Sauvetage des banques : tout le travail fait depuis 2008 est-il à recommencer ?

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Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Plusieurs contrôleurs bancaires européens se sont épanchés, anonymement, dans le Financial Times, pour dire tout le mal qu’ils pensaient du sauvetage de SVB, la banque californienne des start up, par les autorités américaines.

Le nœud de leurs critiques : le fait d’avoir accepté de rembourser tous les dépôts, même au-delà du plafond légal de 250.000 dollars.

L’argument des autorités américaines pour justifier cette exception était que si elles n’avaient pas garanti l’intégralité des dépôts même au-delà de 250.000 dollars, il y aurait eu un risque de choc systémique, puisque de nombreux start up qui avaient déposé leur trop-plein de liquidités chez SVB n’auraient plus eu d’argent pour payer les fournisseurs et les salaires. Tout un écosystème très innovant aurait été rayé de la carte.

L’autre argument était de dire que finalement, ce sauvetage ne sera pas payé par le contribuable, mais par les banques qui devront renflouer le FDIC, le fonds de garantie qui va rembourser les déposants de SVB.

Ce sont les clients qui payeront

Ce dernier argument peut facilement faire froncer les sourcils : évidemment, les banques qui devront renflouer le FDIC vont augmenter les tarifs des clients, et au final, ce sont donc les clients qui payeront.
Quant au premier argument, qui consiste finalement à dire que chaque banque constitue toujours un risque systémique pour quelqu’un, il vient détruire tout ce que l’on avait essayé de construire depuis 2008. Après la grande crise financière, on avait en effet essayé de faire en sorte que chaque institution bancaire ait réfléchi à un plan de résolution ordonnée en cas de malheur. Les grands régulateurs des deux côtés de l’Atlantique avaient travaillé sur ce projet. On avait discuté des années pour faire en sorte qu’en cas de chute, ces plans sortent des cartons afin justement d’éviter que ce soient les Etats et les contribuables qui soient de nouveau, dans l’urgence, mis à contribution.

L’idée était de faire en sorte qu’avec l’aide des régulateurs, ce soient les actionnaires et les détenteurs d’obligations de la banque en difficulté qui épongent les pertes. Et, si cela ne suffit pas, que les gros déposants soient aussi mis à contribution. En Europe, une directive avait été adoptée en 2014. Les Etats-Unis avaient pris des règles similaires.

Mais aucun Etat n’a jusqu’à présent osé mettre ces plans de résolution en œuvre. Lors qu’en Italie, il y a six ans, un duo de banques régionales vénitiennes a eu des difficultés, c’est le contribuable italien qui a finalement sauvé ces banques. Et aujourd’hui, aux Etats-Unis, c’est à nouveau le « tax payer » américain qui est sollicité.

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