La Nature Tech, un secteur en pleine croissance qui séduit les marchés

La Nature Tech, soit les technologies qui sont “bonnes” pour la nature, connaît une croissance sans précédent et attire de plus en plus les investisseurs. Pas moins de 7.5 milliards de dollars ont ainsi été investis dans ce secteur ces 5 dernières années.

La Nature Tech est la petite sœur de la Climate Tech. Si la Climate Tech se concentre principalement sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’atténuation des effets du changement climatique, la Nature Tech elle s’attaque à un plus large éventail de problèmes environnementaux comme la destruction des habitats, la sécurité alimentaire, la pollution de l’eau, la dégradation des sols, la déforestation ou encore la disparition d’espèces. On peut ainsi décrire la Nature Tech comme un vaste ensemble de technologies qui peuvent accélérer et intensifier la mise en œuvre de solutions fondées sur la nature (NbS en anglais). Pour rappel, les solutions fondées sur la Nature sont des actions qui s’appuient sur les écosystèmes pour relever les défis que posent les changements globaux à l’œuvre dans le monde. Les solutions fondées sur la Nature visent donc aussi à protéger, améliorer, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou semi-naturels. Tout cela en assurant le bien-être des populations. Cela peut donc aller à de la protection des biomes critiques comme l’Amazonie, en passant par plus d’espace vert en ville ou encore une diversification des cultures.

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Un secteur à part entière

Et si le secteur des Climate Tech valait 41 milliards de dollars en 2022, la Nature Tech pourrait bien lui emboîter le pas d’ici quelques années, selon le dernier rapport de Nature4Climate. Intitulé « The state of nature tech : Building confidence in a growing market » (L’état des technologies de la nature : renforcer la confiance dans un marché en pleine croissance), il met en lumière les principales tendances de ce secteur et son indéniable évolution.  « La Naturetech ne peut plus être considérée comme un sous-secteur ou une verticale de la Climatetech » selon Xavier Lorphelin, l’un des co-fondateurs de Serena (un fonds de capital-risque) et co-auteur de l’étude dans Maddyness. « Elle émerge désormais en tant que catégorie d’investissement à part entière ».

On a tendance à l’oublier, mais il y a 10 ans, la Climatetech ne pesait pas grand-chose, soit à peine quelques centaines de millions de dollars. Le secteur a donc grossi très vite. Une croissance explosive que pourrait bien imiter la Nature Tech. Surtout si elle est poussée par des enjeux économiques pressants et un cadre réglementaire de plus en plus strict. Sa croissance pourrait même être encore plus rapide que celle de sa grande sœur puisque le terrain a été débroussaillé par les Climate Tech.

Une progression de 130%

Ainsi les opérations de financement (de l’amorçage à la Série B) ont progressé de 130 % entre 2020 et 2022 et les tailles moyennes des tours ont augmenté de 70%, démontrant la maturité croissante de l’industrie de la Nature Tech. Ce sont les start-up se focalisant sur l’alimentation et l’agriculture regénérative (comprenant notamment les biofertilisants, la surveillance de la santé des sols, la gestion durable des nuisibles et du bétail) qui ont principalement bénéficié de la vague. À elles seules elles ont obtenu 71 % du total accumulé au cours des cinq dernières années, soit 5,31 milliards de dollars entre 2018 et 2022. La deuxième sous-section la plus attrayante pour les investisseurs est celle des technologies dites des MRV pour Measurement, Reporting et Verification. En chiffrant et mesurant l’impact, ces start-up jouent un rôle clé pour l’évolution du secteur en garantissant la confiance des développeurs de projets, des investisseurs et des institutions financières. Il a augmenté de + 155 % et récolté 1,23 milliard de dollars en cinq ans. Les secteurs de la préservation des océans et de la gestion de l’eau semblent aussi sortir leur épingle du jeu. Ces deux sous-sections qui font partie de la «Blue economy » ont  récolté respectivement 312 millions de dollars et 145 millions en 5 ans.

Surtout aux USA

Fait notable, la plupart des deals ont lieu aux USA. On en dénombre 303 entre 2018 et 2022, pour 185 pour toute l’Europe et seulement 83 pour l’Asie. Sur cette même période, les investissements s’élèvent à 5,8 milliards de dollars pour les USA contre seulement 680 millions de dollars pour l’Europe et 400 millions pour l’Asie. Toujours selon Xavier Lorphelin, mais cette fois dans Les Echos, «une partie importante des capitaux investis dans la Naturetech depuis cinq ans vient des investissements américains dans l’agriculture régénératrice. Ce sont aussi des investissements plus conséquents en termes de taille, qui peuvent fausser la lecture ».  Il précise ainsi que beaucoup de Start-Up émergent en Europe, en particulier sur les MRV.

Enfin, selon le rapport Nature4Climate, alors que le marché global du capital-risque a diminué de 50% entre 2021 et 2022, la Nature Tech a été relativement épargnée et n’a chuté que de 35 %. Les investissements annuels en capital-risque dans les startups de la Nature Tech est ainsi passé 2,39 milliards de dollars à 1,5 milliard de dollars en 2022.  Une bonne nouvelle pour la planète puisque si, selon Xavier Lorphelin, la Nature Tech ne peut pas résoudre à elle seule la crise de la biodiversité, elle peut donner un élan positif au monde. C’est en effet en créant des entreprises mondiales décarbonées et respectueuses de la nature, mais aussi en bousculant les acteurs historiques que l’on pourra faire bouger les lignes.

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