2 en Belgique. D’où son ambition affichée depuis plusieurs années de se verdire : à l’avenir, le port entend devenir une plaque tournante internationale pour l’hydrogène vert. Il s’agira entre autres de rendre tous les déplacements sur et vers le port décarbonés grâce aux carburants alternatifs. A termes, l’idée est de produire, transporter et stocker l’hydrogène vert.

Enfin, une enveloppe de 30 millions d’euros de fonds européens issus du plan de relance du gouvernement a été partagée entre six projets belges relatif à l’hydrogène, confirmant la volonté de l’UE de faire de la Belgique un point stratégique de ce marché.

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