La réélection de Trump, mauvaise nouvelle pour le climat

La réélection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde après la Chine, ne marque pas un pas un avant dans la lutte contre le réchauffement climatique, loin s’en faut.

L’homme d’affaires républicain a en effet laissé entendre qu’en cas d’élection, il ferait sortir les Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat, comme il l’avait déjà fait lors de son premier mandat. Son successeur, le démocrate Joe Biden, s’était ensuite empressé d’y faire revenir les USA dès sa réélection. L’élection d’un Donald Trump ouvertement climato-sceptique en novembre 2016, en pleine COP22 à Marrakech, avait d’ailleurs fait l’effet d’une douche froide parmi les participants au sommet sur le climat, encore euphoriques de l’adoption de l’accord de Paris et de son entrée en vigueur ultra-rapide.

En vertu de l’accord de Paris, les Etats-Unis, à l’instar des autres pays parties au traité, doivent en principe remettre des engagements (contribution déterminée au niveau national, CDN ou “NDC” dans le jargon des négociations) actualisés et revus à la hausse en 2025. Ces NDC, renouvelées tous les cinq ans, correspondent aux engagements pris par chaque Etat pour lutter contre le réchauffement climatique et atteindre l’objectif de limiter la hausse du mercure bien en-deça de +2°C et si possible à +1,5°C.

L’actuelle CDN états-unienne prévoit une réduction de moitié (50-52%) des émissions de gaz à effet de serre de la première puissance mondiale d’ici 2030 par rapport à 2005. Il est peu probable que le 47e président des Etats-Unis consente à des efforts accrus dans la prochaine CDN américaine. De même, le financement climatique américain pour les pays en développement, déjà jugé insuffisant par d’aucuns au regard de la responsabilité historique du pays dans le réchauffement climatique mondial, risque d’être fortement raboté par la nouvelle administration “Maga”.

Miser sur les énergies fossiles

Donald Trump a aussi promis, lors de sa dernière campagne électorale, de revenir sur certaines législations nationales en faveur du climat et de miser un maximum sur les énergies fossiles afin de réduire l’inflation et les coûts énergétiques. “We will drill, baby, drill”, a-t-il martelé à plusieurs reprises lors de ses meetings, en référence à son souhait de forer à tout-va pour exploiter les importantes ressources américaines de pétrole et de gaz.

Pour autant, divers analystes des politiques climatiques estiment que le retour de Trump à la Maison Blanche n’est pas de nature à remettre en cause l’accord de Paris sur le climat ni la transition en cours vers une économie décarbonée. Mais sans doute la freinera-t-elle. “L’élection américaine est un revers pour l’action climatique mondiale”, reconnaît ainsi la diplomate française Laurence Tubiana qui est à la tête de la Fondation européenne pour le climat, “mais l’accord de Paris a prouvé sa résilience et est plus fort que n’importe quelles politiques nationales. Le contexte aujourd’hui est très différent de celui de 2016”, estime-t-elle. Si Donald Trump s’apprête à disposer de pratiquement tous les leviers politiques au niveau fédéral, avec un Congrès et une Cour suprême acquis à sa cause, sa réélection n’empêchera pas les dynamiques régionales et locales de se poursuivre au pays de l’Oncle Sam, à l’instar de ce qui s’était passé lors de son premier mandat.

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