L’Europe, place forte des cryptomonnaies

L’Europe représente une part significative du marché des cryptomonnaies. Et pourrait l’être davantage encore à l’avenir, car le Vieux continent commence à se distinguer comme une place du secteur de la crypto et de la finance décentralisée.

Les investisseurs européens sont devenus une force de premier plan dans le monde des cryptomonnaies, et leur ferveur devrait se maintenir cette année et au-delà”, lance l’entreprise financière CME Group, qui s’exprime dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal.

Elle souligne, en se basant sur les données de Chainanalysis, que l’Europe est ainsi le deuxième marché le plus important du monde. 17,7% du volume des transactions, entre juillet 2022 et juin 2023, a eu lieu en Europe occidentale, centrale et du Nord. Seuls les Etats-Unis font (un peu) mieux, mais l’Europe est bien devant l’Asie – malgré des villes comme Hong Kong et Singapour qui souvent décrites comme crypto-friendly et qui accueillent de nombreux acteurs du secteur, par exemple.

L’euro est la deuxième devise la plus utilisée sur le marché de cryptomonnaies au comptant, derrière le dollar. Ce marché est labellisé en dollars. Il est donc plus “cher” pour les investisseurs européens, comme l’euro a perdu en valeur face au dollar. Mais cela ne refroidit visiblement pas les investisseurs et les acteurs européens.

Cette “ferveur” se fait d’ailleurs aussi remarquer en Belgique. Selon le dernier baromètre des investisseurs d’ING, trois investisseurs belges sur dix ont déjà investi dans les cryptomonnaies. Chez les plus jeunes (-35 ans), la part passe même à 58%. Et ils restent positifs quant à ces actifs numériques : 20% des investisseurs comptent en acheter dans les six mois. Chez les jeunes, près de la moitié (45%) comptent en acheter.

Les quatre raisons derrière l’effervescence de la crypto européenne

Bref, le Vieux continent se démarque donc dans le monde de la crypto. CME note qu’il y a quatre phénomènes qui permettent d’expliquer cette tendance.

En Asie – en Chine notamment – le secteur souffre de répressions et de fermetures pures et simples. Aux Etats-Unis, il y a des “sanctions continues”. Entre les deux, c’est donc en Europe “où les marchés ont bénéficié d’une surveillance réglementaire moins intensive“, analyse CME. Ce qui peut paraître étonnant, car c’est normalement l’Europe qui est vue comme la zone géographique la plus régulatrice.

Autre élément clé : la liquidité est importante, et continue même de croitre. Cela permet de créer de la confiance pour les investisseurs, mais aussi, et surtout, pour les institutions. “Les voies d’accès fiables se sont considérablement améliorées au cours des dernières années, une poignée de plateformes d’échange européennes ont levé des fonds importants et les plateformes mondiales ont étendu leur présence en Europe”, note l’entreprise. Cela peut, en conséquence, créer un cercle vertueux.

Ensuite, il y a la finance décentralisée (DeFi) dans son ensemble, en tant que service, qui a le vent en poupe. De nombreuses institutions la voient comme une des pistes pour trouver du rendement qui permet de battre l’inflation. Le secteur serait donc appelé à croître rapidement.

Comme dernier point, CME retient encore l’avancée technologique, qui peut mener à une adoption très large de la crypto et de la DeFI. Les banques européennes ont toujours été à la pointe de la technologie, plus qu’aux Etats-Unis. La conséquence est aujourd’hui que “les institutions financières commencent à considérer la finance décentralisée non pas comme une menace, mais comme une opportunité prometteuse.”

Elles ne veulent pas rater le train et passer à côté de ce qui pourrait être l’avenir du monde financier dans son ensemble. Plus concrètement, des bourses se préparent à converger les échanges traditionnels et ceux de cryptomonnaies. Des banques étudient les possibilités offertes par les blockchains et veulent commencer à proposer l’échange de cryptomonnaies elles-mêmes. Là aussi, un cercle vertueux pourrait se mettre en place.