Quelles alternatives aux PFAS, ces substances chimiques nocives pour la santé?
Les PFAS sont actuellement sous le feu des projecteurs suite à un reportage d’investigation de la RTBF diffusé la semaine dernière. Il révèle qu’une concentration jusqu’à cinq fois supérieures de ces substances chimiques a été constatée dans l’eau distribuée par la SWE dans une douzaine de localités du Hainaut. Quels sont ces composés chimiques et existent-ils des alternatives plus sûres pour la santé ?
Selon les analyses de la Société wallonne des eaux (SWDE), les concentrations de PFAS dans l’eau potable de la commune de Chièvres dans le Hainaut ont atteint un maximum de 282 nanogrammes par litre (ng/L) entre octobre 2021 et mars 2023. Ces concentrations sont bien supérieures à la norme européenne qui entrera en vigueur en 2026, fixée à 100 ng/L, selon les révélations du magazine Investigation de nos confrères de la RTBF. De quoi faire souffler un vent de panique sur les consommateurs d’eau du robinet en Belgique.
Les PFAS – ou substances per- et polyfluoroalkylées – sont une classe de composés chimiques. Ces substances sont omniprésentes dans notre environnement via la nourriture, l’eau potable,… Elles sont largement utilisées dans de nombreux produits de consommation en raison de leurs propriétés hydrofuges, antiadhésives et résistantes à la chaleur. On les retrouve dans les ustensiles de cuisine (les poêles en Téflon), les emballages alimentaires des fast-foods ou des pizzerias, les textiles imperméables, les mousses d’extinction d’incendie, les produits de nettoyage (imperméabilisant), les produits cosmétiques (fond de teint, rouge à lèvres). Certains produits électroniques, tels que les téléphones portables, les ordinateurs et les appareils électroniques, peuvent aussi avoir des revêtements contenant des PFAS.
Aux Etats-Unis, au moins 45% de l’eau des robinets est contaminée de ces susbtances, selon une vaste étude d’une agence gouvernementale américaine, qui pointe vers des contaminations encore plus élevées dans les zones urbaines.
Des défis importants sur le plan environnemental et de la santé publique
Ces substances sont réputées pour leurs propriétés uniques de résistance à l’eau, à l’huile et aux graisses, mais elles sont également persistantes dans l’environnement. Ce n’est pas pour rien qu’on les surnomme d’ailleurs “polluants éternels”. Certains PFAS soulèvent des préoccupations en matière de santé publique en raison de leurs effets potentiels sur la santé, notamment des problèmes de développement, des troubles du système immunitaire, ou le développement de cancers.
La gestion et la réglementation des PFAS posent des défis importants sur le plan environnemental et de la santé publique. En réponse, de nombreux fabricants cherchent des alternatives plus sûres. Le marché des matériaux exempts de PFAS et dotés des mêmes propriétés exceptionnelles devrait se développer dans le futur, mais il s’agit d‘un processus qui prendra des années. Le remplacement complet des PFAS peut en effet être complexe dans certaines applications en raison des propriétés uniques de ces substances. Le défi des fabricants sera aussi de trouver des alternatives durables et abordables.
Quelles alternatives ?
Par exemple, pour les revêtements antiadhésifs, on privilégiera des revêtements en céramique, en acier inoxydable, et d’autres matériaux non fluorés comme alternatives aux revêtements antiadhésifs à base de PFAS. Dans l’industrie alimentaire, certains emballages utilisent des alternatives non fluorées, comme des matériaux compostables ou des revêtements à base de cire naturelle. Des textiles imperméables sans PFAS peuvent être créés en utilisant des technologies de revêtement alternatives, telles que les textiles traités avec des cires naturelles ou des silicones. Des mousses d’extinction d’incendie sans PFAS sont en cours de développement, avec des alternatives à base de protéines, d’amidon et d’autres composants. Certains produits de nettoyage utilisent des formulations sans PFAS, privilégiant des ingrédients plus écologiques. Certains fabricants de cosmétiques cherchent, eux aussi, à éliminer les PFAS de leurs produits en utilisant des alternatives plus sûres, bien que cela puisse encore être un défi dans certaines formulations.
Des réglementations européennes contre les polluants
Les réglementations concernant les PFAS varient d’un pays à l’autre. Elles évoluent au fil du temps. L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) en Europe, surveille activement ces développements pour informer la réglementation et les recommandations de gestion des risques.
En 2020, la Commission européenne a publié une stratégie européenne vers un environnement exempt de substances toxiques. La stratégie propose des actions pour évaluer les risques, collecter des informations, et réglementer les PFAS dans divers secteurs. Pour les produits de consommation, une proposition de restriction des PFAS dans le cadre du règlement REACH (Enregistrement, Évaluation, Autorisation et Restriction des produits Chimiques), est en cours d’examen par la Commission. Cette proposition vise à interdire ou à restreindre la fabrication, l’importation, l’exportation et l’utilisation de certains PFAS dans une large gamme de produits de consommation, notamment les textiles, les emballages alimentaires, les produits de construction, les produits électroniques et les produits d’hygiène.
Des normes plus strictes pour l’eau en Wallonie
L’UE fixe également des normes de qualité pour l’eau potable. Certains PFAS, peuvent être inclus dans ces normes, renseigne le site de la Commission. La réglementation devrait entrer en application à l’horizon 2026.
Notons encore que sur proposition de la Ministre de l’Environnement, Céline Tellier, le Gouvernement wallon a adopté de nouvelles règles plus strictes pour protéger la santé humaine de la contamination des eaux destinées à la consommation, à travers un décret. La Wallonie souhaite de la sorte aller plus loin que la transposition de la directive européenne, en ajoutant notamment des normes spécifiques relatives à certains perturbateurs endocriniens et en anticipant le monitoring de substances chimiques préoccupantes dans l’eau de distribution. Le décret a été officiellement voté le 19 avril dernier par le Parlement de Wallonie en séance plénière.
La législation sur les normes PFAS en Europe (à partir du 1er janvier 2023):
Dans l’eau potable, la directive 2020/2184/UE fixe deux types de seuils à ne pas dépasser:
· 0,10 μg/L pour la somme de 20 PFAS ;
· 0,50 μg/L pour la totalité des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS total).
Dans les denrées alimentaires, le règlement (UE) 2022/2388 fixe des teneurs maximales pour certaines denrées alimentaires à compter du 1er janvier 2023. Ces teneurs sont les suivantes :
· 0,1 μg/kg pour la somme de 20 PFAS dans les viandes, les poissons et les œufs ;
· 0,05 μg/kg pour le PFOA et ses sels dans les viandes, les poissons et les œufs ;
· 0,01 μg/kg pour le PFOA et ses sels dans le lait et les produits laitiers.
(Source: EUROFINS)
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